Pneumologie

Les expectorations induites : rentables et sûres avec un bon protocole !

L’expectoration induite est un outil intéressant car elle permet d’évaluer davantage de biomarqueurs que dans le sang. Toutefois, cette technique est encore trop utilisée, en raison de certaines craintes des praticiens ou du manque d’expertise. D’après un entretien avec Catherine MOERMANS.

  • 09 Jan 2025
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    Une lettre, parue dans l’European Respiratory Journal Open Research, a fait le point sur l’utilisation de l’expectoration induite au cours de la prise en charge des patients asthmatiques. Ce travail a été élaboré par une équipe de pneumologues spécialisés du Centre Hospitalier Universitaire de Liège. Cette revue a porté sur 5000 prélèvements réalisés par expectoration induite , pendant 20 ans, entre 2004 et 2024, soit environ 500 prélèvements annuels. Les patients, après rinçage de la bouche pour éviter les contaminations, inhalaient une solution saline, sous contrôle spirométrique. L’examen était interrompu en cas de mauvaise tolérance. Le prélèvement était ensuite envoyé au laboratoire. Un mucolytique était alors ajouté, puis le prélèvement était centrifugé et subissait une coloration de Giemsa.

     

    Une technique trop peu utilisée

    Le docteur Catherine MOERMANS, responsable de laboratoire en pneumo-allergologie au Centre Hospitalier Universitaire de Liège, et auteure de ce travail, explique que cette lettre a été rédigée par une équipe de pneumologues spécialisés dans l’asthme. Ces praticiens ont fait le constat que la technique d’expectoration induite était peu utilisé, et que cela était sans doute dû à des craintes ou à un manque d’expertise par rapport à cette pratique. Ils ont donc, à travers cette lettre, fait part de leur expérience sur 20 ans de cette technique, non invasive t finalement plutôt bien tolérée. Catherine MOERMANS souligne qu’ils ont observé 80% de réussite entre le moment de l’induction et la lame utilisable au laboratoire et que cette technique est possible chez plus de 75% des asthmatiques sévères. Elle précise que 10% seulement ne savent pas expectorer et qu’un comptage nul de cellules n’a été observé que chez 2% de patients. Environ 3% seulement des prélèvements sont perdus en raison de la détérioration des cellules et 4,5% en raison d’un mauvais rinçage de la bouche et donc d’une contamination. Elle estime donc que près de 80% des prélèvements sont analysables et qu’en termes de tolérance la perte de la fonction respiratoire à ,10 puis 15 minutes est dérisoire.

     

    Dédiaboliser l’expectoration induite

    Catherine MOERMANS précise qu’il ne faut pas avoir peur d’utiliser l’expectoration induite. Elle souligne qu’il existe plusieurs techniques, notamment certaines qui sélectionnent les plugs. Dans sa pratique, elle utilise tous les plugs et observe un très fort taux de réussite. Pour Catherine MOERMANS, il est indispensable de dédiaboliser cette technique et d’en faire la promotion. En effet, l’éosinophilie est très bien reflétée par cette technique et permet une évaluation précise de l’inflammation locale. Elle explique notamment que l’expectoration induite peut constituer un outil intéressant pour observer la réponse au mépolizumab, car on observe davantage de biomarqueurs dans les expectorations que dans le sang. Cette technique nécessite un important travail d’équipe mais peut apporter un grand nombre d’éléments fondamentaux dans la prise en charge des patients asthmatiques sévères.

     

    En conclusion, l’expectoration induite est une technique sûre lorsqu’elle est bien réalisée, et qui permet d’obtenir de nombreuses informations sur l’état inflammatoire local des patients asthmatiques. Il est temps de promouvoir et d’utiliser cette technique dans la prise en charge des patients asthmatiques sévères, notamment lorsqu’ils sont traités par biothérapie.

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