Pneumologie
SADS : la PPC moins systématique
Le traitement du SADS par PPC est le plus fréquemment proposé, mais son observance est loin d’être optimale. De nouvelles stratégies thérapeutiques, grâce notamment aux orthèses d’avancées mandibulaires, peuvent être proposées avec une efficacité tout aussi satisfaisante, associée ou non à la PPC. D’après un entretien avec Jean-Claude MEURICE.
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Une étude, dont les résultats sont parus dans l’European Respiratory Journal, a cherché à comparer l’observance et l’efficacité de la PPC et des orthèses d’avancée mandibulaires, dans la prise en charge du SADS. Il s’agit d’un essai multicentrique canadien, doublement randomisé, mené dans trois centres universitaires. Au total, 81 patients ont été initialement inclus dans l’étude et 64 d’entre eux ont terminé la phase d’observation. Tous étaient atteints de SADS léger et naïfs de tous traitements. L’étude a été menée en trois phases : titrage, croisement (2,5 mois) et observation (6 mois). Le critère de jugement principal était l’observance, mesurée pendant la phase de croisement. Les critères de jugement secondaires étaient l’efficacité, l’observance pendant la phase d’observation, la pression artérielle et les effets secondaires au cours des phases de croisement et observationnelle. Au cours de la phase d’observation, 55% des patients ont choisi d’alterner la PPC et l’orthèse d’avancée mandibulaire.
Un bon travail qui va vers des traitements plus personnalisés
Le professeur Jean-Claude MEURICE, pneumologue, responsable du service de pneumologie du Centre Hospitalier Universitaire de Poitiers, félicite ce travail réalisé par une équipe canadienne de référence. Il s’agit d’une première étude de ce type , dont la méthodologie est très solide. En effet, les auteurs ont comparé la PPC aux orthèses d’avancée mandibulaire en réalisant à la fois un cross-over puis en laissant le libre choix aux patients de leur mode de thérapeutique, ce qui permet de comparer précisément l’efficacité des deux techniques. Jean-Claude MEURICE fait référence à l’étude Orcades, grande étude française observationnelle, qui avait évalué l’efficacité de l’orthèse d’avancée mandibulaire après avoir abandonné la PPC. Il relève toutefois que l’étude canadienne peut manquer de puissance en raison du faible effectif de patients inclus mais ceci est pallié par la méthodologie solide d’analyses statistiques. Il souligne que les auteurs ont eux-mêmes précisé qu’il serait nécessaire de renforcer ces résultats par des travaux portant sur des échantillons plus volumineux. Jean-Claude MERURICE rappelle également une étude dont les résultats ont été communiqués à l’ATS en mai 2024, réalisée à Boston, au cours de laquelle tous les patients étaient traités par une orthèse d’avancée mandibulaire. La moitié des patients a été traitée avec efficacité. Les patients intolérants ou insuffisamment traités ont bénéficié d’un traitement positionnel supplémentaire ou d’un dilatateur narinaire et en cas d’efficacité encore insuffisante, ils recevaient un traitement médicamenteux associé. La PPC n’était proposée qu’ne dernier recours.
De nouvelles stratégies thérapeutiques pour le SADS
Jean-Claude MEURICE explique que ce travail va dans le sens d’essayer de trouver, aujourd’hui, des traitements du SADS plus personnalisés, en alternative à la PPC, dont il faut abandonner l’idée qu’elle est le traitement de tous. Il est nécessaire de mieux comprendre le phénotype des patients et de leur proposer des traitements spécifiques, notamment un traitement médicamenteux dont l’actualité est riche. Jean-Claude MEURICE rappelle qu’à l’heure actuelle 300 000 patients sont traités par PPC alors que 30 000 seulement sont traités par orthèse d’avancée mandibulaire. Il précise que la différence entre ces deux valeurs ne correspond pas à la réalité qu’il est possible d’obtenir aujourd’hui. Pour lui, se tourner vers l’orthèse d’avancée mandibulaire et proposer plus de traitements qui ne sont pas la PPC est le bon chemin à suivre, car il peut permettre d’apporter un bénéfice pour au moins la moitié des patients atteints de SADS. Les stratégies thérapeutiques sont en cours de révision et les résultats de cette étude, qui montrent que la PPC est probablement moins bien tolérée que l’orthèse d’avancée mandibulaire, même si elle est plus efficace apportent de la matière à réflexion. L’utilisation des deux méthodes, d’une nuit à l’autre ou au cours d’une même nuit, permet d’améliorer l’observance la PPC.
En conclusion, ce travail s’inscrit dans une actualité thérapeutique qui est celle de tenter d’éviter le traitement systématique par PPC des patients atteints de SADS. Une efficacité similaire peut être trouvée avec des techniques moins lourdes, donc mieux tolérées et permettant une meilleure observance. Des travaux doivent encore être réalisés pour avancer dans ce sens.