Centre européen de contrôle et de prévention des maladies

Tuberculose : 340 000 cas en Europe en 2014

Avec un quart des cas de tuberculose multi-résistante mondiaux, le bilan est mauvais en Europe. Les populations vulnérables doivent être mieux ciblées.

  • Par Audrey Vaugrente
  • oneblink/Pix5
  • 14 Avr 2016
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    La tuberculose recule en Europe. Mais son éradication est encore loin d’être atteinte selon une étude parue dans la revue Eurosurveillance. Ses auteurs, du Centre européen de contrôle et de prévention des maladies (ECDC) et du bureau européen de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), expliquent que les populations défavorisées passent trop souvent entre les mailles du filet sanitaire.

    Un quart des résistances en Europe

    En 2014, l’Europe a connu 37 cas de tuberculose pour 100 000 habitants. Un taux en recul de 4,3 % depuis 2010. Avec cette régression, le continent a surtout atteint les Objectifs du Millénaire, fixés par l’OMS. Mais ces 340 000 patients n’ont pas de quoi réjouir les signataires de l’étude.
    En effet, les personnes les plus vulnérables sont toujours aussi exposées à cette maladie infectieuse. Et les cas de multi-résistance se multiplient parmi les sans abri, les consommateurs de substances psychoactives (drogues et alcool) ainsi que les migrants issus de pays où la pathologie est endémique. « Un quart des 480 000 patients atteints de tuberculose multi-résistante vivaient dans la région Européenne en 2014 », souligne le Dr Zsuzsanna Jakab, directrice régionale de l’OMS en Europe.

    En finir avec les idées reçues

    Pour la directrice de l’ECDC, le Dr Andrea Ammon, les conditions de vie délabrées de ces populations sont clairement en cause. « Il est plus difficile pour certaines personnes de reconnaître les symptômes de la tuberculose », explique-t-elle dans un communiqué. Plus compliqué également d’accéder aux soins adaptés, et donc d’obtenir un traitement qui sera mené à son terme. « Nous devons réfléchir à des interventions adaptées à des personnes aussi fragiles, ce qui peut inclure des équipes de sensibilisation ou un traitement direct », tranche le Dr Ammon.

    Pour cela, les facteurs de risque doivent être clairement identifiés, rappellent les auteurs de l’étude. Les idées reçues doivent aussi être éradiquées. Ils reconnaissent que le pays d’origine est un facteur d’influence. Mais la migration n’est pas forcément au cœur du problème. En Syrie, par exemple, le taux de nouveaux cas est moitié plus faible qu’en Europe. Les chercheurs rappellent aussi que la tuberculose n’est pas facilement transmissible, contrairement à sa réputation.

    25 % de cas d’origine étrangère

    La directrice de l’ECDC lance l’alerte : si les groupes vulnérables ne sont pas atteints efficacement, la tuberculose ne pourrait pas être éradiquée sur le continent européen. L’une des solutions consisterait à offrir une couverture maladie universelle aux réfugiés et aux migrants, qu’ils possèdent ou non des papiers en règle. En effet, 25 % des cas de tuberculose répertoriés étaient d’origine étrangère.

    Des mesures de prise en charge sont déjà en place. L’Europe est la seule région à proposer un dépistage de la tuberculose et une prise en charge aux personnes souhaitant entrer dans ses frontières dans un document de consensus. Il inclut une interdiction de toute déportation tant que le traitement n’a pas été mené à son terme.

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