Lettre ouverte à Marisol Touraine

Greffes de rein : les patients réclament l'accès à un médicament

Depuis 2013, Renaloo se bat pour obtenir le remboursement d'un nouvel antirejet, dont l’accès reste interdit aux Français mais disponible dans d'autres pays.

  • Par Julien Prioux
  • Bruce Asato/AP/SIPA
  • 04 Fév 2016
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    Les patients greffés du rein toujours privés du traitement antirejet le plus efficace ! C'est ce que dénoncent ce jeudi l'association Renaloo et la Société francophone de Transplantation qui réclament à Marisol Touraine, ministre de la Santé, le remboursement du belatacept.

    « Ce produit est un antirejet efficace, dénué de toxicité pour le rein, qui a la particularité d’être très bien toléré et de ne pas provoquer d’effets secondaires cardiovasculaires ou métaboliques », explique un communiqué de l'association. Une bonne nouvelle, car ces maux sont la première cause de mortalité chez les patients greffés. Mieux, ce nouvel antirejet donne des résultats supérieurs aux traitements de référence. La preuve avec des données récentes publiées le 28 janvier 2016 dans le New England Journal of Medicine (NEJM). Elles montrent que « l’écart d'efficacité entre ce produit et les autres se creuse avec le temps et devient considérable », rapporte Renaloo.

    Pour la première fois depuis 30 ans, un antirejet fait diminuer le risque de décès ou de perte du greffon rénal de 43 % après 7 ans de traitement, et améliore de plus de 30 % de la fonction des reins greffés (fonction rénale 78 ml/min/1.73m2 sous belatacept contre 51 ml/min/1.73m2 sous ciclosporine).
    Les chercheurs estiment même que le belatacept pourrait prolonger d’environ deux ans en moyenne la durée de vie des greffons, qui est actuellement d’environ 13 ans en valeur médiane. « Et deux ans de greffe en plus, c’est deux ans de dialyse en moins, ce n’est pas rien », souligne Renaloo.

    Pour les patients d’abord… Mais aussi pour le système de santé. « Cet allongement de la survie des greffons pourrait permettre à l’Assurance Maladie d’économiser environ 70 000€ par patient », avance l'association. Les autorités préfèrent, elles, retenir le prix de ce médicament, supérieur d’environ 3000€ par an aux antirejets existants.

    Beaucoup de pays le remboursent déjà

    Pourtant, malgré tous ces éléments en faveur du remboursement du produit, les autorités de santé françaises considèrent, depuis sa mise sur le marché, que l’Amélioration du Service Médical Rendu (ASMR) par le belatacept est « mineure », ce qui implique qu’il ne « mérite pas » d’être remboursé. « Et donc que les patients français ne méritent pas d’y accéder », ajoute Renaloo.
    D'autres pays voient, eux, les choses différemment. L’Allemagne a jugé que le belatacept fait partie des rares médicaments « d’intérêt thérapeutique considérable », qui est aussi remboursé en Suède, en Norvège, en Suisse, en Autriche, en Irlande, en Finlande, au Danemark et même aux Etats-Unis...

    « Les patients sont lassés d’attendre ». Renaloo et la Société francophone de Transplantation, soutenus par plusieurs spécialistes (1) en greffe rénale, demandent dans une lettre ouverte à Marisol Touraine  de permettre « sans délai » la prise en charge financière du belatacept.

    (1) Pr Gilles Blancho (CHU de Nantes), Pr Lionel Couzi (CHU de Bordeaux) Pr Antoine Durrbach (Hôpital Bicêtre, Le Kremlin-Bicêtre), Pr Philippe Grimbert (Hôpital Henri Mondor, Créteil), Pr Pierre Merville, (CHU de Bordeaux), Pr Emmanuel Morelon, (Hôpital Edouard Herriot, Lyon), Pr Lionel Rostaing (CHU de Toulouse)

     

    Greffes de rein : Les patients réclament l'accès à un médicament. La lettre ouverte de Renaloo : insuffisance rénale,...

    Posté par Pourquoidocteur sur jeudi 4 février 2016

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