Virus Zika

Microcéphalie : un futur incertain pour des milliers de bébés

Les microcéphalies liées au virus Zika inquiètent les autorités sanitaires mondiales. Cette malformation peut entraîner un retard mental irréversible.

  • Par Anne-Laure Lebrun
  • Felipe Dana/AP/SIPA
  • 03 Fév 2016
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    Pour l’Organisation mondiale de la santé, l’explosion du nombre de cas de microcéphalie au Brésil constitue « une urgence de santé publique de portée mondiale ». Elle exige la mise en place de « mesures énergiques » pour enrayer l’épidémie du virus Zika.

    Depuis son arrivée au printemps 2015, plus de 3 800 bébés ont été atteints de microcéphalie, contre 150 l’année précédente. Ces nourrissons infectés lors de la grossesse naissent avec un périmètre crânien inférieur à 33 centimètre et souffriront d’un retard mental variable mais irréversible.

    Aucune preuve scientifique ne permet de confirmer le lien entre le virus Zika, transmis par les moustiques Aedes Aegypti et Aedes albopictus, et cette malformation congénitale rare. Rien ne permet de l’infirmer non plus. De ce fait, « le virus Zika est coupable tant que son innocence n’est pas prouvée », a déclaré ce jeudi le Dr Anthony Costello, haut responsable de l’OMS en charge de la santé maternelle et infantile.


    D'autres causes potentielles

    Néanmoins, d’autres causes de microcéphalie sont connues. L’exposition in utero à des toxiques comme l’alcool, le mercure ou encore des médicaments, certaines infections au cours de la grossesse (toxoplasmose, rubéole, syphilis, cytomégalovirus ou le VIH) peuvent causer cette malformation. En outre, des anomalies chromosomiques (trisomie 21) ou génétiques, encore inconnues pour un grand nombre d’entre elles, sont également en cause.

    Aujourd’hui, il est possible de diagnostiquer la microcéphalie à la fin du second trimestre de grossesse grâce à l’échographie. En France, si une microcéphalie est découverte, le gynécologue proposera aux parents de réaliser des examens de diagnostic anténatal, et éventuellement une consultation de génétique.


    Un futur incertain

    Mais malgré ce diagnostic, les médecins ne peuvent pas toujours évaluer le pronostic de l’enfant. « Pour ce qui est des microcéphalies liées au virus Zika il n’y a pas encore de publication mais la problématique est la même que pour les autres microcéphalies liées à une infection virale contractée pendant la grossesse, explique à Pourquoidocteur le Dr Caroline Karsenty, neuropédiatre au CHU de Toulouse. Les conséquences peuvent varier entre des retards modérés de développement psychomoteur jusqu’à des difficultés sévères de développement avec des handicaps moteurs et intellectuels ».

    Certains de ces enfants souffriront d’épilepsie, de paralysie cérébrale, de troubles de l’apprentissage, d’une perte d’audition ou de la vision. Tandis que d’autres se développeront normalement sans trop de séquelles, à l’image d’Ana Carolina Caceres (voir encadré), une jeune journaliste brésilienne atteinte de cette malformation.

    L’OMS rappelle qu’aucun traitement contre la microcéphalie n'est aujourd'hui disponible. Le suivi par une équipe multidisciplinaire et les interventions précoces permettent aux enfants touchés par cette malformation de se développer et de s’épanouir. Le soutien aux parents est également crucial, souligne l’agence onusienne.

    « La microcéphalie est une boîte à surprise »

    A la naissance d’Ana Carolina Caceres, les médecins étaient persuadés qu’elle était vouée à une mort certaine. Qu’elle ne marcherait pas, qu’elle n’apprendrait jamais à écrire ou à parler. Pourtant, à 24 ans, cette jeune brésilienne atteinte de microcéphalie est journaliste. Dans un livre, sur son blog, et aujourd’hui sur le site de la BBC, Ana Carolina Caceres tient à démontrer qu’il est possible d’avoir une vie « normale » malgré cette malformation.

    « La microcéphalie est une boîte à surprise : vous pouvez souffrir de sérieux problèmes de santé ou, au contraire, aller très bien », écrit-elle. La jeune femme reconnaît toutefois que la vie des enfants microcéphales est plus difficile et douloureuse que les autres. Elle a subi 5 opérations et pris des antiépileptiques durant 12 ans pour limiter les convulsions. « Mais aujourd’hui, je suis capable de jouer du violon », se réjouit-elle.

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