Pneumologie

Le nuancier des expectorations : un outil pronostique dans les bronchectasies.

La couleur des expectorations est un marqueur simple de l’inflammation neutrophilique chez les patients atteints de dilatation des bronches. Des résultats concrets associés à des facteurs de multiples facteurs de sévérité de la maladie. D’après un entretien avec Pierre-Régis BURGEL.

  • 16 Mai 2024
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    Une étude, dont les résultats sont parus en avril 2024 dans l’European Respiratory Journal, a cherché à évaluer l’intérêt de prendre en compte les nuances de couleur des expectorations chez les patients atteints de dilatation des bronches. Pour cela, les auteurs ont utilisé le registre EMBARC, qui est un registre européen, issu de 31 pays différents, de patients atteints de dilatation des bronches. Il comporte environ 20 000 patients dont 13 500 ont été inclus dans cette étude. Il s’agit d’une étude prospective au cours de laquelle les investigateurs ont procédé à une classification des crachats par échelle de couleur. En fonction de leur coloration, les expectorations ont donc été classées en mucoïdes, muco-purulentes, purulentes et très purulentes.

     

     Un nuancier déjà utilisé pour la BPCO

    Le professeur Pierre-Régis BURGEL, responsable du Centre de Référence des Maladies Rares et Mucoviscidose, dans le service de pneumologie de l’Hôpital Cochin, à Paris, et auteur de ce travail rappelle que l’observation des nuances de couleurs des expectorations purulentes est une notion qui est déjà utilisée dans la BPCO et ses exacerbations. Il explique que plus il y a de polynucléaires neutrophiles dans les expectorations, plus leur couleur est foncée, car elle est liée à la myélopéroxydase contenue dans les polynucléaires neutrophiles. Pour lui, cette étude est intéressante car elle transpose les résultats déjà observés dans la BPCO à la dilatation des bronches dont les principaux symptômes, outre les bronches dilatées, sont la toux accompagnée de crachats, habités de façon chronique par des bactéries,  et les exacerbations. Les résultats de ce travail ont montré que  sur les patients inclus, plus de 2500 d’entre eux avaient des crachats franchement purulents, environ 5000 avaient des crachats muco-purulents et 5000 avaient de crachats mucoïdes.

     

    Un outil simple comme marqueur d’inflammation

    Pierre-Régis BURGEL explique que les résultats de ce travail ont montré que plus les expectorations sont purulentes, plus le score de sévérité de la dilatation des bronches est élevé. De même, plus les expectorations sont purulentes, plus les anomalies scanographiques sont importantes. La charge bactérienne est également plus importante dans ce cas, ainsi que le volume des expectorations et ces résultats sont associés à une mortalité plus élevée. Pierre-Régis BURGEL estime que ce critère de couleur est simple et peu sophistiqué mais qu’il correspond à un très bon marqueur de l’inflammation neutrophilique, tant il est associé à de multiples facteurs de sévérité de la maladie. Il ajoute qu’un traitement ciblé sur ce phénomène est en cours d’étude et que les travaux, déjà bien avancés, sont prometteurs.

     

    En conclusion, les données issues de cette études sont convaincantes et à partir de la simple observation de la couleur des expectorations, le pronostic peut être évalué et la prise en charge adaptée, probablement de manière encore  plus précise dans l’avenir. Des résultats concrets, simples et efficaces…

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