Dépendance
Accros aux opioïdes, ils sont moins susceptibles de recevoir des soins palliatifs en fin de vie
Les personnes souffrant de troubles liés à la consommation d'opioïdes ont moins de risques de bénéficier de soins palliatifs au cours des 90 jours précédant leur décès, selon une étude réalisée au Canada.
Avec la crise des opioïdes en cours, le nombre de personnes présentant des problèmes liés à l'utilisation d'opioïdes ne cesse d’augmenter, notamment aux États-Unis et au Canada. Ce trouble peut être une maladie chronique qui entraîne une déficience et une détresse considérables. "Ces patients risquent de mourir prématurément et peuvent bénéficier de soins palliatifs", ont indiqué des chercheurs de l’University Health Network à Toronto (Canada). Dans une étude réalisée à l'intérieur du pays, ils ont voulu comparer la prestation de soins palliatifs pour les personnes décédées avec ou sans trouble de la consommation d’opioïdes.
Opioïdes : les patients meurent plus jeunes et bénéficient moins de soins palliatifs
Les scientifiques ont utilisé les bases de données de l’Ontario pour identifier les personnes décédées entre le 1er juillet 2015 et le 31 décembre 2021. Au total, 679.840 adultes sont morts, dont 11.200 souffraient de troubles liés à la consommation d'opioïdes. "La consommation d’opioïdes, les visites aux urgences, les admissions à l’hôpital, les traitements évocateurs des troubles dans les trois ans présentant le décès ont été pris en compte. Les données secondaires comprenaient le cadre, l'initiation et l'intensité des soins palliatifs." D’après les résultats, parus dans la revue Canadian Medical Association Journal, les patients présentant des troubles liés à la consommation d'opioïdes sont morts à un âge plus jeune que celles qui n'en souffraient pas (50 ans contre 78 ans) et étaient plus susceptibles de vivre dans des quartiers où l'indice de marginalisation est élevé. Par rapport aux personnes ne souffrant pas de troubles liés à la consommation d'opioïdes, les patients dépendant à ces médicaments étaient 16 % moins susceptibles de recevoir des soins palliatifs dans les cliniques et à leur domicile.
Accès aux soins palliatifs : "un soutien social limité, des moyens financiers limités et un logement instable"
"Cette constatation est très probablement liée au nombre élevé de personnes souffrant de troubles liés à la consommation d'opioïdes qui meurent subitement d'une intoxication médicamenteuse. Les raisons les plus courantes pour lesquelles les médecins ont prodigué des soins palliatifs aux adultes souffrant de troubles liés à la consommation d'opioïdes étaient le cancer, la cirrhose du foie et la septicémie", ont expliqué les auteurs. "Les personnes souffrant de troubles liés à la consommation d'opioïdes peuvent avoir un soutien social limité, des moyens financiers limités et un logement instable, ce qui peut compliquer l'accès aux soins palliatifs dans la communauté et la prestation de ces soins par les prestataires de soins de santé."Ainsi, cette étude souligne l'importance pour les professionnels de santé de recevoir une formation à la fois en soins palliatifs et en médecine des addictions afin de mieux soutenir les patients souffrant de troubles liés à l'utilisation d'opioïdes lorsqu'ils approchent de la fin de leur vie.