Pneumologie
Sarcoïdose : l’échelle de Scadding valable pour la radio mais à optimiser avec le scanner
Le scanner thoracique, plus performant que la radiographie de thorax dans la sarcoïdose mais les interprétations sont divergentes entre radiologues et cliniciens : l’échelle de Scadding est valable sur la radiographie de thorax, mais obsolète et doit être complétée par le scanner thoracique. D’après un entretien avec Jean-Baptiste FAIVRE.
Une étude, dont les résultats sont parus en septembre 2024 dans Chest, a cherché à démontrer l’intérêt de la tomodensitométrie thoracique dans l’évaluation et la stadification de la sarcoïdose. Pour cela, les auteurs ont utilisé les données de l’étude de l’Institut national du cœur, des poumons et du sang Genomics Research in Alpha-1 Antitrypsin Deficiency and Sarcoïdose (GRADS). Les imageries, à savoir les radiographies standards et les scanners thoraciques ont bénéficié d’une double lecture par deux radiologues différents, puis les caractéristiques démographiques, le score de Scadding et les résultats de la tomodensitométrie ont été comparés. Ensuite, les auteurs de ce travail ont évalué l’association entre le résultats des EFR et de la DLCO et ceux de la tomodensitométrie et du stade de Scadding pour mesurer la corrélation entre la présentation clinique et la présentation radiologique de la sarcoïdose.
La corrélation avec les EFR n’est pas améliorée par le scanner
Le professeur Jean-Baptiste FAIVRE, radiologue au Centre Hospitalier Universitaire de Lille, rappelle qu’historiquement, les stades de la sarcoïdose sont évalués à partir de la radiographie pulmonaire standard, par le score de Scadding. Les auteurs de ce travail ont cherché à comparer le stade radiologique avec un équivalent construit en tomodensitométrie. Jean-Baptiste FAIVRE précise que le score de Scadding est obsolète et que l’on peut observer plus de signes au scanner comme les adénomégalies, les infiltrations pulmonaires, la fibrose… Il explique qu’au moment du diagnostic de sarcoïdose les patients sont étiquetés avec un stade et que si les radiologues utilisent les mêmes items de l’échelle de Scadding à la radiographie standard et au scanner, les patients ne se retrouvent pas au même stade car certaines lésions sont mieux visibles au scanner. C’est le cas pour 40% des patients. De plus, Jean-Baptiste FAIVRE ajoute que la corrélation n’est pas fortement améliorée avec les EFR, sauf si l’on va chercher plus loin dans les lésions élémentaires observables au scanner, ce qui permet d’avoir une meilleure corrélation entre le stade radiologique et les EFR.
Une échelle obsolète à optimiser par le scanner
Jean-Baptiste FAIVRE explique que le stade radiologique est obsolète mais qu’il est impossible de remplacer ce score radiologique par le même score tomodensitométrie, même si beaucoup de cliniciens le font intuitivement. Une attention particulière doit être portée sur les « bonnes » lésions présentes au scanner pour phénotyper les patients atteints de sarcoïdose. Jean-Baptiste FAIVRE précise que l’on ne peut pas faire un « copier-coller » radiographie-scanner. Les ganglions visibles à la radiographie, qui correspondent au stade 1, sont bien plus nombreux au scanner et on ne peut donc pas appliquer ce stade. Il ajoute que les radiologues n'annoncent plus le stade lors de l’imagerie mais que les cliniciens le font par analogie. Pour lui, l’échelle de Scadding est valable mais il faudrait y ajouter d’autres paramètres cliniques, fonctionnels, morphologiques et tomodensitométriques. C’est une échelle à conserver mais à optimiser par le scanner.
En conclusion, de nombreuses données épidémiologiques et pronostiques de la sarcoïdose sont basées sur l’échelle de Scadding, ce qui limite la possibilité d’en utiliser une autre. Elle doit être appliquée uniquement à la lecture de la radiographie standard et optimisée par les résultats du scanner, afin d’avoir une meilleure corrélation avec les EFR.