Pneumologie
BPCO : peu d’intérêt de l’oxygénothérapie à haut débit pour les endoscopies
L'oxygénothérapie à haut débit n’améliore pas significativement l'oxygénation lors des endoscopies bronchiques chez les patients atteints de BPCO mais n’aggrave pas l’hypercapnie. L’oxygénothérapie à haut débit, au cours des endoscopies respiratoires, voit surtout son intérêt chez les patients pris en charge en réanimation. D’après un entretien avec Clément FOURNIER.

Une étude, dont les résultats sont parus en mars 2025 dans l’European Respiratory Journal, a cherché à comparer l’intérêt de l’oxygénothérapie à haut débit par OPTIFLOW à l’oxygénothérapie standard lors de la réalisation des endoscopies respiratoires des patients atteints de BPCO. Il s’agit d’un essai contrôlé randomisé, monocentrique. Au total, 600 patients ont été inclus, avec un âge moyen de 69 ans. Un groupe de patients a reçu une oxygénothérapie à faible débit (4l/min), progressivement augmentée jusqu’à 12l/min, pour maintenir une saturation supérieure à 90%. Le second groupe a bénéficié d’une oxygénothérapie à haut débit par OPTIFLOW, de 60l/min jusque 80l/min, pour maintenir une saturation au-delà de 90%. Le critère d’évaluation principal était le temps cumulé passé en hypoxémie.
Un sujet qui n’enrichit pas les pratiques
Le professeur Clément FOURNIER, chef du service d’Endoscopie Respiratoire, de l’Institut Cœur-Poumons au Centre Hospitalier Universitaire de Lille, explique que le sujet de ce travail est intéressant mais ne représente pas une préoccupation majeure. En effet, les patients atteints de BPCO peuvent désaturer lors des bronchoscopies mais cela peut, la plupart du temps, être corrigé par une oxygénothérapie simple. Il rappelle que la principale difficulté des bronchoscopies chez ces patients n’est pas l’hypoxémie mais l’angoisse et le bronchospasme. Clément FOURNIER précise, qu’au cours de ce travail, tous les types d’endoscopies ont été pris en compte, avec tubes souples ou rigides, avec ou sans biopsie, et que la durée de chaque examen est variable, avec une durée moyenne de20à 23 minutes. Il relève que les patients ayant bénéficié de l’OPTIFLOW ont passé 1,8% du temps avec une saturation inférieure à 90% versus 3,8% du temps pour les patients ayant reçu de l’O2 nasal, soit, sur un examen de 20 minutes, 20 secondes versus 45 secondes, ce qui confère à ces résultats un niveau incertain de significativité. Même si les auteurs ne décrivent pas de problème de tolérance avec l’OPTIFLOW, Clément FORUNIER précise que ces résultats ne suffisent pas à faire investir dans cet appareil pour cette indication. Il fait référence à un essai dont les résultats sont parus en 2023 dans le British Medical Journal qui comparait l’oxygénothérapie standard, la VNI et l’OPTIFLOW et qui avait montré que l’utilisation de ce dernier était plus simple que la VNI. Toutefois, l’oxygénothérapie standard est encore plus simple et largement suffisante dans cette indication.
Une technique surtout adaptée pour les patients de réanimation
Clément FOURNIER précise que l’oxygénothérapie à haut débit est plutôt utilisée en unités de soins intensifs respiratoires et en réanimation, pour optimiser l’examen chez des patients qui sont déjà sous oxygénothérapie à fort débit. En effet , les patients de réanimation, qui sont sous 8l/min d’oxygène et qui nécessitent un lavage broncho alvéolaire peuvent bénéficier de l’OPTIFLOW, mais indépendamment d’une BPCO. Clément FOURNIER relève toutefois un élément intéressant qui est l’absence de conséquence de l’utilisation de l’oxygénothérapie à haut débit sur la capnie transcutanée Pour une examen long, cette absence d’augmentation de l’hypercapnie, chez les patients BPCO rend l’utilisation de l’OPTIFLOW plus intéressante, puisque l’hypercapnie peut être à l’origine de troubles du rythme cardiaque, ce qui n’a pas été évoqué par les auteurs de ce travail. Il insiste également sur le nadir de désaturation et sur le gain de saturation qui est de 1% versus 2% avec l’OPTIFLOW. Clément FOURNIER reste donc perplexe sur l’intérêt de cette pratique, alors que les complications surviennent rarement au cours de ces endoscopies et il ne s’est pas reconnu dans les pratiques de cette équipe.
En conclusion, les résultats de ce travail sont statistiquement significatifs mais pas cliniquement. Le seul intérêt de l’utilisation de l’OPTIFLOW chez les patients atteints de BPCO lors des endoscopies est qu’il n’augmente pas l’hypercapnie mais compte-tenu de la durée de l’examen, le bénéfice reste limité