Infectiologie

Zona et immunodépression : le vaccin recombinant protègerait au moins un patient sur 2

Une étude observationnelle rétrospective met en évidence une protection du vaccin recombinant contre le zona chez au moins un adulte sur 2 en cas de lupus ou de sclérose en plaques (ou 2 sur 3 dans une autre analyse). Par ailleurs, la vaccination ne semble pas augmenter le risque de poussée sévère de lupus.

  • Suriyawut Suriya/istock
  • 27 Déc 2024
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    Le zona est une complication virale fréquente chez les personnes immunodéprimées. Parmi elles, les patients atteints de lupus érythémateux systémique (LES) ou de sclérose en plaques (SEP) ont un risque accru de zona. Or le vaccin vivant atténué, jusqu’ici disponible, était contre-indiqué dans cette population. Un vaccin recombinant a été approuvé pour réduire ce risque, d’abord chez les adultes de 50 ans et plus, puis dès l’âge de 18 ans, chez ceux dont l’état de santé ou le traitement immunosuppresseur accroît le risque de zona. Le schéma vaccinal est de 2 doses à 2-6 mois d’intervalle. Cependant, les effets protecteurs et la sécurité d’emploi de ce vaccin recombinant n’avaient pas été clairement documentés dans ces populations particulières.

    Dans une analyse intermédiaire présentée au congrès de l’American College of Rheumatology, en 2024, les auteurs ont évalué l’efficacité de deux doses de vaccin recombinant chez des patients de 18 ans et plus atteints de LES ou de SEP, en comparant l’incidence de nouveaux cas de zona à celle observée chez des patients non-vaccinés et appariés selon l’âge, le sexe et le statut d’assurance.

    Les résultats montrent une efficacité vaccinale allant de 54 à 81 % chez les personnes sous assurance privée (54 % [IC 95 % : 18–74] pour le LES et 81 % [IC 95 % : 70–88] pour la SEP) et de 64 à 70 % dans la cohorte Medicare (70 % [IC 95 % : 50–82] pour le LES et 64 % [IC 95 % : 51–74] pour la SEP). Cette protection justifierait l’intérêt de promouvoir la vaccination à vaccin recombinant dans ces populations à risque.

    Pas de majoration du risque de poussée de lupus ou de SEP

    Sur les 2 bases de données, un total de 3 592 patients vaccinés et 14 024 patients non-vaccinés ont été étudiés. Avant ajustement, les patients vaccinés avaient un profil de gravité différent de celui des non-vaccinés (plus d’utilisation d’immunosuppresseurs mais moins de comorbidités et d’hospitalisations). Après pondération par le score de propension, les groupes seraient comparables.

    Les auteurs soulignent que, parmi les patients atteints de LES, la vaccination contre le zona n’augmenterait pas le risque de poussée sévère dans les 90 jours suivant l’injection. Les analyses dose par dose confirment ce constat : le rapport de risque (hazard ratio, HR) pour une poussée sévère de LES est de 0,94 (IC 95 % : 0,72–1,24) pour la cohorte d’assurance privée et de 0,91 (IC 95 % : 0,75–1,11) pour la cohorte Medicare.

    Ces données de tolérance sont particulièrement rassurantes pour une population potentiellement plus exposée aux complications infectieuses et inflammatoires. Le fait que l’efficacité du vaccin s’exprime de manière similaire tant chez les sujets assurés par des organismes privés que chez les bénéficiaires de Medicare suggère une robustesse du résultat, même si d’autres facteurs (âge, état général) peuvent influencer l’incidence du zona.

    Une analyse combinée de 7 cohortes rétrospectives privée et de Medicare

    Cette analyse repose sur une étude de cohorte rétrospective menée auprès de sept organismes d’assurance privés intégrés au FDA Sentinel System (incluant Medicare Advantage) et, séparément, auprès de Medicare (Parts A, B et D), sur la période 2018–2021/2023 selon la source. Le diagnostic de LES ou de SEP était établi d’après des algorithmes standards (nombre de codes médicaux, utilisation de traitements spécifiques), et la vaccination zona en deux doses (à ≥28 jours d’intervalle) était comparée à l’absence de vaccination au moyen d’un appariement jusqu’à 1:4. Pour évaluer la sécurité, les patients ayant eu une poussée sévère de LES dans les 90 jours précédant la vaccination étaient exclus, afin de limiter les biais.

    En pratique, ces résultats sont en faveur d’un renforcement de la recommandation vaccinale contre le zona chez les adultes atteints de LES ou de SEP, populations pour lesquelles le bénéfice de la prévention du zona est désormais mieux documenté. Le fait que l’administration du vaccin ne soit pas associée à une poussée sévère de LES est un argument supplémentaire pour intégrer systématiquement la vaccination à vaccin recombinant contre le zona dans la stratégie de prévention des complications virales chez ces patients immunodéprimés ou immunodéficients, en fonction des recommandation de remboursement du vaccin recombinant zona.

    À l’avenir, des analyses plus fines pourraient explorer l’influence de différents schémas thérapeutiques immunosuppresseurs sur l’efficacité de la vaccination, ainsi que son profil chez d’autres populations à risque (polyarthrite rhumatoïde, psoriasis sévère...). Le suivi à plus long terme permettra également d’évaluer la durabilité de la protection conférée par le vaccin recombinant, contribuant ainsi à optimiser la prise en charge préventive des maladies virales chez les patients atteints de pathologies auto-immunes.

     

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