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Migraine : "On parle peu des prodromes et des postdromes"

À l’occasion de la journée mondiale de la douleur, ce 16 octobre, deux médecins font le point sur les symptômes et la prise en charge de cette pathologie neurologique qui reste encore peu prise au sérieux.

  • Par Geneviève Andrianaly
  • fizkes/iStock
  • 16 Oct 2023
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    "C’est la deuxième cause de handicap dans le monde. En France, la migraine affecte 12 % de la population adulte. En raison des changements hormonaux, les femmes sont deux à trois fois plus touchées que les hommes. Cette maladie neurologique se caractérise par des crises répétées se manifestant essentiellement par des maux de têtes intense", explique le Dr Jérôme Mawet, neurologue à l'Hôpital Lariboisière. Durant une conférence de presse, organisée par le laboratoire Pfizer et l’association de patients La Voix des Migraineux le 13 octobre, le spécialiste précise qu’il existe deux principaux types de crises : celles sans aura et celles avec aura. Cela signifie que la céphalée est précédée ou accompagnée de troubles neurologiques transitoires (visuels, sensitifs et moteurs).

    Migraine : "Une crise se déroule en plusieurs étapes"

    "Ces signes neurologiques, tels qu’une vision floue, des fourmillements, des difficultés à trouver ses mois ou encore une paralysie des membres d’un côté du corps, sont souvent évoqués, mais on parle peu des prodromes et des postdromes. Il faut savoir qu’une crise se déroule en plusieurs étapes", déclare le Dr Jérôme Mawet. Elle peut commencer 24 heures avant par le prodrome, à savoir une sensation de début de migraine. Durant cette période, le patient présente de la fatigue, une envie incontrôlable de manger gras, salé et sucré, un besoin fréquent d’uriner, des troubles de la concentration même pour une conversation, des pleurs ou des colères inexpliquées.

    "Pour certaines personnes migraineuses, le prodrome est suivi de l’aura. Ensuite, la céphalée, plus précisément la douleur (qui une des composantes essentielles de cette pathologie neurologique) survient. La dernière phase est le postdrome", explique le médecin. Cette étape se manifeste par une sensation d’épuisement, des courbatures et des difficultés à se concentrer. "Durant cette période, qui peut durer 24h ou 48h, un tsunami des émotions se présente. Les patients sont irritables, anxieux, dépressifs", signale Sabine Debremaeker, fondatrice et présidente de l’association La Voix des Migraineux.

    Selon le neurologue, plusieurs facteurs peuvent déclencher les crises. "On sait qu’une partie des causes est génétique. Cependant, les migraineux sont des personnes intolérantes aux changements. Ainsi, un manque de sommeil, le stress, une exposition au soleil, au bruit ou odeurs, la consommation de certains aliments ou excitants peuvent provoquer une crise", précise-t-il.

    "La prise en charge d’une personne migraineuse peut être un vrai parcours du combattant"

    Bien que la migraine soit invalidante, le Dr Jérôme Mawet et le Dr Valenton Raclot, médecin généraliste à Dijon déplore le manque de considération de cette maladie neurologique qui induit un réel manque de prise en charge. "40 % des patients n’ont jamais consulté et un tiers des malades a recours à l’automédication, ce qui peut conduire à une surconsommation d’antalgiques" et une chronicisation de l’affection, indique le praticien dijonnais.

    D’après les deux professionnels de santé, "la prise en charge d’une personne migraineuse peut être un vrai parcours du combattant, car (…) il y a un mythe d’incurabilité autour de la pathologie. Elle est souvent abordée en second plan ou en toute fin de consultation à la porte du cabinet." Pourtant, cette maladie nécessite une consultation dédiée. Selon le Dr Valenton Raclot, 90 % des adultes migraineux peuvent être pris en charge par un médecin généraliste, 9 % par un neurologue et 1 % par des centres spécialisées (par exemple ceux de la douleur).

    Migraine : le Vydura, un nouveau traitement "efficace" mais "onéreux"

    Pour rappel, il existe actuellement un traitement de crise, à savoir des anti-inflammatoires non-stéroïdiens ou les triptans, pour soulager la céphalée. "En cas de symptômes, il faut les prendre directement", conseille le Dr Jérôme Mawet. Un traitement de fond, composé de médicaments antiépileptiques ou antidépresseurs, peut aussi être prescrit. "Problème : il y a plusieurs effets secondaires. Cependant, un nouveau médicament, le Vydura (ou Rimégépant), est désormais disponible en France. Ce traitement, qui bloque le CGRP (une molécule active liée à la migraine) est efficace, mais il est onéreux et non remboursé par la Sécurité sociale. Lors des consultations, je suis ainsi gêné de le proposer aux patients migraineux. En général, j’en parle en cas d’intolérance ou d’échec aux autres traitements", a poursuivi le spécialiste.

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