Selon le Haut Conseil de la Santé Publique

VIH, IST : le plan 2010-2014 n'a pas fait baisser les contaminations

Le Haut Conseil de la Santé Publique a évalué le plan national de lutte contre le VIH et les autres IST pour la période 2010-2014. La stratégie doit être affinée.

  • Par Marion Guérin
  • Crédit : 5pix/alexskopje
  • 13 Avr 2016
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    Peut mieux faire. C’est, en substance, la conclusion du rapport publié ce jour par le Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP), qui a évalué le « Plan national de lutte contre le VIH-sida et les infections sexuellement transmises (IST) 2010-2014 » - le cinquième à avoir vu le jour en France.

    Piliers centraux de la politique publique en matière d’IST, ces plans ont permis le « déploiement d’orientations et d’outils stratégiques ». Pour autant, ils n’ont pas toujours rempli leurs objectifs. Ainsi, le dernier plan visait une réduction de 50 % de l’incidence de l’infection par VIH, et de la proportion de personnes découvrant leur séropositivité au stade sida.
    Il avait également pour objectif une réduction globale de l’incidence (nouveaux cas) des gonococcies, de la syphilis et des infections par le papillomavirus, ainsi que la prévalence (nombre total de cas) des chlamydioses et des infections par l’herpès.

    Objectif raté

    Or, il n’en a rien été. En 2013, le nombre de diagnostics n’a pas baissé : il est resté stable par rapport à 2012 avec 6 220 nouveaux cas. L’incidence du VIH se stabilisechez les hétérosexuels et les usagers de drogues injectables. Chez les HSH (hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes), « elle a tendance a augmenter », rappellent les auteurs. Les diagnostics se font toutefois de plus en plus précocement, ce qui tend à réduire la proportion de personnes découvrant leur séropositivité au stade sida.

    Quant aux autres IST, la tendance est à la hausse « très marquée » pour nombre d’entre elles – gonococcies, syphilis. En revanche – et c’est un tort – aucun dispositif ne permet de juger de l’évolution de la prévalence et de l’incidence des chlamydioses, ni des contaminations par les papillomavirus et l’herpès, souligne le rapport.

    « Malgré une politique volontariste, la baisse des contaminations n'a pas eu lieu », regrette les auteurs, qui estiment que si le plan a globalement manqué ses objectifs chiffrés en matière de VIH, c’est notamment qu’il a placé la barre trop haut – et au mauvais endroit. « Les objectifs quantifiés du plan ont été définis pour être mobilisateurs. Ambitieux, ils avaient été définis indépendamment de toute modélisation ou prospective sur l’évolution de l’épidémie. Ainsi, leur pertinence est discutable », peut-on lire.

    Actualiser les recommandations

    Les membres du Haut Conseil émettent plusieurs recommandations pour améliorer l’efficacité du plan et éviter les nouvelles contaminations. Ils préconisent ainsi d’ « amplifier l’approche par population : adolescents, étudiants, migrants de pays de forte endémie, HSH, populations des DOM, populations trans, PSP, populations incarcérées ».
    Un effort doit également être réalisé pour « améliorer la sensibilisation au danger des substances psychoactives à visée de performance sexuelle », qui semblent gagner en popularité.

    Par ailleurs, étant donné la présence de nouveaux modes de dépistage (par autotest disponible en pharmacie), de traitement et de prévention combinée (avec l’arrivée de la PrEP), les rapporteurs demandent une révision des recommandations par la HAS (Haute Autorité de Santé), et dans les plus brefs délais.

    « L’offre et la pratique de dépistage VIH mais aussi des principales IST (syphilis, gonococcie, infections à Chlamydia et hépatites) doivent être substantiellement augmentées dans les populations exposées grâce à une politique redéfinie et adaptée aux contextes régionaux (populations, offre de services de prévention, de dépistage et de soins) ».

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