Maladie professionnelle

Pesticides : après avoir vaincu un cancer à 33 ans, Julien Guillard demande réparation

La justice doit trancher ce mercredi pour savoir si un ancien ouvrier agricole qui a eu un cancer du sang à cause de l’utilisation de pesticides a le droit d'obtenir une compensation pour le préjudice subi. 

  • Par Diane Cacciarella
  • cmspic/istock
  • 13 Mar 2022
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    Faute inexcusable”, c’est pour ce motif que Julien Guillard attaque ses anciens employeurs. En effet, lorsqu’il était ouvrier agricole, celui qui est aujourd’hui vice-président de l'association Phyto-Victimes a été exposé à des produits phytosanitaires et à des gaz d’échappement pendant longtemps. Ainsi, lorsqu’il n’avait que 33 ans, les médecins lui ont diagnostiqué un lymphome, qui a été reconnu depuis comme maladie professionnelle. Ce mercredi 16 mars, le pôle social du tribunal judiciaire de Nantes doit examiner son dossier pour savoir s’il peut obtenir une compensation pour le préjudice moral subi. 

    Exposé dès le plus jeune âge

    Le parcours de Julien Guillard est celui d’un passionné, qui a découvert l’univers de l’agriculture dès la classe de 3ème. “J’ai commencé dans la Sarthe, où j’ai utilisé tout un tas de produits phytosanitaires sans faire attention, sans réelle protection ni sensibilisation aux risques, explique-t-il au journal 20 Minutes. Je me souviens du Gaucho, qui permettait d’enrober les graines avant de les semer. On mettait tout ça dans une bétonnière, la poussière volait, je saignais du nez, j’avais mal à la tête. Mon ancien patron, qui est depuis décédé d’un cancer de la prostate, faisait comme ça, on n’avait pas le choix, pas les informations. Quelques années plus tard, je suis recruté dans une boîte de paysagisme à Strasbourg. Là, je suis chargé de nettoyer les bordures, les pavés… J’ai un pulvérisateur avec une lance, le problème c’est qu’il fuit, je suis trempé tout le temps dans le dos, j’en ai partout. A l’intérieur, c’est de l’herbicide, probablement du glyphosate. Je travaille comme ça pendant cinq ans”. Des risques très importants, que le jeune ouvrier agricole ne mesure pas à cette époque. 

    Le cancer diagnostiqué quelques années après

    Julien Guillard ressent les premiers symptômes plusieurs années après avoir quitté le monde agricole. En 2015, il tousse beaucoup et a des difficultés à respirer qui l’empêchent de dormir. Finalement, son cancer est diagnostiqué en 2016.

    Je ne vais pas chez le toubib, des restes du monde agricole, où l’on ne se plaint pas trop… jusqu’en février 2016 où j’ai une gastro. Le médecin s’aperçoit tout de suite que quelque chose ne va pas. La toux, les marbrures sur mon torse, la fatigue… Les examens s’enchaînent et le lendemain, elle me dit : “Vous avez 33 ans, vous êtes plutôt en bonne santé mais vous avez un cancer, un lymphome. Le traitement va être douloureux mais normalement vous n’allez pas mourir. Ça va être dur mais on va y arriver.” Ma femme est alors enceinte de 7 mois, mon fils a 4 ans… On me parle rapidement d’une potentielle reconnaissance en maladie professionnelle, mais je ne fais pas les démarches immédiatement”.

    Une association 

    Il fait toutes les démarches pour que son cancer soit reconnu comme maladie professionnelle. Finalement, en à peine quelques mois, il est reconnu comme tel. En effet, la commission d’examen du dossier a établi que les pesticides et les gaz d’échappement avec lesquels il a été en contact étaient en cause. En parallèle, il a donc créé l’association Phyto-Victimes pour aider toutes les personnes dans son cas. Depuis sa mise en place, 650 personnes ont été aidées et il y a plus de 200 procédures judiciaires en cours. En autres objectifs du Président : créer un fonds d’indemnisation et aller dans les lycées agricoles pour sensibiliser les plus jeunes aux risques de ces produits. 

    En plus de son cancer, Julien Guillard souffre d’autres problèmes de santé liés, selon lui, à la manipulation de pesticides et de gaz d’échappement : douleurs aux jambes et neurologiques, avec un risque plus fort de développer la maladie de Parkinson dans les années à venir.

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