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Autistes : des chercheurs démontrent leur faculté d’empathie
Une étude vient mettre un terme à la confusion fréquente entre autisme et alexithymie, une pathologie qui rend compliquée l’interprétation des émotions.
« Les autistes sont froids, des machines à tuer calculatrices sans aucune considération pour la vie humaine ». Ce message avait été posté sur Facebook suite à une tuerie de masse survenue en octobre dernier dans l’Oregon (États-Unis) par un jeune homme, qui avait identifié comme étant autiste. C’est une croyance commune que les personnes souffrant d’autisme sont antisociales et dénuées d’empathie. Une croyance fausse, d’après une étude réalisée par l’International school for Advanced studies (SISSA), et publiée dans Scientific Reports.
Pour arriver à cette conclusion, les chercheurs ont présenté des dilemmes moraux à des personnes autistes. Typiquement, ils devaient faire un choix face à une proposition binaire entre l’action « purement rationnelle » de sacrifier volontairement la vie d’une personne pour en sauver plusieurs autres, ou de ne rien faire dans une situation de danger mortel pour ce dernier groupe.
Les autistes dénués d'empathie ? « Notre étude montre plutôt l’inverse », explique Indrajeet Patil, chercheur au SISSA et auteur principal de l’étude. « Les troubles autistiques sont associés à une empathie normale, voire même à une tendance plus importante à éviter ce qui pourrait blesser l’autre ». Ces situations provoquaient même un stress émotionnel important, lorsqu’ils tentaient d’éviter des actions fictives provoquant de la douleur, ajoute-t-il.
Deux troubles différents mais imbriqués
Il y a en réalité confusion entre autisme et alexithymie. Cet autre trouble est certes surreprésenté chez les personnes autistes, mais il existe aussi dans le reste de la population, notamment chez les patients présentant des syndromes psychosomatiques. Il se caractérise par une incapacité à comprendre les émotions, qu’elles soient propres ou extérieures.
« Pendant longtemps, l’alexithymie a été caractérisée comme un trait lié à l’autisme, mais nous savons maintenant qu’ils sont bien distincts », ajoute Giorgia Silani, ancienne neuroscientifique au SISSA et responsable du projet de recherche. « Dans l’alexithymie, on observe un manque de compréhension des émotions. Pour l’autisme, nous savons que c’est la théorie de l’esprit qui est défaillante, la capacité à attribuer des pensées à l’autre, ou à évaluer son état mental. »