Pneumologie
Réadaptation respiratoire chez les asthmatiques en surpoids : un impact sur les exacerbations
La réadaptation respiratoire est aussi essentielle dans l'asthme difficile et notamment chez les sujets en surpoids ou obèses. Si elle a peu d’impact sur la qualité de vie, son retentissement sur le nombre d’exacerbations est significatif. Elle est donc parfaitement envisageable pour ce type de patients. D’après un entretien avec Stéphanie FRY.
Une étude, dont les résultats sont parus le Journal of Asthma and Allergy, a cherché à démontrer l’intérêt de la réhabilitation respiratoire chez les sujets asthmatiques et obèses. Il s’agit d’une étude observationnelle prospective qui a inclus 92 participants, avec un âge moyen de 60 ans, atteints d’asthme mal contrôlé et ayant un BMI supérieur ou égal à 25, l’IMC médian étant de 33,8. Les femmes représentaient 60% des sujets inclus. Les patients ont ensuite été classés en répondeurs et non-répondeurs, après 8 semaines de réhabilitation respiratoire et après un an. Ils ont répondu au questionnaire ACQ du contrôle de l’asthme et à un questionnaire sur leur qualité de vie, Le taux d’exacerbations, nécessitant la mise sous corticothérapie orale , a également été observé en tant que critère de jugement secondaire.
La réadaptation respiratoire est faisable chez les asthmatiques obèses
Le docteur Stéphanie FRY, pneumologue dans le service de Pneumologie et Immuno- allergologie du Centre Hospitalier Universitaire de Lille, précise que cet article a un grand intérêt car les populations asthmatiques en surpoids ou obèses, avec un BMI supérieur à 34 sont des patients difficiles à prendre en charge. Elle précise que cette étude fait suite à une preuve de concept sur la faisabilité de la réhabilitation respiratoire chez ces patients, en essayant de démontrer son bénéfice à un an. Stéphanie FRY explique que le critère de jugement principal, à savoir a qualité de vie, n’a pas montré de différence significative avec ou sans réhabilitation respiratoire, tout en précisant qu’il ne s’agit pas d’une étude randomisée, donc moins rigoureuse, et que ce sont les critères secondaires qui ont été pris en compte. Les résultats ont montré que même si le contrôle de l’asthme s’améliore après la réhabilitation, il n’atteint pas le seuil de 0,5 point au score ACQ, ce qui rend ce résultat non significatif. Les patients améliorés par la réhabilitation respiratoire étaient les patients t les moins bien contrôlés initialement: ils ont répondu tout en restant mal contrôlés. Pour Stéphanie FRY, le message intéressant de cette étude en vraie vie est que la réhabilitation respiratoire est possible chez les sujets asthmatiques et obèses.
Une amélioration surtout visible sur les exacerbations
Stéphanie FRY souligne que la réhabilitation respiratoire a toutefois amélioré le taux d’exacerbations chez les sujets obèses asthmatiques, même si elle n’améliore ni la qualité de vie ni le contrôle de l’asthme. La diminution du taux d’exacerbations implique également la baisse des corticothérapies orales , bien que cela ne soit pas le critère de jugement principal de ce travail. Selon Stéphanie FRY, ces résultats devraient être confirmés avec des effectifs de patients plus importants, afin d’être plus précis dans la définition de la population à qui proposer la réhabilitation respiratoire. En effet, cette étude ne permet pas de savoir si certains profils répondent mieux à la réhabilitation et si elle a un intérêt chez tous les patients. Une étude randomisée grande échelle serait nécessaire, car il n’y a actuellement que très peu de données importantes sur la réhabilitation respiratoire chez les sujets asthmatiques.
En conclusion, l’obésité ne contre-indique pas les programmes de réhabilitation respiratoire pour les patients asthmatiques. Elle diminue le taux d’exacerbations mais elle doit être prescrite avec précaution car il n’est, à ce jour, pas possible d’affirmer qu’elle a une action positive sur le contrôle de l’asthme ou sur la qualité de vie.