Cardiologie

HTA : une mauvaise position du bras surestime les diagnostics

Une étude clinique randomisée démontre que des positions du bras non conformes aux recommandations lors de la mesure de la pression artérielle peuvent entraîner une surestimation significative des valeurs de systoliques et de diastoliques.

  • RossHelen/istock
  • 08 Oct 2024
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    L'hypertension artérielle est l'une des principales causes de maladies cardiovasculaires et de mortalité évitable dans le monde. Une mesure précise de la pression artérielle est donc essentielle pour le diagnostic et la gestion de cette maladie. Une nouvelle étude montre qu'avoir le bras dans une mauvaise position lors d'une mesure de la pression artérielle, que ce soit en automesure à domicile ou au cabinet du médecin, peut entraîner des résultats « nettement plus élevés » que lorsque le bras est dans la position recommandée : correctement posé sur une table, avec le milieu du brassard placé au niveau du cœur.

    Cela suggère que le fait de ne pas toujours avoir le bras correctement positionné et soutenu lors de la prise de la tension artérielle pourrait entraîner un diagnostic erroné d'hypertension artérielle, ce qui, selon certains experts, pourrait conduire à des traitements inutiles.

    L'étude, publiée dans la revue JAMA Internal Medicine, montre que le fait d'avoir le bras posé sur les genoux pendant la prise de la pression artérielle peut entraîner une surestimation de la pression artérielle systolique de 3,9 mm Hg et une surestimation de la pression artérielle diastolique de 4 mm Hg. Par ailleurs, le fait d'avoir le bras le long du corps peut entraîner une surestimation de la pression artérielle systolique de 6,5 mm Hg et de la pression artérielle diastolique de 4,4 mm Hg.

    Une surestimation de la systolique et de la diastolique

    Dans cette étude en cross-over, les participants ont eu des mesures de la pression artérielle répétées 3 fois dans trois positions du bras : (1) bras posé sur un bureau avec le brassard au niveau du cœur (position de référence), (2) main posée sur les genoux, et (3) bras non posé et pendu le long du corps. Pour tenir compte de la variabilité intrinsèque de la pression artérielle, une quatrième série de mesures a été effectuée avec le bras posé sur le bureau.

    Les résultats montrent que la position avec le bras sur les genoux surestime la pression artérielle systolique de 3,9 mm Hg (IC à 95 % : 2,5-5,2) et la diastolique de 4,0 mm Hg (IC à 95 % : 3,1-5,0) par rapport à la position de référence. De manière encore plus prononcée, la position avec le bras sur le côté surestime la pression systolique de 6,5 mm Hg (IC à 95 % : 5,1-7,9) et la diastolique de 4,4 mm Hg (IC à 95 % : 3,4-5,4).

    Ces surestimations sont statistiquement significatives et sont observées de manière cohérente à travers différents sous-groupes, y compris chez les patients hypertendus, les personnes âgées de plus de 60 ans, les personnes obèses (IMC ≥ 30), et ceux n'ayant pas consulté de professionnel de santé dans l'année précédente. Ces résultats soulignent que même des écarts modestes dans la position du bras peuvent avoir un impact cliniquement significatif sur les valeurs de pression artérielle mesurées.

    Une étude en cross-over

    Les données de cette étude proviennent d'un essai clinique randomisé en cross-over rigoureux, mené à Baltimore, Maryland. L'inclusion de 133 participants, âgés de 18 à 80 ans, avec une représentation équilibrée des sexes et une diversité en termes d'état de santé (36 % avaient une pression systolique ≥ 130 mm Hg, et 41 % avaient un IMC ≥ 30), renforce le caractère généralisable des résultats. La méthodologie solide, incluant la randomisation de l'ordre des positions du bras, l'utilisation de mesures réalisées trois fois pour chaque position, et l'ajustement pour la variabilité intrinsèque de la pression artérielle, assure la fiabilité des conclusions.

    Ces résultats ont des implications pratiques importantes : ils suggèrent que le non-respect des recommandations standardisées pour la position du bras peut conduire à une surestimation de la pression artérielle, entraînant potentiellement un surdiagnostic de l'hypertension, une anxiété inutile pour le patient, et une prescription inappropriée de traitements antihypertenseurs.

    Suivre les recommandations de mesure à la lettre

    Les recommandations actuelles préconisent que le bras soit posé sur un bureau ou une table, avec le brassard positionné au niveau du cœur, et que le patient soit assis avec le dos et les pieds soutenus, les jambes non croisées. Cependant, en pratique clinique, ces recommandations sont souvent négligées. Il est courant de voir des patients assis sur la table d'examen sans support pour le bras, ou avec le bras reposant sur les genoux, ou encore porté par le professionnel de santé.

    Une position inappropriée du bras lors de la mesure de la pression artérielle peut entraîner une surestimation significative des valeurs, pouvant conduire à un surdiagnostic et un surtraitement de l'hypertension. Il est essentiel de suivre scrupuleusement les recommandations, en s'assurant que le bras du patient est posé au niveau du cœur, pour garantir des mesures précises et une prise en charge optimale.

    Il est donc essentiel que les professionnels de santé soient formés et sensibilisés à l'importance de la position du bras lors de la mesure de la pression artérielle. Des efforts devraient également être faits pour adapter les environnements cliniques, en s'assurant que des supports adéquats pour le bras sont disponibles. De futures recherches pourraient explorer l'impact de ces positions non standard dans différents contextes cliniques et sur de plus larges populations, ainsi que l'efficacité d'interventions éducatives pour améliorer les pratiques de mesure de la pression artérielle.

     

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