Poux, ténia, ...

Antiquité : l'empire romain était infesté de parasites

Bien que les Romains aient introduit toilettes et bains publics afin d'améliorer l'hygiène des populations, parasites et poux étaient fréquents dans la Rome antique.

  • Par Léa Surugue
  • Anciens thermes romains, Tunisie. SUPERSTOCK/SUPERSTOCK/SIPA
  • 11 Jan 2016
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    Aqueducs, combats de gladiateurs, Jules César ou encore conquête de l’Europe... Quand on pense à l’Antiquité Romaine, plusieurs images viennent à l’esprit. Une  autre innovation, moins élégante peut être, est aussi étroitement associée à la culture romaine : les toilettes publiques et les bains thermaux.

    Les Romains ont introduit ces installations sanitaires dans tout leur empire, et ont également fait passer des lois afin de bannir les déchets et les excréments des voies publiques. Un système d’égouts a aussi progressivement été installé.

    Pourtant, en dépit de tous ces efforts, toutes les régions conquises par les Romains ont subi une recrudescence de parasites intestinaux, des puces et des poux. C'est ce que révèle une nouvelle étude publiée dans la revue Parasitology 

    Fouilles archéologiques

    L’équipe de chercheurs, du département d’archéologie et anthropologie de l’université de Cambridge, s’est rendue sur plusieurs sites de fouilles archéologiques de l’ancien Empire Romain. Les scientifiques ont recherché dans les objets antiques et les textiles retrouvés des preuves de la présence de parasites. Ils ont aussi analysé des excréments fossilisés.

    D’après leurs observations, les parasites intestinaux étaient beaucoup moins rares que ce que l'on pensait jusqu'ici. Des résultats surprenants, dans la mesure où la grande majorité des études publiées aujourd’hui soulignent que l’introduction d’équipements sanitaires apporte des bénéfices de santé à court terme pour les populations.

    Agriculture, bains publics...

    Les chercheurs ont donc tenté d’expliquer pourquoi l’Empire Romain avait connu une telle diffusion des parasites.

    Leur étude détaille trois hypothèses. La première concerne les méthodes employées dans le secteur agricole. Pour pouvoir servir d’engrais les excréments doivent être compostés pendant plusieurs mois afin de tuer les œufs des parasites en présence. Les Romains avaient compris l’intérêt des excréments pour augmenter les rendements agricoles mais n’avaient pas encore acquis la notion de compost.

    « Il est possible que les lois mises en place pour retirer les excréments des rues n’aient pas eu l’effet escompté car les déjections étaient réutilisées comme engrais pour les cultures agricoles, et les parasites se retrouvaient donc dans l’assiette des gens », explique le Dr Piers Mitchell, auteur principal de l’étude.

    Autre explication : les bains thermaux ont permis d’améliorer l’apparence des habitants, mais ils ne se présentaient pas particulièrement comme des lieux très hygiéniques. Les eaux n’étaient pas changées de manière régulière, laissant aux bactéries et aux parasites la possibilité de proliférer, surtout dans les bassins d’eau chaude.

    Gastronomie particulière

    Les chercheurs expliquent aussi que la gastronomie romaine a pu contribuer à l’essor des parasites. Une sauce à base de poisson fermenté, très appréciée, était produite dans tout l’empire. Sa méthode de production, qui imposait de laisser le poisson cru au soleil pendant de longues heures, était propice à la diffusion du ténia, ver solitaire présent dans cet aliment.

    A elles seules, la modernisation des équipements sanitaires et les innovations amenées par les Romains n'ont donc pas suffit à assurer hygiène et santé à toutes les populations sous domination romaine.

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