25 propositions remises à Marisol Touraine
Plan nutrition: des coupons fruits et légumes sur ordonnance
Des bons pour faire du sport ou pour obtenir des fruits ou des légumes, un logo pour indiquer la qualité du produit, le rapport remis à la ministre doit relancer la politique nutritionnelle.
Comment relancer la politique nutritionnelle française ? C’est la question à laquelle ont tenté de répondre les Prs Serge Hercberg et Arnaud Basdevant quiont remis ce mardi à Marisol Touraine 25 propositions concrètes destinées à donner un nouvel élan au Programme National Nutrition Santé (PNNS) dont le 3ème volet s’achèvera en 2015.
La première partie de ce rapport rédigée sous la responsabilité du Pr Serge Hercberg est consacrée à la prévention nutritionnelle, la seconde confiée au Pr Arnaud Basdevant, s’est intéressée plus précisément à la prise en charge des maladies liées à la nutrition comme l’obésité en France.
Cependant, la finalité des propositions qu’ils émettent est la même : réduire les facteurs de risque et promouvoir les facteurs de protection des maladies chroniques, accroître l’espérance de vie en bonne santé, et enfin réduire les inégalités sociales dans le cadre de la politique nutritionnelle de santé publique française.
Lutter contre les inégalités sociales
Selon ces spécialistes, il est important de relancer le PNNS pour deux raisons essentielles. La première c’est que ça marche, grâce à la mise en place de ce programme national en 2001, actuellement l’épidémie d’obésité chez les enfants se stabilise. Autre exemple de réussite, tous les experts s’accordent à dire que la consommation de sel des Français est enfin en baisse. En revanche, les inégalités sociales, comme l’accès aux aliments de bonne qualité nutritionnelle, ne cessent de s’aggraver au sein de la population française.
Pour faire face à cette urgence sanitaire, ils proposent donc plusieurs mesures concrètes, par exemple l’implantation de marchés et de jardins communautaires dans les zones défavorisées ou encore l’interdiction des promotions au volume pour des aliments et boissons dont la qualité nutritionnelle est considérée comme défavorable pour la santé. De plus, ce rapport recommande la mise en place de coupons “fruits et légumes” ou des coupons “activité physique” pour les personnes les plus défavorisées.
Ecoutez le Pr Serge Hercberg, épidémiologiste en nutrition : « 85 % de la population connait le slogan, 5 fruits et légumes par jour. 43 % atteint ce seuil, sauf dans les populations défavorisées où c’est seulement 6% des gens. » Un logo unique et visuel sur les aliments Ecoutez le Pr Serge Hercberg : « Ce logo pourrait être un code couleur pour comparer la qualité nutritionnelle des aliments, les plus défavorables pour la santé nutritionnelle seraient rouge et les plus favorables seraient vert » Et pour relancer le PNNS, ces experts comptent sur les professionnels de santé. Les médecins pourraient être les prescripteurs des fameux coupons « fruits et légumes », mais aussi de ceux ouvrant l’accès à de l’activité physique gratuite comme c’est le cas à Strasbourg avec la prescription de vélo.
Autre mesure très concrète, la mise en place d’une taxe, couplée à une réduction de la TVA, en fonction de la qualité nutritionnelle des aliments. Enfin, les médecins insistent également sur l’urgence d’une meilleure régulation de la publicité alimentaire. Ces experts préconisent par exemple d’interdire la promotion des aliments trop gras et/ou trop sucrés. Ils proposent également la mise en place d’un logo informatif très clair à mettre sur les emballages des produits alimentaire, un système qui permettrait une information nutritionnelle unique sur la face avant des emballages des aliments.
D’ailleurs concernant cette dernière mesure, le Pr Hercberg explique que dans le cadre de la réforme des rythmes scolaires, on pourrait utiliser ce nouveau temps périscolaire pour éduquer les enfants à la lecture de ce système d’information nutritionnelle sur les emballages ou pour faire de l’activité physique.
Enfin, Arnaud Basdevant et Serge Hercberg proposent la mise en place d’un “socle d’information en nutrition” qui alimenterait un dossier médical partagé entre les différent soignants. Ils proposent également aux pouvoirs publics d’accentuer le maillage territorial des soins pour la prise en charge de l’obésité, et de soutenir l’innovation et la recherche dans ce domaine.