Médecine générale

Perte de poids inexpliquée : un cancer doit être recherché après 50 ans et en cas de signes associés

La perte de poids inattendue est un symptôme fréquent en médecine générale, souvent source d’inquiétude pour les patients et les médecins. Chez les patients âgés de plus de 50 ans ou ayant des symptômes associés, une perte de poids inattendue doit alerter sur la possibilité d’un cancer et justifier des investigations rapides.

  • Ake Ngiamsanguan/istock
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  • 20 Oct 2024
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    La perte de poids inattendue est une plainte courante en soins primaires, souvent associée à diverses pathologies, allant de troubles bénins à des maladies graves comme le cancer. Les tumeurs malignes les plus fortement prédites par une perte de poids inattendue sont le lymphome, le cancer d'origine inconnue ou les cancers du pancréas, du gastro-œsophage, des voies hépatobiliaires, du poumon, de l'intestin et du tractus rénal.

    Une étude de grande ampleur, menée sur 326 240 adultes en Angleterre, montre que la perte de poids inattendue est un indicateur important de cancer dans les 6 mois suivant l’enregistrement de la perte pondérale, notamment chez les hommes de 50 ans et plus, les femmes de 60 ans et plus, ainsi que chez les plus jeunes qui ont des symptômes cliniques ou des anomalies biologiques concomitantes.

    Environ 4,8 % des patients avec une perte de poids inattendue ont reçu un diagnostic de cancer dans les six mois suivant le premier enregistrement de cette perte. Chez les hommes de plus de 50 ans et les femmes de plus de 60 ans, la probabilité de cancer dépassait le seuil de 3% fixé par le NICE (National Institute for Health and Care Excellence) pour justifier une investigation urgente. L’étude est publiée dans The BMJ.

    Prédictivité améliorée en fonction de symptômes associés

    L’étude met en lumière 17 symptômes associés à un risque accru de cancer chez les hommes de moins de 50 ans, et 8 chez les femmes du même groupe d’âge, lorsque la perte de poids inattendue est présente. Parmi les signes les plus prédictifs figurent la présence de masses rectales chez les hommes (rapport de vraisemblance positif de 21,00) et de masses pelviennes chez les femmes (19,46).

    Des anomalies biologiques telles que l’hypoalbuminémie, la thrombocytose et un taux élevé de protéine C-réactive sont également fortement associées à la présence d’un cancer dans ce contexte, avec des rapports de vraisemblance positifs allant de 3,01 à 3,48. Il est intéressant de noter qu’aucun résultat de test sanguin normal ne permet d’exclure totalement un cancer chez les patients ayant une perte de poids inexpliquée.

    Implications pour la pratique clinique

    Les données de cette étude proviennent des dossiers de santé électronique du Clinical Practice Research Datalink (CPRD), liés au National Cancer Registration and Analysis Service. Ces dossiers couvrent une période de presque 20 ans et offrent une cohorte robuste pour l’analyse. En plus d’exclure les patients ayant un antécédent de cancer, l’étude a utilisé une fenêtre temporelle spécifique pour associer les symptômes et résultats biologiques à la perte de poids. Cela renforce la fiabilité des résultats et leur applicabilité dans le cadre des soins primaires. Cependant, certaines limites, telles que le biais de test et l’absence de données précises sur la gravité des maladies associées, doivent être prises en compte. Ces résultats encouragent les médecins à considérer la perte de poids inattendue en fonction d’autres signes cliniques et biologiques et à prescrire des investigations plus précoces pour les groupes à risque identifiés, en particulier une NFS-plaquette, une CRP et une albuminémie.

    Perspectives et conclusion

    Les résultats de cette étude remettent en question les seuils actuels de dépistage du cancer pour les patients plus jeunes au Royaume-Uni et appellent à une révision des recommandations cliniques concernant la perte de poids inexpliquée, en tenant compte des co-occurrences cliniques et biologiques. Des centres de diagnostic rapide pourraient aider à investiguer ces symptômes non spécifiques de manière plus efficace.

    En somme, la perte de poids inattendue, lorsqu’elle est associée à des signes cliniques ou des anomalies biologiques, mérite une attention particulière pour ne pas retarder le diagnostic de cancers potentiellement agressifs.

     

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