Infectiologie
Virus respiratoire syncytial : le vaccin contre la protéine de fusion est efficace
Les vaccins contre la glycoprotéine F de fusion du VRS en conformation « préfusion » sont efficaces chez les femmes enceintes, les jeunes enfants et les personnes âgées. Ils peuvent désormais être positionnés dans les populations à risque.
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Le virus respiratoire syncytial (VRS) est une cause fréquente d'hospitalisation chez les nourrissons et est la principale cause de pneumonie chez les jeunes enfants dans le monde. Le VRS provoque également une maladie respiratoire sévère chez les adultes plus âgés, en particulier chez ceux qui sont fragiles ou atteints de maladies cardio-pulmonaires sous-jacentes.
Le développement des vaccins contre le virus respiratoire syncytial (VRS) est basé sur la structure de la glycoprotéine F de fusion du VRS en conformation « préfusion », qui est hautement immunogène.
Les vaccins ont généralement été conçus pour fournir une immunité passive aux nourrissons les plus jeunes, soit par l'immunisation maternelle, soit par l'administration directe d'anticorps monoclonaux à action prolongée, et pour fournir une immunité active aux nourrissons plus âgés, aux enfants et aux adultes plus âgés par la vaccination directe.
Deux études de phase 3 perturbées par la Covid-19
Deux études de phase 3 sur les vaccins anti-VRS ciblant la glycoprotéine F de fusion du VRS en conformation « préfusion », sont présentées dans le New England Journal of Medicine, et témoignent des progrès réalisés dans le développement des vaccins actifs.
RSVpreF, un vaccin bivalent contenant la protéine F du VRS provenant des sous-types A et B, a été évalué chez des adultes plus âgés dans le cadre de l'essai RENOIR (RSV Vaccine Efficacy Study in Older Adults Immunized against RSV Disease) et chez les nourrissons des femmes enceintes qui l'ont reçu dans le cadre de l'essai MATISSE (Maternal Immunization Study for Safety and Efficacy).
L'essai RENOIR a porté sur 35 971 adultes âgés de 60 ans ou plus dans sept pays, et l'essai MATISSE sur 7 392 femmes enceintes dans 18 pays. Les deux essais ont été menés pendant la pandémie de coronavirus 2019 (Covid-19) avec des saisons du VRS très atypiques car elles ont été considérablement réduites par la pandémie à SARS-CoV-2 et les mesures de distanciation, de sorte que les études manquent de puissance pour analyser tous les critères d’évaluation prévus.
Efficacité chez les personnes âgées
L'analyse intermédiaire de l'essai RENOIR a été réalisée après avoir enregistré 44 cas de maladies des voies respiratoires inférieures dues au VRS, avant que tous les participants n'aient terminé la première saison du VRS.
Les deux critères d'évaluation primaires sont atteints, avec une efficacité vaccinale de 66,7% contre les maladies des voies respiratoires inférieures associées au VRS avec deux symptômes ou plus et une efficacité vaccinale de 85,7% contre les maladies des voies respiratoires inférieures associées au VRS avec trois symptômes ou plus.
Le vaccin RSVpreF a généralement eu des profils de sécurité et d'effets secondaires acceptables, mais un cas de syndrome de Guillain-Barré et un cas de syndrome de Miller-Fisher ont été rapportés respectivement 7 et 8 jours après la vaccination.
Efficacité chez les nourrissons de mères vaccinées
L'analyse intermédiaire de l'essai MATISSE a été réalisée lorsque 79% des nourrissons ont atteint 180 jours de suivi : 80 cas évaluables de maladies des voies respiratoires inférieures associées au VRS et suivies médicalement étaient survenues dans les 90 jours suivant la naissance et 174 cas s'étaient produits dans les 180 jours suivant la naissance. Bien que les résultats concernant le critère primaire d'efficacité de la maladie des voies respiratoires inférieures associée au VRS et suivie médicalement dans les 90 jours suivant la naissance ne soit pas statistiquement significatif, l'efficacité du vaccin est de 51,3% contre ce critère dans les 180 jours suivant la naissance.
Il est à noter que l'efficacité contre les maladies graves des voies respiratoires inférieures associées au VRS est de 81,8% dans les 90 jours suivant la naissance (le critère d'évaluation principal) et de 69,4% dans les 180 jours suivant la naissance.
Le commencement de la fin du VRS ?
D’après un éditorial associé, il est rappelé que l'infection à VRS chez les enfants de moins de 5 ans, est associée à environ 33 millions de cas de maladies des voies respiratoires inférieures, 3,6 millions d'hospitalisations et plus de 100 000 décès chaque année aux États-Unis, un pays développé où l’on prend correctement en charge les malades à l’hôpital. Les nourrissons de moins de 6 mois sont les plus exposés aux maladies et décès associés au VRS, et plus de 95 % des décès associés au VRS surviennent dans les pays à revenu faible ou intermédiaire.
L'infection à VRS provoque également une maladie grave des voies respiratoires inférieures chez les adultes plus âgés, en particulier chez ceux qui sont fragiles ou qui ont une maladie cardio-pulmonaire sous-jacente. Chaque année, aux États-Unis, environ 60 000 à 160 000 hospitalisations et 6000 à 10 000 décès associés au VRS surviennent chez les personnes âgées.
Avec les résultats d'essais récents d'autres vaccins contre la protéine de fusion du VRS chez les personnes âgées et du nirsevimab (un anticorps monoclonal contre la protéine de fusion du VRS) chez les nourrissons, les résultats des essais RENOIR et MATISSE nous rapprochent de la prévention de la maladie due au VRS chez les personnes âgées et les jeunes. Toutefois, des questions scientifiques cruciales concernant le vaccin RSVpreF et des questions d’indications de la vaccination nécessitent d’autres études.