L’ADN tumoral circulant (ADNtc) est un marqueur désormais fiable de maladie résiduelle (MRD) dans les cancers coliques opérés et associé à un risque plus élevé de rechute, d’où l’intérêt d’avoir des essais cliniques permettant de guider la stratégie thérapeutique adjuvante grâce à ce biomarqueur.

L’essai multicentrique PEGASUS avait pour objectif d’évaluer la faisabilité d’utiliser les biopsies liquides (LB) afin de guider les stratégies adjuvantes post-chirurgicales : traitement post-chirurgical immédiat et également le traitement post-chimiothérapie adjuvante. La détection de l’ADNtc a utilisé le test Guardant Reveal®.

Figure 1 : Design de l’essai PEGASUS.

Résultats : 

L'ADNtc postopératoire a été détecté (LB+) chez 35/135 (26 %) patients, dont 12 (34 %) ont eu une récidive au cours du suivi, tandis que parmi les LB-, 10 % ont récidivé, et sont donc considérés comme des faux négatifs. Les récidives chez ces 10 patients étaient locorégionales (n=2), hépatiques (n=2), péritonéales (n=2) et pulmonaires (n=4).

La détection d’ADNtc en post-opératoire (LB+) était associée à une nette augmentation du risque de rechute (HR 4,37, P = 0,0003). Après 3 mois de CAPOX, 11/35 (31 %) pts LB+ sont devenus LB-, mais 8/11 ont rechuté ou se sont de nouveau séro-convertis en LB+. Parmi les 23 patients toujours LB+ après CAPOX et ayant reçu du FOLFIRI, 12 (52 %) sont restés LB+ parmi lesquels 6 ont rechuté, tandis que 11 (48 %) se sont séro-négativés en LB-, sans rechute au moment de l'analyse, suggérant ainsi un effet de FOLFIRI dans cette population de mauvais pronostic sous CAPOX.

Conclusion et perspectives

Cette étude binationale italiano-espagnole démontre la faisabilité d’utiliser la LB pour guider la prise en charge post-chirurgicale des patients opérés pour un cancer colique de stade II à haut risque ou de stade III. Des essais randomisés sont en cours pour valider précisément l'utilité clinique de la LB comme biomarqueur de réponse ou de suivi d’une chimiothérapie adjuvante (essais PRODIGE-CIRCULATE en France).

Des études médico-économiques seront également nécessaires pour permettre le remboursement de ces tests, de même qu’une standardisation à grande échelle pour la bonne détection de l’ADNtc.