Pneumologie

La cryobiopsie en première intention : une stratégie à encourager pour les pneumopathies interstitielles diffuses

La cryobiopsie en première ligne pour le bilan histologique d'une pneumopathie interstitielle diffuse est une stratégie  à promouvoir car elle présente des avantages en terme de sécurité, de durée moyenne de séjour et de fiabilité. Elle ne doit cependant pas empêcher la biopsie chirurgicale dans un second temps D’après un entretien avec Clément FOURNIER.

  • 13 Jun 2024
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    Une étude, dont es résultats sont parus en avril 2024, dans le Lancet Respiratory Medicine, a cherché à évaluer la place de la cryobiopsie dans le bilan diagnostique des pneumopathies interstitielles chroniques, par rapport à la biopsie chirurgicale, jusque-là connue pour être la méthode la plus couramment utilisée chez les patients nécessitant une biopsie, cas relativement fréquent. Il s’agit d’une étude réalisée aux Pays-Bas, multicentrique, pour laquelle les auteurs ont randomisé des patients issus de six centres hospitaliers, en deux groupes : l’un avait la biopsie chirurgicale d’emblée et le second bénéficiait d’une cryobiopsie en première intention. La biopsie chirurgicale était autorisée en deuxième intention dans le second groupe, dans les cas pour lesquels la cryobiopsie était insuffisante. Au total, 122 patients ont été repérés, 44 d’entre eux ont refusé l’inclusion, 23 ont été exclus et 55 ont été inclus. Vingt-sept patients ont eu la biopsie chirurgicale d’emblée et vingt-huit ont eu une cryobiopsie en première intention.

     

    Des résultats très convaincants

    Le professeur Clément FOURNIER, chef du service d’Endoscopie Respiratoire du Centre Hospitalier Universitaire de Lille,  explique que, parmi les patients qui ont eu la biopsie chirurgicale d’emblée, trois ont été exclus : l’un est décédé, un autre s’est amélioré et le troisième a retiré son consentement. Parmi eux, onze ont eu un drain thoracique pendant plus de 24 heures. Le niveau de diagnostic final était excellent  (88%) mais la durée moyenne de séjour était de 5 jours, et douze évènements indésirables sérieux ont été recensés. Dans le groupe ayant bénéficié de la cryobiopsie, seuls trois patients ont eu besoin d’une biopsie chirurgicale ensuite. Pour 23 patients, la cryobiopsie suivie d’une discussion pluridisciplinaire a permis un diagnostic de certitude, soit dans 82% des cas. Les deux patients qui n’ont pas eu de biopsie chirurgicale dans un second temps ont quand même vu les diagnostics différentiels éliminés et ont pu bénéficier d’un traitement. Ainsi, pour Clément FOURNIER, le niveau de diagnostic est équivalent dans les deux groupes, alors que la durée moyenne de séjour en cas de cryobiopsie était d’un seul jour et un seul patient de ce groupe a eu un drain thoracique. Clément FORUNIER conclue donc que la cryobiopsie a permis d’éviter la biopsie chirurgicale chez 25 patients sur 28, ce qui est énorme, pour un même niveau de diagnostic. L’introduction de la cryobiopsie dans la prise en charge  de ces patients a permis une attitude graduelle qui a abouti au traitement de 27 patients sur 28, en éliminant les diagnostics différentiels, puisqu’un seul patient n’a pas eu de diagnostic de certitude malgré les deux techniques.

     

    Une stratégie à proposer et à encourager

    Clément FOURNIER estime que cette étude a un grand intérêt car elle valide les pratiques utilisées par les centres équipés du matériel pour la cryobiopsie. Les résultats de ce travail démontrent l’intérêt de la stratégie incluant la cryobiopsie avant la biopsie chirurgicale dans la prise en charge de pathologies pulmonaires interstitielles. Il précise que la biopsie chirurgicale est la prise en charge de référence mais la cryobiopsie prend de plus en plus de place et elle doit être proposée systématiquement quand les centres disposent de l’expertise et du matériel. Pour Clément FOURNIER, il aurait été pertinent d’ajouter une évaluation économique mais il apparait évident que la cryobiopsie est moins coûteuse. Il souligne toutefois, qu’en France, la techniques utilisée est un peu différente et que le nombre de pneumothorax observés est plus important. Il insiste cependant sur le fait qu’il faut inclure la cryobiopsie dans la démarche diagnostique des maladies pulmonaires interstitielles, et il ajoute qu’elle a un meilleur rendement  si la biopsie chirurgicale est autorisée dans un second temps.

     

    En conclusion, ce travail prouve que la cryobiopsie doit être l’examen diagnostic de première intention, à condition de ne pas s'empêcher de faire une biopsie chirurgicale, dans un second temps si nécessaire. Il faut promouvoir cette technique et encourager les centres à s’équiper et à former les pneumologues interventionnelles à cette pratique.

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