63 ans en moyenne
Diabète : l'espérance de vie en bonne santé est réduite
La durée de vie en bonne santé des personnes diabétiques est inférieure de presque 10 ans à la moyenne, d’après une étude australienne.
Il est courant en médecine de raisonner en espérance de vie lorsqu’une pathologie se présente. La qualité de vie vient ensuite. Pour certaines maladies chroniques, surtout celles qui peuvent se déclarer très tôt, son importance est pourtant capitale. Chez les personnes diabétiques, l’espérance de vie sans handicap est réduite de presque dix ans, soit trois fois plus que l’espérance de vie simple, d’après une étude réalisée par le Baker IDI Heart and Diabetes Institute (Australie) et publiée dans la revue scientifique Diabetologia.
Pour obtenir ces résultats, les chercheurs ont étudié les données d’un groupe de plus de 11 000 diabétiques australiens suivis entre 1999 et 2005. Ils en ont extrait les statistiques suivantes : à l’âge de 50 ans, l’espérance de vie moyenne d’une personne diabétique est de 30 ans pour les hommes et 34 ans pour les femmes, soit environ 3 ans inférieure aux non diabétiques.
Mais lorsqu’ils se sont intéressés à l’espérance de vie sans handicap, les chercheurs australiens se sont aperçus qu’elle était beaucoup plus réduite. A 50 ans toujours, elle est d’environ 13 ans pour les hommes comme pour les femmes, soit respectivement 8 et 9 ans plus faible que dans la population non diabétique.
Des pathologies handicapantes liées au diabète
Les chercheurs australiens citent les problèmes vasculaires provoquant des troubles visuels, la réduction de la capacité de déplacement, voire des problèmes cognitifs liés à l’âge plus importants. Mais les handicaps potentiels liés au diabète peuvent être plus étendus.
« Cette année, j’ai 57 ans, c’est ma 50e année de diabète, et je suis en invalidité depuis douze ans », explique Serge Taïeb, un patient contacté par Pourquoidocteur. « J’ai eu une rétinopathie diabétique vers 22 ans qui a réduit mon champ de vision. Il y a quinze ans, j’ai été greffé d’un rein, après un an et demi de dialyse. Suite à la greffe, je me sentais vraiment fatigué. »
« Le médecin du travail avait été très clair, poursuit l’ancien coursier. Il se déplaçait pour aller voir mes responsables, pour leur indiquer mes heures de repas et mon temps de repos nécessaire. Il me disait : "En cas de problème à votre travail, n’hésitez pas à m’appeler pour que je vienne prendre votre défense". La médecine du travail a été très efficace. »
Suite à sa greffe de rein, un médecin de la sécurité sociale lui a alors présenté un choix : continuer à travailler, sans doute dans de moins bonnes conditions, ou se mettre en invalidité pour gagner en qualité de vie, quitte à perdre un peu de confort financier
Vivre un peu moins bien, mais pas si mal
Un choix qu’a finalement fait Serge Taïeb, anciennement coursier moto, pour qui le risque d’hypoglycémie représentait aussi un danger important dans l’exercice de son travail. Il n’a pas eu de chance dans l’accumulation des pathologies et des traitements, mais l’intervention du médecin du travail lui a permis de s’arrêter de travailler.
S’il ne s’étonne pas des chiffres rapportés pas l’étude australienne, Serge Taïeb reste optimiste, et pense qu’il est possible en France de conserver une certaine qualité de vie, malgré les handicaps, malgré les thérapies. « J’ai 57 ans, et je vois bien que par rapport aux personnes du même âge que moi, je fatigue plus vite, explique-t-il. Mais lorsque je rencontre des diabétiques, je leur dis toujours de se bouger. Le diabète se soigne de mieux en mieux. On peut vivre très bien : j’ai voyagé en moto à travers l’Europe, et j’apprends qu’aujourd’hui, on peut même faire de la plongée ! »