Rhumatologie
Maladie de Horton : forte implication possible des voies de la sénescence
Les voies de la sénescence seraient fortement impliquées dans la maladie de Horton, selon une analyse de biopsies d'artères temporales, ce qui pourrait donner le rationnel de l'efficacité des anti-IL6 actuellement utilisés dans le traitement de la maladie et d'un autre traitement en cours de développement.
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L'artérite à cellules géantes (ou maladie de Horton) touche presque exclusivement les personnes âgées de plus de 50 ans, ce qui suggère un rôle pathogénique des changements physiologiques liés au vieillissement, tels que la sénescence cellulaire. Des études précédentes avaient établi que ces voies de la sénescence favorisent le vieillissement cellulaire, comme en témoignent le raccourcissement des télomères et la réduction de l'activité physiologique.
Selon une étude publiée dans Arthritis & Rheumatology, les échantillons de biopsie de l'artère temporale de patients atteints de Horton montrent une forte expression des protéines p16 et p21, toutes deux considérées comme des facteurs de sénescence cellulaire, par rapport à des témoins appariés en fonction de l'âge.
En outre, ces échantillons de biopsie montrent une expression accrue de l'interleukine-6 (IL-6) et du granulocyte-macrophage colony-stimulating factor (GM-CSF), tous deux des connus comme des produits des voies de sénescence. Or, ce sont également des cibles identifiées pour le traitement de la maladie de Horton.
Analyse comparative de biopsies de l’artère temporale
Dans l'étude actuelle, les chercheurs ont effectué des biopsies de l'artère temporale de huit patients atteints d'artérite à cellules géantes (âge médian de 65 ans, presque tous âgés de plus de 60 ans) et de 14 personnes de même âge atteintes d'une maladie vasculaire dont il a été déterminé qu'il ne s'agissait pas d'un Horton ou d'une pseudo-polyarthrite rhumatoïde. Les échantillons ont été prélevés soit avant le début du traitement par les corticoïdes, soit dans les 10 jours qui ont suivi. Les niveaux de p16, p21, IL-6 et GM-CSF dans les échantillons ont été mesurés par coloration immunohistochimique. L'immunofluorescence a été utilisée pour confirmer la présence d'IL-6 et de GM-CSF, ainsi que d'autres produits de la voie de la sénescence.
Les taux de p16, p21, IL-6 et GM-CSF sont élevés dans les biopsies de l'artère temporale des patients atteints de GCA. Le pourcentage de cellules positives exprimant p16, p21, IL-6 et GM-CSF est significativement plus élevé dans les échantillons inflammatoires que dans les échantillons non inflammatoires. Cela est vrai pour l'ensemble de la section de tissu, ainsi que pour chacune des trois couches de l'artère. Les cellules dérivées des cellules myéloïdes, y compris les macrophages et les cellules géantes, sont les principales cellules infiltrantes inflammatoires exprimant p16 et p21. Des cellules p16+ et p21+ exprimant GM-CSF/IL-6 sont détectées dans toutes les biopsies de l'artère temporale.
Le rôle majeur de la sénescence ?
Ces données suggèrent la possibilité d'une activation des voies de la sénescence sur le site de l'inflammation vasculaire dans la maladie de Horton. Mais à cause du petit nombre de participants inclus dans l'étude et du fait que les échantillons de biopsie contenaient également des cellules géantes qui n'exprimaient pas les marqueurs de sénescence, les chercheurs restent prudents concernant leurs résultats. D'autres études sont nécessaires pour prouver définitivement que des cellules sénescentes sont présentes dans les lésions de la maladie de Horton.
Une étape importante consistera à identifier les véritables cellules sénescentes, selon le groupe de recherche, car les cytokines liées à la sénescence peuvent également refléter l'activation des cellules par les cascades de la signalisation inflammatoire. Mais si elle est confirmée, l'étude pourrait ouvrir la voie à de nouvelles approches thérapeutiques, y compris des médicaments visant à éliminer sélectivement les cellules sénescentes ou à bloquer la sécrétion de cytokines.