Diabétologie
Diabète : les AINS associés à un risque d’insuffisance cardiaque
Chez les diabétiques âgés et ceux dont le diabète est mal équilibré, une prise d’ anti-inflammatoires non-stéroïdiens (AINS) peut décompenser une insuffisance cardiaque.
- Davizro/istock
La prescription d’AINS a été associée à un risque accru d'insuffisance cardiaque dans la population générale, mais les données manquent chez les patients atteints de diabète de type 2. Comme les patients atteints de diabète de type 2 ont deux fois plus de risque de souffrir d'insuffisance cardiaque que ceux qui ne sont pas diabétiques, les AINS pourraient être encore plus néfastes dans ce groupe à risque.
Selon une étude présentée au congrès de la Société Européenne de cardiologie, l’ESC 2022, une prescription de courte durée d'anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) serait associée à une première hospitalisation pour insuffisance cardiaque chez les diabétiques âgés ou ceux atteints d’un diabète de type 2 mal équilibré.
Un risque chez les patients âgés
Globalement, la prise d'AINS par un diabétique est associée à un risque majoré de 43% de première hospitalisation pour insuffisance cardiaque (IC à 95% 1,27-1,63). Les chercheurs ont analysé le risque d'insuffisance cardiaque lié à l'utilisation d'AINS dans des sous-groupes de patients. Aucune association n'a été trouvée chez les patients ayant un taux normal d'hémoglobine glyquée (HbA1c) (inférieur à 48mmol/mol), témoignant d’un diabète bien contrôlé. Une association forte a été trouvée chez les patients âgés de plus de 65 ans, tandis qu'aucune association n'a été trouvée chez les patients âgés de moins de 65 ans.
Lorsque les AINS ont été analysés séparément, le risque d'hospitalisation pour insuffisance cardiaque serait augmenté avec le diclofénac ou l'ibuprofène, avec des RC correspondants de 1,48 (I IC à 95% : 1,10-2,00) et de 1,46 (IC à 95% : 1,26-1,69), respectivement. Le célécoxib et le naproxène n'ont pas été associés à un risque accru, ce qui pourrait être dû à la faible proportion d'ordonnances déclarées.
Une étude cas-témoin
Cette étude cas-témoin a examiné l'association entre l'utilisation à court terme d'AINS et le risque de première hospitalisation pour insuffisance cardiaque dans une cohorte nationale danoise de patients atteints de diabète de type 2. Les chercheurs ont utilisé les registres danois pour identifier les patients diagnostiqués avec un diabète de type 2 entre 1998 et 2021. Les patients souffrant d'insuffisance cardiaque ou d'une affection rhumatologique nécessitant une utilisation prolongée d'AINS ont été exclus.
L'étude a porté sur 331 189 patients atteints de diabète de type 2. L'âge moyen était de 62 ans et 44% étaient des femmes. Au cours de la première année suivant l'inclusion dans l'étude, 16% des patients ont demandé au moins une prescription d'AINS, tandis que 3% ont demandé au moins trois prescriptions. L'ibuprofène a été utilisé par 12,2% des patients, le diclofénac par 3,3%, le naproxène par 0,9% et le célécoxib par 0,4%. Au cours d'un suivi médian de 5,85 ans, 23 308 patients ont été hospitalisés pour la première fois pour insuffisance cardiaque.
Une association chez les diabétiques à risque
Les données sur l'utilisation des AINS en vente libre n'ont pas été inclues dans l'étude, ce qui constitue une limite, mais cela n'a probablement pas eu d'impact sur les résultats puisqu'une étude précédente avait révélé que les AINS en vente libre représentaient une faible proportion de l'utilisation totale des AINS, selon l'auteur.
« Il s'agissait d'une étude observationnelle et nous ne pouvons pas conclure que les AINS sont la cause d’une insuffisance cardiaque chez les patients atteints de diabète de type 2. Cependant, les résultats suggèrent qu'une augmentation potentielle du risque d'insuffisance cardiaque devrait être prise en compte lors de l'utilisation de ces médicaments. Au contraire, les données indiquent qu'il peut être sûr de prescrire des AINS sur une courte durée chez les diabétiques âgés de moins de 65 ans et à ceux dont le diabète est bien contrôlé », a déclaré le premier auteur, le Dr Anders Holt, de l'hôpital universitaire de Copenhague, au Danemark.