10 propositions sur la fin de vie
Euthanasie : les infirmiers expriment leur opposition
Dans son dernier rapport, l’Ordre national des infirmiers refuse toute légalisation de l’euthanasie et du suicide assisté. Il émet toutefois 10 propositions sur la prise en charge de la fin de vie.
Jeudi 16 janvier, le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne suspendait la décision du CHU de Reims d'arrêter l'alimentation de Vincent Lambert tétraplégique de 37 ans. Cette décision de justice relance bien évidemment le débat sur la fin de vie et l'acharnement thérapeutique en France. Dans ce contexte délicat, l’Ordre national des infirmiers a pris une position sans ambiguïté. Il affirme clairement son opposition à « toute légalisation de l’euthanasie et/ou du suicide assisté. »
Une formation obligatoire pour les médecins et infirmiers
Par ailleurs, dans un rapport publié récemment, le conseil national de l’Ordre des infirmiers émet 10 propositions pour l’amélioration de la prise en charge de la fin de vie, et l’évolution du rôle des infirmiers. Il appelle à « faire de la prise en charge de la douleur une cause nationale de santé publique. » A ce titre, il propose notamment une formation obligatoire sur le thème de la fin de vie pour les médecins et infirmiers, ainsi qu’une optimisation des compétences infirmières. A ce titre, l'Ordre appelle à faire connaître les textes à tous les professionnels de santé.
Rendre opposable les directives anticipées
En outre, les infirmiers souhaitent rendre obligatoire la présence d’un infirmier de nuit dans les établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD). Plus polémique sans doute, l'Ordre entend rendre opposables les directives anticipées, qui permettent à tous les citoyens de préciser ses souhaits quant à sa fin de vie. Autrement dit, un refus de tout acharnement thérapeutique clairement exprimé ne pourrait pas être remis en cause par l'entourage, même si la personne est dans l'incapacité d’exprimer sa volonté.
De plus, ces professionnels de santé désirent se donner le temps pour organiser un grand débat décliné régionalement. « La profession infirmière a le devoir de répondre aux légitimes attentes des Français et entend s’impliquer dans le débat mais surtout prendre pleinement sa part des indispensables réformes à mettre en oeuvre, explique Didier Borniche, président de l’Ordre national des infirmiers. Légaliser l’euthanasie n’est pas, et ne doit pas être, la réponse aux questions des Français. Ce sont les évolutions de la prise en charge et de l’accompagnement médical et social qui permettront d’offrir à chacun une fin de vie digne et sereine dans tous les cas où cela sera possible. »
La déontologie infirmière au dessus de tout
Enfin, le rapport du Conseil national insiste sur l’attachement de la profession aux règles déontologiques de l’infirmier. Il rappelle notamment que les soins infirmiers ont pour but le respect de la vie et que le code de la santé publique précise : « L’infirmier ou l’infirmière exerce sa profession dans le respect de la vie et de la personne humaine. » (article R4312-2).
« Cet attachement à la déontologie de leur profession est clairement mis en avant dans les réponses des infirmiers à l’enquête à laquelle nous leur avons proposé de participer. Ainsi, c’est pour la profession le devoir de continuité des soins qui prime sur toute considération extérieure. Nos propositions, d’amélioration de la prise en charge de la douleur notamment, visent à conjuguer déontologie professionnelle et aspirations citoyennes. », conclut-il.