Santé Publique France

Drogue, tabac, alcool : dis moi où tu travailles, je te dirais ce que tu consommes

Certains secteurs d'activité favorisent la prise de drogues, d'alcool et de tabac. Voici lesquels. 

  • Par Mathilde Debry
  • Crédits :Sarah Pender
  • 05 Mai 2021
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    Santé publique France a publié les résultats de son Baromètre santé consacré à la consommation de substances psychoactives en milieu professionnel. Réalisé sur un échantillon de plus de 25 000 personnes, il a permis d’établir une cartographie de la consommation de substances psychoactives en fonction des métiers de chacun.


    Les secteurs professionnels où l'on boit, fume et se drogue le plus

    Les résultats suggèrent des niveaux d’usage plus élevés que la moyenne dans les secteurs de l’hébergement, la restauration, et des arts, spectacles et activités récréatives pour pratiquement tous les produits (hors alcool quotidien), chez les hommes comme chez les femmes. Parmi les secteurs étudiés, certains présentent une part plus élevée de consommateurs de drogues licites. Le secteur de la construction est notamment marqué par des niveaux d’usage de tabac et d’alcool particulièrement importants chez les hommes, tout comme l’agriculture, la sylviculture et la pêche, ainsi que les activités immobilières. Le secteur des arts, spectacles et activités récréatives est quant à lui associé à des expérimentations de substances illicites plus fréquentes chez les hommes comme chez les femmes, et des alcoolisations ponctuelles importantes mensuelles (API) plus élevées chez les hommes.


    Les secteurs d'activité les plus sains 

    D’autres secteurs d’activité sont associés à des niveaux de consommation inférieurs à la moyenne selon les produits, notamment chez les hommes. Il s’agit de l’administration publique (tabac, cannabis dans l’année), de l’enseignement (tabac, API), de la santé humaine et action sociale (alcool quotidien), de l’information et communication (tabac, alcool quotidien), de la production et distribution d’électricité, de gaz, de vapeur et d’air conditionné (alcool quotidien, MDMA/ecstasy/amphétamines) et des activités spécialisées, scientifiques et techniques (tabac).

    Un grand nombre de ces observations avaient déjà été faites en 2010, néanmoins quelques éléments nouveaux sont ressortis : les usages de tabac et d’alcool plus fréquents dans le secteur de l’immobilier, alors que les usages dans les secteurs de l’industrie manufacturière (alcool, tabac) et du commerce (tabac) se rapprochent de la moyenne. 


    "Une éventuelle prévention ciblée"

    "Nos résultats révèlent des disparités entre secteurs d’activité, mettant ainsi en lumière les risques accrus au sein de certains secteurs en vue d’une éventuelle prévention ciblée. Nos programmes de prévention s’adressent à tous. Nous développons de nombreux outils d’information et de prévention qui peuvent être un appui pour les entreprises dans leur démarche de prévention. Nos dispositifs d’aide à distance (Tabac Info Service, Alcool Info service et Drogues Info service) peuvent également être des ressources pour chacun", souligne Viêt Nguyen-Thanh, responsable de l’unité addictions à la Direction de la prévention et de la promotion de la santé de Santé publique France.

    Pour la MILDECA (Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives) : "ces nouvelles données viennent utilement compléter celles publiées il y a quelques semaines par la MILDECA à partir de l’exploitation de la cohorte CONSTANCES de l’INSERM et apportent une vision précise des conduites addictives de la population active pour les employeurs et les pouvoirs publics en charge de la santé publique et de la santé au travail."

    Le Dr Nicolas Prisse, président de la MILDECA, ajoute d’ailleurs : "la diffusion de données scientifiques auprès des entreprises vise à favoriser la prise de conscience de l’importance des consommations de substances psychoactives et de ses enjeux, notamment par les dirigeants et les DRH, afin d’apporter des réponses adaptées et cohérentes pour améliorer la sécurité et la santé des travailleurs, la qualité de vie au travail et la performance des organisations. Cette prise de conscience est d’autant plus nécessaire que les habitudes de travail ont été bouleversées depuis plus d’un an et que certaines fragilités se sont développées dans la population active. Les conduites addictives ne sont pas uniquement une problématique personnelle et leur prévention est aussi un enjeu managérial qui doit permettre aux salariés et agents d’exercer leur travail dans les meilleures conditions possibles, sans mettre en cause leur santé et leur sécurité par l’usage de drogues et d’alcool pour tenir au travail, être plus performant, répondre au stress etc."

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