Pneumologie

PID-PR : l’échographie thoracique est un outil performant pour le dépistage au cours de la PR

Le dépistage des pneumopathies interstitielles diffuses au cours de la polyarthrite rhumatoïde (PID-PR) est un enjeu pour lequel les consensus viennent à manquer. L’échographie thoracique pourrait être un outil aussi utilisé par les rhumatologues pour le dépistage de ces pneumopathies, pour éviter certains scanners. D’après un entretien avec Sylvie LEGUE.

  • 20 Fév 2025
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    Une étude , dont les résultats sont parus en décembre 2024 dans CHEST, a cherché à évaluer les performances de l’échographie thoracique dans le dépistage des pneumopathies interstitielles diffuses chez les patients  atteints de polyarthrite rhumatoïde. Il s’agit d’une étude transversale, multicentrique, ayant inclus 203 patients, ayant reçu un diagnostic de polyarthrite rhumatoïde en moyenne 7 ans avant leur inclusion dans l’étude, menée en Argentine, en Grèce, en France et au Mexique. L’âge moyen de ces participants était de 63 ans, avec 79% de femmes.  Tous étaient asymptomatiques sur le plan respiratoire. Tous les sujets ont bénéficié d’un bilan clinique, d’EFR et d’une échographie thoracique. Un scanner thoracique a été réalisé chez tous les patients dans les 30 jours qui suivaient l’échographie. Les analyses statistiques ont comporté le calcul de la sensibilité, de la spécificité et des valeurs prédictives.

    Le dépistage de la PID PR est un véritable enjeu

    Le docteur Sylvie LEGUE, praticienne hospitalière dans le service de pneumologie du Centre Hospitalier Universitaire de Tours, félicite la bonne qualité de ce travail, car il s’agit de la première étude multicentrique sur le sujet du dépistage de la PID-PR. Elle souligne que la population incluse est intéressante car il ‘s’agit de patients asymptomatiques pour qui l’échographie thoracique se révèle être un très bon outil de dépistage. Sylvie LEGUE rappelle que la polyarthrite rhumatoïde est la connectivite la plus fréquente et qu’environ 30% des patients atteints de PR sont porteurs d’une PID-PR asymptomatique. L’enjeu de son dépistage est donc majeur puisque la PID-PR contribue à augmenter la mortalité.

    Actuellement, le scanner thoracique est le gold standard pour le dépistage de la PID-PR. L’interrogatoire (dyspnée, toux), l’auscultation (présence de crépitants) et les EFR manquent de sensibilité pour un dépistage précoce de la PID-PR. Les consignes des diverses sociétés savantes sur la réalisation du scanner thoracique sont divergentes : certains préconisent le dépistage des patients symptomatiques seulement, d’autres ont une vision plus large et proposent un scanner thoracique aux patients asymptomatiques ayant des facteurs de risque de PID-PR, comme le tabac, le sexe masculin, l’obésité, l’âge tardif de début de la PR, une forte positivité des ACPA, une activité importante de la PR. La sensibilité et la spécificité de la PID-PR ont été étudiées et le caractère multicentrique de ce travail constitue un point fort car cela permet de généraliser les résultats à différentes populations.

    L’objectif est de limiter la réalisation des scanners

    Sylvie LEGUE explique que ce travail permet de placer l’échographie thoracique comme un outil précoce, qui ne permet pas d’affirmer qu’il existe une PID-PR mais qui peut montrer des signes qui doivent orienter vers la réalisation d’un scanner thoracique, chez des patients asymptomatiques. Elle insiste sur le fait que l’objectif est de limiter l’utilisation du scanner avec le coût et l’irradiation qu’il implique, tout en ayant une sensibilité suffisante. L’échographie est un examen simple, quotidien, réalisé en box, et quel que soit le type de sonde, les lignes B sont facilement analysables, avec une bonne reproductibilité.

    Sylvie LEGUE précise qu’en se contentant des 14 aires thoraciques, avec un cut-off de 5 lignes B, on peut obtenir de bonnes sensibilité et spécificité, grâce à un examen de courte durée. Elle relève quelques limites à ce travail comme l’absence de  lecture centralisée du scanner thoracique, qui aurait augmenté la robustesse des résultats et le faible nombre de patients sélectionnés par centre. Le manque des valeurs de DLCO aux EFR diminue les performances diagnostiques. Toutefois, Sylvie LEGUE souligne que la sensibilité obtenue de 83%, avec une valeur prédictive négative de 93%, est un résultat très satisfaisant pour un outil de dépistage. Le calcul des probabilités pré et post test réduit de façon significative la probabilité d’être attient d’une PID-PR avec une échographie négative.

     

    En conclusion, l’échographie thoracique est un outil performant pour exclure la PID-PR chez les patients asymptomatiques. Elle permet d’éviter certains scanners inutiles et de s’affranchir de la découverte fortuite de nodules (rhumatoïdes ou cancéreux) qui pourraient conduire à des examens plus invasifs. A contrario, la présence de signes positifs à l’échographie implique la réalisation systématique d’une tomodensitométrie thoracique.

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    JDF

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