Neurologie

Sclérose en plaques : faible rentabilité de l’IRM médullaire systématique lors du suivi

Dans une étude prospective française, l’activité radiologique médullaire isolée est très faible et l'apparition d'une nouvelle lésion médullaire est fortement associée à l'apparition de nouvelles lésions cérébrales concomitantes.

  • mr.suphachai praserdumrongchai/istock
  • 14 Avr 2025
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    Si les lésions médullaires sont importantes pour le diagnostic initial et l’évaluation du risque de progression, l’utilité de l’IRM médullaire (IRM SC) systématique lors du suivi des patients SEP reste un point débattu. En effet, la qualité des images a longtemps limité la capacité à détecter de nouvelles lésions et les premières études2 s’intéressant à l’apport de l’imagerie médullaire faisaient état de près de 10% des patients pouvant présenter une activité radiologique médullaire isolée.

    Ce chiffre est probablement surestimé puisqu’une analyse de données plus récentes3 montre que seuls 1,9% des patients avaient une activité radiologique médullaire isolée. Ainsi, la question de l’intérêt de cette analyse de manière systématique reste ouverte.

    Une étude prospective longitudinale sur 68 patients et 221 intervalles

    L’équipe de Rennes a regardé son apport, en plus de l’IRM cérébrale, dans le suivi de patients SEP1. Les auteurs ont analysé les données acquises prospectivement de 68 patients et ont ainsi pu évaluer 221 intervalles correspondant à 2 évaluations IRM consécutives (médullaire et cérébrale) sur une période de 5ans.

    L’âge moyen était de 31,5 ans (écart-type = 6,4) au moment de la première IRM, les patients avaient une courte durée de maladie (moy = 8,2 mois, SE = 4 mois) et un faible score EDSS (médiane = 1 [IQR = 0-2]). Le nombre moyen d'intervalles par patient était de 3,25 (1,1) et la durée moyenne du suivi était de 4,7 (0,99) ans.

    Sur ces 221 intervalles, 42 (19%) ont été classés comme symptomatiques (c'est-à-dire avec l'apparition d'au moins une rechute pendant l'intervalle), tandis que 179 (81%) étaient asymptomatiques.

    La majorité des lésions médullaires survient au niveau cervical

    La fréquence des nouvelles lésions médullaires cervicales est plus élevée que celle des lésions thoraciques au cours du suivi : sur les 42 intervalles avec activité IRM SC (sur 221), 28 avaient une ou plusieurs nouvelles lésions de la moelle cervicale sans lésions thoraciques (67%), six avaient à la fois de nouvelles lésions cervicales et thoraciques (14%), et seulement huit avaient une ou plusieurs nouvelles lésions thoraciques sans nouvelles lésions cervicales (19%).

    Lorsque seuls les intervalles asymptomatiques sont pris en compte (n = 179), 4 intervalles (2 %) ont de nouvelles lésions SC isolées et 15 (8 %) ont à la fois de nouvelles lésions cérébrales et SC.

    En analyse multivariée, la survenue d'une nouvelle lésion SC est positivement associée à la période de changement de traitement (par rapport aux périodes sous HET), au nombre de lésions cérébrales sur l'IRM initiale et à la survenue de nouvelle(s) lésion(s) cérébrale(s) au cours du même intervalle.

    L’activité radiologique médullaire isolée est très faible

    Les points forts de cette étude sont l’acquisition prospective systématique des images, l’utilisation d’une aide à la segmentation des lésions cérébrales (ce qui a pu augmenter la détection des lésions encéphaliques et donc diminuer la proportion de patients avec nouvelles lésions médullaires isolées) et la double lecture des IRM médullaires (qui a possiblement augmenté les chances d’en détecter). On notera néanmoins que le protocole IRM était plus complet que celui réalisé en routine, pouvant ainsi gêner la transposition de ces résultats dans la pratique quotidienne.

    On retiendra que l’activité radiologique médullaire isolée est très faible (2%) et que l'apparition d'une nouvelle lésion du SC est fortement associée à l'apparition de nouvelles lésions cérébrales concomitantes. La réalisation d’IRM médullaires systématique n’a donc que peu d’intérêt pour la détection de lésions asymptomatiques.

     

    Références :

    • Hong J, Gaubert M, Lefort M, Ferré JC, Le Page E, Michel L, Labauge P, Pelletier J, de Seze J, Durand-Dubief F, Cotton F, Edan G, Bannier E, Combès B, Kerbrat A. Limited added value of systematic spinal cord MRI vs brain MRI alone to classify patients with MS as active or inactive during follow-up. J Neurol. 2025 Apr 5;272(4):316. doi: 10.1007/s00415-025-13068-2. PMID: 40186635; PMCID: PMC11972184. Mi
    • Ostini C, Bovis F, Disanto G, Ripellino P, Pravatà E, Sacco R, Padlina G, Sormani MP, Gobbi C, Zecca C. Recurrence and Prognostic Value of Asymptomatic Spinal Cord Lesions in Multiple Sclerosis. J Clin Med. 2021 Jan 26;10(3):463. doi: 10.3390/jcm10030463. PMID: 33530366; PMCID: PMC7865947.
    • Lim TRU, Kumaran SP, Suthiphosuwan S, Espiritu AI, Jones A, Lin AW, Oh J, Bharatha A. Limited utility of adding 3T cervical spinal cord MRI to monitor disease activity in multiple sclerosis. Mult Scler. 2024 Apr;30(4-5):505-515. doi: 10.1177/13524585241228426. Epub 2024 Feb 28. PMID: 38419027.

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    JDF

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