Etat pro-inflammatoire

Sclérose en plaques : un traumatisme dans l’enfance augmenterait le risque

Les traumatismes subis pendant l'enfance pourraient être liés à un risque accru de sclérose en plaques (SEP) à un âge plus avancé chez les femmes. Le terrain pro-inflammatoire de ces victimes serait une explication biologique plausible

  • Par Margot Montpezat
  • Henadzi Pechan
  • 06 Avr 2022
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    On savait déjà que les traumatismes de l'enfance pouvaient altérer le système immunitaire et augmenter le risque de maladie auto-immune, et que les mauvais traitements, la négligence et une vie familiale chaotique étaient associés à un risque accru de mauvaise santé mentale et physique à l'âge adulte. Une étude publiée dans le Journal of Neurology Neurosurgery & Psychiatry et réalisée sur près de 78 000 femmes enceintes dont la santé a été suivie entre 1999 et 2008 vient de montrer un lien avéré entre traumatismes subis pendant l’enfance et le risque de développer une sclérose en plaques à l’âge adulte. Les chiffres sont édifiants: risque accru de 65% en cas d’abus sexuel, de 40% en cas d’abus émotionnel et de 31% en cas d'abus physique. 

    Le risque était encore plus élevé en cas d'exposition à deux catégories d'abus (risque accru de 66 %) et atteignait 93 % en cas d'exposition aux trois catégories, ce qui indique une association "dose-réponse", suggèrent les chercheurs.

    Tabagisme, surpoids et dépression

    Pour cette étude observationnelle, les information sur les abus subis dans l'enfance avant l'âge de 18 ans ont été recueillies par le biais de réponses à un questionnaire: au total, 14 477 femmes ont déclaré avoir subi des abus pendant l'enfance, tandis que 63 520 ont déclaré ne pas en avoir subi. Les femmes ayant subi des sévices étaient plus susceptibles d'être des fumeuses ou d'anciennes fumeuses -un facteur de risque connu de la SEP- d'être en surpoids et de présenter des symptômes dépressifs.

    Quelque 300 femmes ont reçu un diagnostic de sclérose en plaques au cours de la période de surveillance, dont près d'une sur quatre (71;24%) a déclaré avoir été maltraitée dans son enfance, contre environ une sur cinq (14 406;19%) chez celles qui n'ont pas développé de sclérose en plaques (77 697). 

    Après prise en compte de facteurs potentiellement influents, notamment le tabagisme, l'obésité, le niveau d'éducation et le revenu du ménage, les femmes qui avaient été maltraitées dans leur enfance étaient plus susceptibles de recevoir un diagnostic de SEP.

    Maladie inflammatoire

    Selon les chercheurs, les mauvais traitements subis pendant l'enfance peuvent perturber la signalisation cérébrale et glandulaire -l'axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien- et provoquer un état pro-inflammatoire propice au développement de cette maladie inflammatoire et dégénérative du cerveau et de la moelle épinière.

    La SEP peut atteindre à terme toutes les fonctions du système nerveux, à des degrés différents selon les patients : vision, motricité, équilibre et coordination, sensations, contrôles sphinctériens, mémoire et capacités intellectuelles.

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