Oncologie

Cancer du sein avancé : le cannabidiol réduirait l’anxiété

Un essai clinique randomisé monocentrique de phase II suggère que le cannabidiol (CBD) réduirait l’anxiété avant un examen d’imagerie chez des patientes atteintes d’un cancer du sein avancé, sans majorer la toxicité. Bien que le critère principal ne soit pas atteint, ces données encouragent la poursuite de recherches pour intégrer le CBD comme alternative aux benzodiazépines.

  • Nyaaka Photo/istock
  • 17 Déc 2024
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    L’anxiété est fréquente chez les patients atteints de cancer, affectant jusqu’à un quart de ceux recevant des soins oncologiques. Les benzodiazépines, traitement de référence, posent des problèmes notables chez cette population vulnérable (confusion, risques de chutes, sédation excessive, perturbations cognitives, dépendance).

    Dans ce contexte, le cannabidiol (CBD), molécule non intoxicante issue du Cannabis sativa et dépourvue des effets psychotropes du THC, suscite un intérêt croissant. Des études préliminaires hors du champ oncologique suggèrent un potentiel anxiolytique par le biais d’une modulation sérotoninergique et d’effets sur les structures limbiques. Le CBD pourrait ainsi constituer une alternative moins risquée que les benzodiazépines.

    Cancer, anxiété et problèmes des benzodiazépines

    Pour tester cette hypothèse, une étude de phase II, randomisée, en double aveugle et contrôlée versus placebo, a évalué l’efficacité d’une dose unique orale de 400 mg de CBD sur l’anxiété liée aux examens d’imagerie (scan-related anxiety) chez des patientes atteintes d’un cancer du sein avancé. Le critère principal était la comparaison de la variation du score “afraid” de l’échelle d’humeur VAMS (Visual Analog Mood Scale) entre l’avant et les 2-4 heures suivant la prise de CBD ou de placebo.

    Les résultats sont publiés dans The JAMA Network et, bien que la réduction de l’anxiété comparée à la valeur initiale n’atteint pasune différence statistiquement significative entre les 2 bras, l’analyse secondaire montre qu’à 2-4 heures post-ingestion, les patientes traitées par CBD ont des niveaux d’anxiété significativement plus bas que celles sous placebo (T-score “afraid” moyen : 51,5 vs 58,0 ; p=0,02).

    Une étude monocentrique de phase 2 de petite taille

    L’étude inclut 50 patientes au total, la moitié recevant du CBD, l’autre du placebo. L’âge moyen était d’environ 57-60 ans. Bien que la différence du critère principal (variation avant/après) ne soit pas significative, le fait que l’anxiété absolue mesurée après l’ingestion de CBD soit plus faible que sous placebo est un signal encourageant. Aucun événement indésirable de grade 3 ou 4 n’a été rapporté, suggérant une bonne tolérance du CBD à cette dose dans ce contexte.

    Cette sécurité d’emploi, associée à l’intérêt des patientes (recrutement facilité malgré les contraintes liées à la pandémie), laisse penser que le CBD pourrait trouver une place chez les patientes présentant une anxiété liée aux examens d’imagerie, notamment en alternative aux benzodiazépines.

    Une action à confirmer dans une étude multicentrique de plus grande taille

    Cette étude monocentrique, réalisée au Dana-Farber Cancer Institute (États-Unis), portait sur des femmes atteintes d’un cancer du sein avancé, randomisées 1:1 pour recevoir soit 400 mg de CBD, soit un placebo, dans les 48 heures précédant un examen radiologique destiné à évaluer la charge tumorale. Le critère principal était le changement du score “afraid” de la VAMS, et les analyses secondaires incluaient d’autres dimensions anxieuses à 2-4 heures après ingestion. Si la taille de l’échantillon et le caractère circonscrit de la population (cancer du sein avancé, centre unique) limitent la généralisation immédiate, les résultats indiquent une voie prometteuse.

    En pratique, selon les auteurs, l’étude ne justifie pas une modification des recommandations, mais ouvre la perspective de protocoles plus ambitieux. À terme, l’évaluation du CBD dans différents contextes oncologiques, sur de plus larges échantillons et avec des schémas posologiques répétés, pourrait confirmer sa place en tant qu’alternative plus sûre et potentiellement efficace aux benzodiazépines. Les recherches futures devront s’attacher à  explorer les mécanismes anxiolytiques du CBD, son profil pharmacocinétique chez des patients fragilisés, et la détermination d’indicateurs prédictifs de réponse. Les données de sécurité, combinées à l’intérêt marqué des patientes, soulignent l’importance de poursuivre les investigations, dans l’espoir d’enrichir la palette thérapeutique pour la prise en charge de l’anxiété en cancérologie.

     

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