BMJ de Noël

Infections par les zombies : un problème de santé publique

Ils grognent, traînent des pieds et mangent de la chair humaine. La population doit se préparer aux invasions de zombies, avertit Tara Smith dans le BMJ de Noël.  

  • Par Audrey Vaugrente
  • Première épidémie documentée (George Romero, La Nuit des Morts-Vivants, 1968)
  • 28 Déc 2015
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    En 1500, les zombies arrivent en Haïti. Contrôlés par les sorciers vaudous, ces créatures revenues d’entre les morts font plusieurs victimes. En 1968, une seconde vague d’épidémie commence, avec un autre virus – le Solanum. Depuis, les cas d’agressions s’accélèrent. Comment prévenir une infection ? Peut-on la guérir ? Le virus peut-il être utilisé comme arme biochimique ? Autant de questions que soulève Tara C. Smith, du département de Bio-statistiques à l’université d’Etat de Kent (Ohio, Etats-Unis) dans un article paru dans l’édition de Noël du British Medical Journal.

    Un virus millénaire ?

    Les premiers zombies ont probablement été créés à partir d’une neurotoxine qui plonge les victimes dans un état proche du sommeil. Mais les cas les mieux documentés sont les plus récents. Les premières manifestations remontent à 1968, date de La nuit des morts vivants (George A. Romero). Le virus responsable de l’infection, le Solanum, est létal à 100 % pour l’être humain et le processus de zombification est certain.

    « L’expert en zombies Max Brooks (auteur de World War Z, ndlr) pense que les infections par le virus Solanum sont survenues depuis des milliers d’années et qu’elles émergent à présent à cause de l’urbanisation et de la nature interconnectée du commerce et des transports », souligne Tara C. Smith.

    Les zombies enragés, un phénomène récent

    Outre les infections par le virus Solanum, des cas de zombies enragés ont été signalés plus récemment. En 1973 et en 2010, le virus Trixie a été libéré accidentellement en Pennsylvanie (La Nuit des fous vivants, George A. Romero) et dans l’Iowa (The Crazies, Breck Eisner). Malgré une prise en charge rapide et massive par l’armée, « des infectés peuvent persister », souligne Tara C. Smith. En 2002, à Londres (Royaume-Uni), un virus dérivé d’Ebola a également été libéré accidentellement provoquant une épidémie massive sur l’île britannique (28 jours plus tard, Danny Boyle).

    Transmis par morsure

    Rencontrer un zombie semblant inévitable, l’auteur se penche sur les traitements possibles. La recherche d’un vaccin est particulièrement difficile, et pourrait être freinée par les réticences face à la vaccination, explique-t-elle. La seule méthode qui semble fonctionner – dans certains cas seulement – reste de couper la zone mordue. Encore faut-il que cela soit possible. « Approfondir les recherches est grandement nécessaire », conclut Tara C. Smith.

    Les symptômes de cette infection sont relativement uniformes, bien que la durée d’incubation soit variable d’un pays à l’autre. La plupart du temps, les infectés meurent avant de « ressusciter ». Mais il peut arriver qu’ils restent en vie, avec une préférence marquée pour la chair humaine. Les signes secondaires incluent la caractéristique démarche traînante, les grognements, la perte de dextérité et la chair pourrissante.

    L’infection, elle, se transmet presque toujours par morsure. Tara C. Smith précise toutefois qu’une épidémie a éclaté à bord du Titanic, à partir de Yersinia pestis, et qu’une autre a démarré à partir d’une forme mutée de la maladie de la vache folle – comme l’a rapporté Bienvenue à Zombieland de Ruben Fleischer.

    Des problèmes éthiques

    Presque tous les pays ont dû faire face à des épidémies de zombies. Un problème de santé publique coûteux, difficile à gérer et aux « effets délétères sur la stabilité de la vie », comme ne manque pas de le noter l’auteur de cet article complet. L’épidémie qui fait rage dans le monde soulève de nombreux problèmes éthiques, rappelle-t-elle. Les quarantaines de masse sont-elles justifiables ? Peut-on réprimander le meurtre d’une personne infectée, ou même mordue par un zombie ?

    Le bilan reste mauvais, quel que soit le cas de figure. Des villes entières ont été submergées en quelques jours par les morts-vivants, et les quarantaines échouent régulièrement, à cause de patients asymptomatiques. « Les chances de survie commencent à être un peu meilleures dans les zones moins peuplées, mais elles finissent par être défaites », conclut toutefois Tara C. Smith. Plusieurs agences sanitaires, dont les Centres de contrôle et de prévention des maladies, ont incité la population à se préparer aux épidémies à venir.

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