Permanentes et colorations
Les coiffeurs sont exposés au risque de cancer de la vessie
Des produits cancérigènes circulent dans le sang des coiffeuses. Ils proviennent des produits utilisés pour des couleurs et des permanentes, selon une récente étude.
Couleurs, permanentes, un cocktail à haut risque pour les coiffeurs. Ces professionnels sont exposés à un risque de cancer en raison des produits qu’ils manipulent tous les jours. Une étude, parue dans la revue Occupational and Environmental Medicine ce 9 juin, souligne le danger que représentent les produits colorants ou fixant les cheveux.
Un risque accru de cancer de la vessie
Des chercheurs de l’université de Lund (Suisse) ont suivi 295 coiffeuses, 32 utilisateurs réguliers de produits colorants pour les cheveux et 60 personnes qui n’ont pas eu recours à ces produits pendant au moins un an. Leur sang a été analysé pour détecter la présence de carcinogènes issus de 8 amines aromatiques. Si les lotions pour permanente et les crèmes nourrissantes n’en contenaient pas, les fixateurs et les mélanges lotion-fixateur étaient chargés en toluidine – utilisée comme intermédiaire dans les produits colorants.
Selon les résultats des analyses sanguines, peu de différences s’esquissent entre les coiffeurs, les amateurs de coloration à domicile et le groupe de contrôle. Seuls les niveaux d’ortho-toluidine – issue de la distillation de goudron de houille – sont vraiment plus élevés chez les coiffeuses que le reste de la population.
Mais il ressort que les niveaux d’ortho et méta-toluidines chez les professionnelles grimpaient en même temps que le nombre de colorations claires ou de permanentes pratiquées pendant la semaine. Ces produits sont pourtant suspectés d’être cancérigènes et interdits en Europe. Ils sont notamment impliqués dans l'augmentation du risque de cancer de la vessie, dont les coiffeurs souffrent plus que la population générale.
Porter des gants
Lorsqu’ils effectuent une coloration ou une permanente, les coiffeurs devraient systématiquement porter des gants, conseillent les chercheurs. Cela permettrait de réduire l’exposition aux agents cancérigènes. Ils recommandent aussi de pratiquer ces actes après avoir effectué les tâches pour lesquels le port de gants est impossible – comme la coupe des cheveux. L’équipe estime aussi qu’il faut analyser l’ensemble des ingrédients des produits de coloration ou de permanente, afin de déterminer s’ils sont une source potentielle d’exposition aux toluidines.
Il est vrai que le risque a reculé depuis les années 1970, durant lesquelles 90 % des produits colorants contenaient des agents cancérigènes. Mais la coiffure est toujours considérée comme un métier à risque « probable » de cancer par le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC). Car l’utilisation répétée de produits colorants ou de permanente augmente le risque de cancer de la vessie, des ovaires ou de lymphome non-Hodgkinien.