Pneumologie

BPCO : un lien avéré entre exacerbations et complications cardiovasculaires

L’étude française EXACOS-CV, présentée au CPLF 2025, a permis de connaître la temporalité et les caractéristiques des évènements cardiovasculaires survenus après des exacerbations sévères de BPCO.

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  • 29 Jan 2025
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    Les exacerbations font partie de l’évolution habituelle de la BPCO (Bronchopneumopathie chronique obstructive). Elles sont pourvoyeuses de dégradation de la fonction respiratoire et de surmortalité en particulier à cause de la survenue d’évènements cardiovasculaires (ECV). Mais quelles sont les caractéristiques et la temporalité de ces ECV ?

    Une équipe française s’est penchée sur la question dans le cadre de l’étude EXACOS-CV (EXAcerbations of COPD and their OutcomeS on CardioVascular diseases). Elle a ainsi fourni des preuves supplémentaires concernant les liens et conséquences des exacerbations de BPCO sur les maladies cardiovasculaires.

    Une étude en vie réelle à partir de données du PMSI

    Les Dr Maeva Zysman et le Dr Victor Aboyans, et leur équipe ont effectué une analyse descriptive des données du PMSI (Programme de Médicalisation de Systèmes d’Information) entre le 1er janvier 2013 et le 31 décembre 2019. Les résultats de cette étude en vie réelle ont été présentés le 28 janvier lors du CPLF 2025 à Marseille.

    Les patients retenus étaient âgés d’au moins 40 ans avec un évènement cardiovasculaire (ECV) sévère : syndrome coronarien aigu, insuffisance cardiaque décompensée, trouble du rythme, ischémie cérébrale ou artériopathie oblitérante des membres inférieurs (AOMI). L’étude s’est portée spécifiquement sur des patients ayant été hospitalisés au moins 2 nuits pour une exacerbation de BPCO entre 2018 et 2019.  L’âge moyen de cette sous-population était de 77 ans (écart-type 11 ans), avec 67 % d’hommes et 33 % avec un fort indice de désavantage social.

    Cette population a été décrite en termes de caractéristiques socio-démographiques, type d’ECV survenu et délai entre exacerbation de BPCO et ECV. L’étude EXACOS-CV a inclus une stratification en 4 niveaux de sévérité des hospitalisations afin de quantifier le risque entre hospitalisation pour une exacerbation de BPCO et risque d’évènement cardiovasculaire. Les niveaux de sévérité ont été défini selon les modalités de prise en charge :
    - Groupe 1 : service de médecine
    - Groupe 2 : service de médecine + insuffisance respiratoire aiguë
    - Groupe 3 : service de réanimation
    - Groupe 4 : service de réanimation + ventilation mécanique

    Plus l’exacerbation est sévère, plus le risque d’ECV augmente

    Parmi les 1 253 391 patients atteints de BPCO, 122 172 (9,7 %) ont eu un ECV grave. Et parmi eux, 9840 (8,1 %) ont été hospitalisés dans les 24 semaines (6 mois) qui ont précédé l’ECV pour une exacerbation, dont 3 148 (32 %) au moins une fois en réanimation.

    Ceux ayant eu un ECV sévère après une exacerbation étaient plus âgés (76,8 +/- 10,7 vs 75,8 +/-11,4 ans, p < 0.05), avec une proportion plus importante de patients dans le quintile d’index de désavantage social le plus faible (32,5 % vs 29,8 %, p <0,05).

    Parmi les patients qui avaient eu un ECV grave en post-exacerbation, 77,1 % des patients ont présenté plus de 2 exacerbations dans les 5 années précédentes, contre 58,5% dans le groupe ECV sans exacerbation.

    Dans 950 cas (10 %) le patient est décédé à l’hôpital. Parmi les 8890 ECV non-fatals (8890), 5 363 (60 %) étaient une décompensation d’insuffisance cardiaque, 1 001 (11 %) un syndrome coronarien aigu et 828 (9 %) une fibrillation atriale.

    L’hospitalisation pour exacerbation de BPCO avait tendance à survenir lors du mois précédant l’ECV, et particulièrement lors de la première semaine précédente.

    Un risque d’ECV plus important dans les 4 premières semaines

    L’ECV retrouvé le plus fréquemment était l’insuffisance cardiaque décompensée (59,8 % vs 46,0 %, p <0,05) avec un taux de décès dans les suites plus important (9,7 % vs 6,0 %, p <0,05). L’hospitalisation pour exacerbation de BPCO avait tendance à survenir dans le mois précédant l’ECV sévère, voire même au cours de la semaine précédente.

    Les ECV les plus précoces étant les syndromes coronariens aigus et les arrêts cardiaques (24 à 28 jours après exacerbation). L’AOMI et les ischémies cérébrales avaient un délai d’apparition plus long (62 à 71 jours).

    Un décès dans 10% des cas

    Pour les experts, les ECV survenant à la suite d’exacerbations de BPCO ayant nécessité une hospitalisation sont des événements graves conduisant au décès du patient à l’hôpital dans 10 % des cas. Ils confirment que ces atteintes cardiovasculaires surviennent dans le premier mois après l’exacerbation, en particulier pour les syndromes coronariens aigus.

    Ces résultats suggèrent donc la nécessité d’une surveillance médicale cardiovasculaire rapprochée immédiate au décours d’une hospitalisation pour exacerbation de BPCO.

    Selon le Dr Maeva Zysman, peut-être faudra-t-il prévoir, à l’avenir, un dépistage chez ces patients du diabète, d’une dyslipidémie, voire introduire un traitement préventif type anti-agrégant plaquettaire.

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