Pneumologie

Emphysème : la force et la forme du diaphragme améliorées par la réduction de volume par valves endobronchiques

La réduction d'emphysème par voie endoscopique améliore la conformation et la force du diaphragme, ce qui est en corrélation avec l’évolution clinique favorable des patients éligibles et répondeurs aux valves endo-bronchiques. Ces mécanismes physiologiques fortement suspectés sont désormais démontrés.  D’après un entretien avec Nathalie BAUTIN.

  • 29 Aoû 2024
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    Une étude, dont les résultats sont parus en juillet 2024, dans Thorax, a cherché à confirmer le mécanisme physiologique par lequel la pose de valves endo-bronchiques chez les patients BPCO améliorait la dyspnée et la capacité à l’exercice. Pour réaliser cette étude, les auteurs ont inclus 19 patients BPCO sévères ayant bénéficié de la pose de valves endo-bronchiques par voie endoscopique, selon les indications habituelles de traitement, et dont le volume du lobe cible diminuait de plus de 50%. Quatre patients non répondeurs ont été exclus. Les patients ont été réévalués sur le plan clinique et fonctionnel à 3 mois du traitement par valves. La forme du diaphragme a été évaluée par le scanner ; la force du diaphragme a été évaluée par la mesure de la pression trans-diaphragmatique sous stimulation magnétique des nerfs phréniques,.

     

    Un lien entre l’amélioration de la force du diaphragme et l’amélioration clinique

     

    Le docteur Nathalie BAUTIN, praticien hospitalier à l’Institut Cœur-Poumon du Centre Hospitalier Universitaire de Lille, explique que l’objectif de ce travail, était de confirmer un mécanisme physiologique, déjà suspecté. Elle rappelle que les patients BPCO distendus traités par valves endoscopiques voient leur qualité de vie s’améliorer, ainsi que leur capacité d’exercice, en lien avec la diminution de la distension pulmonaire. Un des principaux mécanisme par lequel la distension entraine une dyspnée et une limitation de l’exercice est  que l’augmentation de volume pulmonaire aplatit le diaphragme et diminue la surface de la zone d’apposition, qui correspond à la composante verticale contractile du diaphragme. Ces modification de conformation entrainent une diminution de la capacité de contraction du diaphragme. Les résultats de ce travail ont montré que la pression trans-diaphragmatique sous stimulation magnétique est passée de 7 à 10 cmH2O (pour une normale supérieure à 23 cmH2O), 3 mois après le traitement par valves,  ce qui est significatif et pertinent. Cette amélioration de la force est probablement en lien avec l’amélioration de la forme du diaphragme puisque les auteurs rapportaient une augmentation de ses diamètres, de ses rayons de courbure, de sa surface totale et surtout de la surface de la zone d’apposition. Cette étude montre qu’il existe une corrélation entre l’amélioration de la force diaphragmatique et la diminution du volume pulmonaire total et l’augmentation de la capacité d’exercice.

     

    La force des muscles inspiratoires pourrait être évaluée comme critère de réponse au traitement

     

    Nathalie BAUTIN explique que ce mécanisme physiologique, fortement suspecté puisque déjà démontré après chirurgie de réduction de volume pulmonaire, semble confirmé et ajoute que l’évaluation non invasive de la force musculaire inspiratoire pourrait être évaluée comme critère de réponse au traitement. Chez les sujets atteints de BPCO, il peut coexister une diminution de la force diaphragmatique, liée à la dénutrition et à l’inflammation mais la dysfonction diaphragmatique est principalement due à la distension thoracique.

     

    En conclusion, le diaphragme tient un rôle clé dans l’amélioration clinique des patients BPCO traités par valves endobronchiques. Ce mécanisme physiopathologique pourrait être à prendre en compte dans l’évaluation de ces patients.

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