Enquête sur 600 élèves

Écrans : un écolier sur cinq se couche après 22 heures

Selon une enquête, 17 % des CE2-CM2 s'endorment après 22h en semaine. Pour les experts, ce sont notamment les écrans qui perturbent le sommeil et donc l'équilibre des enfants. 

  • Par Bruno Martrette
  • © Stocklib / Leung Cho Pan
  • 10 Mar 2016
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    A l'adolescence, le conflit générationnel entre les parents et leur progéniture est souvent à son apogée. Parmi les sujets récurrents de discorde, on trouve l'âge de l'arrivée du premier portable. Dans cette bataille que certains de nos lecteurs ont dû mener, ce sont les jeunes qui ont visiblement remporté la guerre du smartphone.
    En effet, selon une grande enquête (1) réalisée auprès de 600 élèves du CE2 à la 4ème, 28 % des CM1-CM2 (9-10 ans) ont un portable (dont 60 % un smartphone).

    Ce chiffre qui augmente au fil de l'âge (82 % des 6ème-4ème) n'est pourtant pas sans conséquence sur l'équilibre de nos enfants. « Avec l'accès à Internet, aux applications de réseaux sociaux et à leur messagerie qui est rendu possible, cette hyper connectivité peut être envahissante jusque dans leur sommeil », avertit Justine Atlan, directrice de l'Association e-Enfance.

    La lumière retarde l'endormissement 

    Chiffres à l'appui, l'étude montre que 25 % des collégiens qui ont un smartphone s'endorment après 23h en semaine. Dans les mêmes proportions, les collégiens équipés d'un portable le gardent allumé et connecté près d'eux toute la nuit.

    Contactée par Pourquoidocteur, le Dr Sylvie Royant-Parola (1), psychiatre et spécialiste du sommeil, n'hésite pas à faire une relation de cause à effet : « L'ordinateur, les jeux sur console ou sur ordinateur, l'utilisation d'Internet et du téléphone mobile sont associés à des éveils et à un sommeil de médiocre qualité ». Ainsi, la spécialiste explique que des études ont démontré que « la lumière agit directement en augmentant les niveaux d'activité et d'éveil et retarde l'endormissement ».

    Pire encore, « les programmes de télévision ou de certains jeux violents ou stimulants peuvent entraîner des tensions, et augmenter l'anxiété qui génère à son tour des difficultés d'endormissements », précise-t-elle.

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    Dr Sylvie Royant-Parola, présidente du Réseau Morphée : « Quand la chambre est plongée dans le noir, l'écran paraît encore plus lumineux qu'avec une lumière d'ambiance. L'effet sur la rétine est plus fort... »

    Dur dur de fonctionner le lendemain 

    La présidente de l'association Réseau Morphée indique par ailleurs que ces comportements touchent aussi les plus jeunes puisque 17 % des CE2-CM2 se couchent après 22 h. Conclusion, bon nombre d'entre eux n'ont pas la dose de sommeil recommandée qui se situe entre 9-11h pour les enfants de 6 à 13 ans.

    Cet état de privation de sommeil « chronique » a des conséquences immédiates sur leur équilibre. Parmi eux, des effets sur la vigilance, la concentration, le tout entraînant des capacités de compréhension et de mémorisation plus faibles. Bref, le fait que ces enfants ne disposent que de 7-8h de sommeil par nuit peut les pénaliser à l'école.

    Ecoutez...
    Dr Sylvie Royant-Parola : « Lorsque le sommeil n'est pas respecté, le corps déclenche des résistances au niveau de la sécrétion de l'insuline. On constate une tendance à l'obésité chez les enfants qui ne dorment pas assez...»

    Les recommandations pour se déconnecter 

    Afin d'éviter ces comportements à risques, le Dr Sylvie Royant-Parola appelle les parents à prendre conscience que le sommeil chez un enfant est « une priorité absolue pour le fonctionnement le lendemain ». Le sondage révèle il est vrai que la moitié des parents des 8-13 ans ne leur demandent jamais de leur donner leur portable le soir avant de se coucher. Pourtant, « ce sont les gardiens de l'endormissement », rappelle la médecin.

    Pour assumer correctement ce rôle, « ils doivent les accompagner avec des consignes strictes par rapport à l'usage du téléphone ». Comme exemple concret, la spécialiste cite l'arrêt du téléphone à une distance suffisante du sommeil, c'est-à-dire 1h-1h30 avant d'aller se coucher pour les écoliers. « Et le téléphone doit être totalement arrêté pour éviter les alertes et les réponses aux sollicitations en début de soirée ou au cours de la nuit », ajoute-t-elle.

    Côté collégiens, les consignes sont plus souples, ils doivent éteindre leur téléphone 1h avant d'aller se coucher. Des recommandations qui ne vont pas manquer de raviver les jalousies entre enfants au sein des familles. Pour les régler, les parents peuvent opter pour le tous au lit ! Une méthode plus radicale pour préserver le sommeil de ses enfants... 

    Ecoutez...
    Dr Royant-Parola : « Le problème pour les parents n'est pas celui de l'achat ou pas d'un téléphone à l'enfant. Ils doivent juste lui apprendre à s'en servir...»

    Difficile de déconnecter avec les réseaux sociaux
    D'après cette grande enquête menée grâce à un questionnaire par Internet, l'hyper connectivité des jeunes est en grande partie liée aux réseaux sociaux auxquels ils sont complètement accros. Ainsi, 17 % des CM1-CM2 sont sur un réseaux social. Cette proportion monte même à 38 % chez les 6ème, et 78 % en classe de 4ème.
    On l'a compris, avec Snapchat, Instagram, ou encore Facebook, il est difficile pour les élèves de se déconnecter la nuit !

      

    (1) L'enquête « Le sommeil des jeunes, pays des écrans en veille » a été entièrement réalisée, du 8 au 17 décembre 2015, par les 1ères STMG du lycée Jeanne d'Arc à Colombes (92), encadrés par deux professionnels et par deux associations : le Réseau Morphée (réseau de santé spécialiste du sommeil) et e-Enfance (sensibilisation des jeunes aux usages des technologies).

     

    Un écolier sur cinq se couche après 22 heures en semaine selon une enquête Association e-Enfance - Réseau Morphée

    Posté par Pourquoi docteur sur jeudi 10 mars 2016

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