Médecine générale
Pneumocoque : la HAS recommande l’élargissement de la vaccination à tous les plus de 65 ans
En raison de l’augmentation des infections invasives à pneumocoques chez les plus de 65 ans sans comorbidités, la Haute Autorité de santé (HAS) recommande désormais d’élargir la vaccination avec un vaccin conjugué 20-valent en une injection à toute cette tranche d’âge. Cette décision vise un double objectif : renforcer la protection immunitaire et simplifier le calendrier vaccinal.
- miriam-doerr/istock
Les infections à pneumocoques, causées par la bactérie Streptococcus pneumoniae, représentent un enjeu de santé publique majeur. Principalement responsables d’otites ou de sinusites, elles peuvent aussi se manifester sous forme d’infections graves : méningites, bactériémies, pneumonies. Les formes sévères touchent particulièrement les adultes de 65 ans et plus, chez qui la sévérité et la mortalité augmentent nettement.
Jusqu’à présent, la vaccination préconisée dans cette tranche d’âge visait surtout les personnes présentant des comorbidités (maladies chroniques, immunodépression). Toutefois, de récentes données épidémiologiques françaises ont confirmé l’importance du facteur « âge » en lui-même : 60 % des infections invasives à pneumocoques concernent les plus de 65 ans et plus d'un quart des patients hospitalisés pour une infection invasives a pneumocoque surviennent chez des personnes sans comorbidités et qui échappent donc aux recommandations vaccinales actuelles.
Face à cette situation, la HAS a donc décidé d’élargir la recommandation vaccinale à l’ensemble des seniors à partir de 65 ans, avec un vaccin conjugué 20-valent (Prevenar‑20), administrable en dose unique.
Une vaccination en une seule injection désormais
L’indication initiale de la vaccination pneumococcique pour les adultes à risque depuis 2017 s’appuyait sur un schéma séquentiel (vaccin 13-valent suivi du vaccin 23-valent). Malgré cette recommandation, la couverture vaccinale restait insuffisante (5 à 16,9 %), laissant persister un taux notable de formes invasives, notamment chez les sujets les plus âgés (incidence 6 fois plus élevée à 89 ans qu’à 50 ans). En 2023, l’arrivée d’un vaccin conjugué élargi à 20 sérotypes (Prevenar‑20) a marqué un tournant. Administrable en une seule injection, il améliore la protection vis-à-vis des sérotypes responsables d’infections sévères et simplifie le schéma vaccinal. Des études menées dans plusieurs pays européens (Angleterre, Espagne, Italie) ont également démontré un rapport coût-efficacité favorable chez les 65 ans et plus.
D’un point de vue immunologique, le fait même d’avoir 65 ans constitue un facteur de risque : la réponse immunitaire diminue avec l’âge, et les formes graves de pneumonie aiguë communautaire concernent une majorité de seniors sans pathologie chronique connue.
Sur le plan de la tolérance, les données pharmacovigilantes confirment la sécurité du Prevenar‑20, avec un profil d’effets indésirables comparable aux autres vaccins pneumococciques. La HAS note également un suivi rassurant quant au risque de syndrome de Guillain-Barré. Cette solide base de données a convaincu les autorités sanitaires de proposer désormais la vaccination à tous les 65 ans et plus.
Un calendrier vaccinal plus simple après 65 ans
Simplifier le calendrier vaccinal est l’un des objectifs majeurs de la HAS. Désormais, la vaccination contre le pneumocoque rejoint trois autres vaccins recommandés pour les seniors (Covid-19, grippe, zona), auxquels s’ajoute le rappel diphtérie-tétanos-poliomyélite. Concrètement, Prevenar‑20 peut être administré en même temps que le vaccin antigrippal saisonnier ou le vaccin Covid-19 à ARNm, selon les souhaits du patient et les disponibilités.
Pour le médecin, cette extension de cible invite à repenser la stratégie de prévention : proposer systématiquement Prevenar‑20 dès 65 ans, même en l’absence de comorbidités, permet de réduire le risque d’infections invasives. Les professionnels sont encouragés à vérifier la vaccination pneumococcique lors de toute consultation de suivi ou à l’occasion d’autres actes de prévention (grippe, COVID-19, etc.). Par ailleurs, pour les adultes de 18 à 64 ans à haut risque d’infection sévère, la HAS maintient la recommandation établie en juillet 2023.
En pratique, cette mise à jour veut stimuler la couverture vaccinale dans un contexte épidémiologique défavorable, où l’incidence des infections ne faiblit pas chez les seniors. L’impact potentiel sur la santé publique est important : diminuer les hospitalisations pour pneumonie, protéger contre les complications de la grippe et prévenir les formes invasives graves. Des suivis de cohorte sont prévus afin d’évaluer l’efficacité de cette nouvelle recommandation et, si nécessaire, d’y apporter des ajustements au fil du temps et de l’évolution épidémiologique.