Tribunal correctionnel de Nevers

Huit ans de prison requis contre le "dentiste boucher"

Le procureur a requis une peine de 8 ans de prison contre Jacobus Van Nierop, un faux dentiste néerlandais, accusé d'avoir mutilé une centaine de patients à Château-Chinon.

  • Par Julien Prioux
  • digerati/pix5
  • 14 Mar 2016
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    Surnommé le « dentiste de l'horreur », « Mark » Van Nierop, un faux médecin néerlandais, est jugé depuis la semaine dernière devant le tribunal correctionnel de Nevers. Il lui est reproché d'avoir mutilé plus d'une centaine de patients dans son ancien cabinet dentaire situé à Château-Chinon (Nièvre). Ce lundi matin, le Procureur de la République de Nevers a ainsi requis une peine de huit ans de prison à l'encontre du prévenu.

    « Dans notre cauchemar du Morvan, on ne trouve que cupidité, indifférence à l'autre, voire jouissance à faire souffrir », a fustigé le Procureur, Lucile Jaillon-Bru, qui a retenu des mutilations pour 53 plaignants, demandant la requalification pour 26 autres, notamment en « violences avec préméditation ».

    En effet, ce Néerlandais, aujourd'hui âgé de 51 ans, a exercé dans cette commune de plus de 2 000 habitants, entre 2008 et 2013, avant d’être mis en examen par la justice française pour « violences volontaires ayant entraîné une mutilation permanente », « escroquerie » et « faux et usage de faux ». Les faits reprochés sont particulièrement sordides.

    Des « anesthésies de cheval »

    Mark van Nierop pratiquait des « anesthésies de cheval », selon les témoignages. Une fois le patient assommé, il les aurait opérés en faisant fi des règles basiques d'hygiène et d'asepsie. Dans leurs gencives, certains ont retrouvé des bouts de fraise et de roulette, ou des morceaux de pansements. Le dentiste aurait disloqué des mâchoires, cousu des gencives avec la joue, arraché des dents saines sans motif médical - le tout surfacturé !

    Les victimes du « dentiste boucher », tel que le surnomment les médias, ont souffert de troubles variés, allant « d'un début de septicémie à l'infarctus en passant par toutes sortes de problèmes dentaires », précise le collectif dentaire de la Nièvre, qui rassemble une centaines de plaignants. Pour limiter l’apparition d’abcès et d’infections, le praticien aurait prescrit des antibiotiques à très hautes doses.

    Face à autant d'éléments à charge, la procureure a rappelé que la « base du dossier » repose sur «des soins inutiles et douloureux destinés à obtenir des remboursements » de l'assurance maladie. Quant à la personnalité du Néerlandais de 51 ans, la magistrate a décrit « un homme qui n'assume rien », préférant « fuir » quand il doit répondre de ses actes. 

    Jusqu'à 10 ans d'emprisonnement 

    Après sa mise en examen, le faux dentiste avait il est vrai pris la fuite au Canada, en décembre 2013. Là-bas, il aurait rencontré une femme sur Internet et aurait voulu s’installer avec elle, selon la presse locale. Sous le coup d’un mandat d’arrêt international, il avait été extradé l'an dernier au Pays-Bas, son pays d'origine.

    Mark van Nierop a toujours refusé son extradition en France, où il est aussi accusé du meurtre de sa première femme, qu’il aurait commis en 2006. L’enquête est toujours en cours. L’homme dit souffrir de « problèmes psychologiques » dont des « problématiques d'identité sexuelle et tendances suicidaires » nécessitant un traitement particulier disponible, selon lui, uniquement aux Pays-Bas. Un argument peu convaincant pour les juges, qui ont validé son transfert dans l'Hexagone.

    Actuellement, le Néerlandais, visage bouffi, s'est borné à répondre à la barre : « Pas de commentaire », alors que le tribunal évoquait le cas de chaque plaignant. Mercredi, au deuxième jour des débats, Le Parisien rapporte qu'il a toutefois reconnu être « responsable », avant de lâcher : « J'étais dans une situation psychique où les gens autour de moi ne m'intéressaient pas ».

    Il encourt dix ans d’emprisonnement et 150 000 euros d’amende. 

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