Transition en douceur
Comment bien vivre sa ménopause ?
Souvent tue et mal prise en charge, la ménopause peut impacter fortement la qualité de vie des femmes. Voici comment gérer au mieux cette période particulière selon Geoffroy Robin, gynécologue médical à l’hôpital Jeanne-de-Flandre (CHU de Lille) et secrétaire général du CNGOF.
- Mieux Vivre Santé : Qu’est-ce que la ménopause ?
Dr Geoffroy Robin - C’est l’arrêt définitif du fonctionnement des ovaires, qui ont chez la femme une fonction physiologique et une fonction reproductive.
Le diagnostic de ménopause se pose quand la personne passe un an sans avoir ses règles.
- Combien de temps peut durer la transition ménopausique ?
Cela peut se faire brutalement du jour au lendemain ou prendre beaucoup plus de temps (6 mois à 10 ans).
En effet, l’ovaire peut tout à fait ne pas fonctionner pendant plusieurs mois et se remettre en route.
- Peut-on encore tomber enceinte lors de cette transition ?
Tout à fait, il y a bien un risque de grossesse pendant l’installation de la ménopause, même s’il est fortement minoré entre 40 et 50 ans.
- Quel est l’âge moyen de la ménopause en France ?
51 ans.
- Quels sont les symptômes de la ménopause ?
Il est tout à fait possible que l’arrêt progressif du fonctionnement des ovaires se fasse sans que les femmes ne se rendent compte de rien et vivent la ménopause comme un non-événement.
Néanmoins, beaucoup peuvent souffrir de différents symptômes plus ou moins handicapants, tels que les bouffées de chaleur, la sudation excessive, le développement de rougeurs sur le corps, la dégradation de la qualité du sommeil, la fatigue, la sécheresse vaginale, la souffrance pendant les rapports sexuels, la baisse de la libido, les douleurs articulaires, la diminution de la masse musculaire, le développement de la graisse au niveau du ventre, les tendances anxio-dépressives ou encore les difficultés de concentration.
- Que faire si on souffre d’une ménopause symptomatique ?
Le plus important est de consulter un gynécologue ou un endocrinologue spécialisé dans ce domaine, pour qu’il évalue les plaintes et propose le traitement hormonal le plus efficace chez les patientes qui n’ont pas de contre-indication.
- Justement, beaucoup de femmes sont très inquiètes par rapport à ce type de traitement. Que leur répondez-vous ?
C’est vrai que l’étude WHI publiée en 2003 a donné une image très négative de ces traitements, notamment parce qu’ils ont été associés à l’époque à un risque plus élevé de cancer du sein. Néanmoins, j’invite mes patientes à la mettre de côté car elle était bourrée de biais et à entamer un traitement hormonal dès que les symptômes altèrent la qualité de vie.
- A quel point ce traitement est-il efficace ?
Il permet de faire disparaître la majorité des symptômes, car comme ils sont liés à la carence en œstrogène, réimporter ces hormones féminines dans l’organisme corrige tout.
- Est-ce intéressant de mettre en place un suivi psychologique pour certaines femmes qui entrent dans la ménopause ?
Oui bien sûr. Un suivi psychologique peut être bénéfique pour les femmes qui souffrent d’un climat anxio-dépressif persistant malgré la mise en place de traitements hormonaux.
- Y a-t-il aussi des choses à faire au niveau de l’hygiène de vie ?
Tout à fait. Il faut d’abord essayer d’avoir une activité physique régulière (sans pour autant tomber dans l’excès à cause de l’ostéoporose, NDLR). Il est aussi conseillé d’avoir une alimentation équilibrée, de limiter les grignotages, de manger deux à trois produits laitiers par jour et de mettre en place une supplémentation en vitamine D.
- La ménopause est encore très taboue en France. Conseillez-vous aux femmes de s’ouvrir à des proches (conjoint, enfants, amis...) lorsqu’elles entament cette transition ?
Absolument. Contrairement à ce que pensent encore beaucoup de mes patientes, la ménopause n’est pas un échec, c’est juste une période physiologique normale de la vie d’une femme. Il ne faut pas en avoir honte.
- La ménopause est-elle bien prise en charge en France ?
Non, notamment parce qu’il n’y a malheureusement pas d’évaluation systématique des patientes, que certains médecins passent un peu à côté faute de temps ou de formation et que beaucoup de femmes ne consultent pas de gynécologue.