Selon Human Rights Watch

Arsenic : 20 millions de Bangladais boivent de l’eau contaminée

Plus d’une vingtaine d’années après la découverte du problème au Bangladesh, l’arsenic contenu dans les eaux des puits fait 43 000 morts par an.

  • Par Caroline Delavault
  • Crédit photo: Atish Saha pour Human Rights Watch 2016
  • 08 Avr 2016
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    20 millions. C’est le nombre d’habitants en contact avec l’arsenic au Bangladesh. Ce mercredi, un rapport de l’organisation Human Rights Watch (1)  a dénoncé l’inaction du gouvernement bangladais face à la crise sanitaire qui sévit depuis maintenant 20 ans. A l’origine, des puits à faible profondeur dans des zones rurales particulièrement pauvres ont été construits par les habitants, ignorant qu’ils étaient exposés aux fortes doses d’arsenic présentes naturellement dans la terre. 

    43 000 morts par an

    A cause de la contamination de l’eau par cet élément chimique hautement toxique, 43 000 personnes décèdent chaque année, selon HRW. Ces décès sont souvent directement liés à des maladies cardiovasculaires, pulmonaires ou encore à cause de cancer, provoquées par l’exposition prolongée à l’arsenic. Les lésions cutanées font elles partie des premiers symptômes visibles. 

    Les malades ne receveraient aucun soin. Certains bangladais bénéficieraient, au mieux, « de vitamines et de pommades en guise de traitement », ajoute le quotidien Selon le journal Libération. Astha, 40 ans, témoigne :« Je ne suis jamais allée à l’hôpital. Je n’ai jamais vu de médecin. Je ne prends aucun traitement. Personne du gouvernement n’est venue me parler de l’arsenic, alors que, chaque jour, j’en souffre ».

    (1) Népotisme et négligence: absence de réponse au problème de l’arsenic dans l’eau potable des zones rurales pauvres du Bangladesh 

    5 % des nouveaux puits sont contaminés


    « Le gouvernement bangladais agit comme si le problème de l’arsenic avait été presque résolu. Mais à moins que le gouvernement et les donateurs internationaux fassent plus, des millions de bangladais vont mourir suite à des maladies liées à l’arsenic », martèle Richard Pearshouse, auteur du rapport et chercheur à HRW, interrogé par l’AFP.

    Entre 1999 et 2006, les autorités bangladaises avaient promis d’entreprendre de vaste « remplacements des puits contaminés », pour offrir de l’eau potable aux habitants. Entre juin et septembre 2015, l’HRW a analysé 125 000 points d’eau récemment installés (entre 2006 et 2012). Résultats : 5 % des nouveaux puits étaient contaminés par l’arsenic. Une source anonyme au sein du gouvernement, interrogée par l’ONG, constate  que « les parlementaires ont la possibilité de mal employer leur pouvoir et d’installer ces puits au profit de leurs partisans, plutôt que dans les zones nécessitantes ».

    Pour l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), le taux d’arsenic standard est de 10 microgrammes par litre d’eau maximum. Au Bangladesh, ce taux atteint parfois les 250 mg/l. En 2000, l’Organisation mondiale avait déclaré que le Bangladesh connaissait « la plus importante contamination de masse de l’histoire ». 




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