Cardiologie

Arrêts cardiaques extra-hospitaliers : l’enjeu de la position des électrodes de défibrillation

Une étude observationnelle suggère que la position antéro-postérieure des électrodes de défibrillation améliorerait la récupération de la circulation spontanée chez les patients en arrêt cardiaque extra-hospitalier avec rythme choquable, par rapport à une position antéro-latérale classique.

  • Egor Kulinich/istock
  • 26 Sep 2024
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    Les arrêts cardiaques extra-hospitaliers dus à la fibrillation ventriculaire (FV) ou à la tachycardie ventriculaire sans pouls (pVT) sont des urgences vitales où la rapidité de la défibrillation est cruciale. Les professionnels de la santé savent actuellement que le placement des électrodes, qu'elles soient devant et sur le côté ou devant et derrière, est tout aussi efficace en cas d'arrêt cardiaque. Selon une nouvelle étude observationnelle publiée dans The JAMA Network Open, la position des électrodes de défibrillation pourrait jouer un rôle déterminant dans l'efficacité du choc.

    Cette étude de cohorte menée sur 255 patients dans un service d’urgences nord-américain montre que la position antéro-postérieure des électrodes augmenterait significativement les chances de retour à une circulation spontanée avec un facteur de 2,64 comparé à la position antéro-latérale classique. Ce résultat met en lumière l’importance de reconsidérer la position des électrodes lors de la défibrillation initiale pour maximiser les chances de survie.

    Un retour à une circulation spontanée 2,64 fois plus fréquent en position antéro-postérieure

    L’étude a inclus 255 patients en arrêt cardiaque extra-hospitalier, dont 158 ont reçu une défibrillation avec des électrodes placées en position antéro-postérieure et 97 en position antéro-latérale. Le taux de retour à une circulation spontanée serait plus élevé chez les patients avec un placement antéro-postérieur des électrodes (46,8 % contre 23,3 % pour le groupe antéro-latéral), avec un odds ratio ajusté (aOR) de 2,64 (IC à 95 % 1,50-4,65). Cependant, aucune différence significative n’est observée pour les autres résultats cliniques tels que la survie à l’admission à l'hôpital, la survie à la sortie de l’hôpital ou la survie avec un bon pronostic neurologique. Les analyses de risques concurrents ont confirmé une incidence cumulative plus élevée de retour à une circulation spontanée chez les patients avec un placement antéro-postérieur (HR = 1,81 ; IC à 95 % 1,23-2,67 ; p = 0,003).

    Ces résultats suggèrent que la position antéro-postérieur des électrodes de défibrillation pourrait permettre une meilleure transmission de l’énergie électrique à travers le cœur, optimisant ainsi les chances de succès de la défibrillation initiale. Cependant, cela n'est pas possible dans de nombreux cas. Par exemple, le patient peut être en surpoids ou dans une position telle qu'il ne peut pas être facilement déplacé. Bien que l’étude n’ait pas relevé de différences majeures dans les événements indésirables liés à la procédure, des études complémentaires seront nécessaires pour confirmer ces résultats à plus grande échelle.

    Une étude observationnelle indépendante

    Cette étude a été réalisée dans le cadre du registre épidémiologique des arrêts cardiaques de Portland, avec une collecte de données de juillet 2019 à juin 2023. Les patients inclus soufraient d’une fibrillation ventriculaire ou d’une tachycardie ventriculaire sans pouls nécessitant une défibrillation en pré-hospitalier. Le choix de la position des électrodes était laissé à la discrétion des équipes d’urgences médicales, mais le protocole recommandait une position antéro-postérieure lorsqu’elle était possible, afin de faciliter un éventuel changement de vecteur après plusieurs échecs de défibrillation.

    Les données ont été rigoureusement collectées et analysées à l’aide de modèles statistiques multivariés pour ajuster les résultats en fonction des facteurs de confusion potentiels, tels que l’âge, le sexe, le poids estimé, et le délai avant l’arrivée des secours. Des analyses de sensibilité ont été effectuées pour tester la robustesse des résultats, notamment à travers des appariements par scores de propension et des modèles à effets mixtes prenant en compte les unités d’intervention spécifiques.

    Bien que les résultats de cette étude soient prometteurs, ils nécessitent confirmation dans des essais cliniques randomisés à plus grande échelle. La découverte d’une interaction entre le poids du patient et la position des électrodes, suggérant une efficacité moindre de la position antéro-latérale chez les patients plus lourds, ouvre également des pistes de recherche intéressantes pour adapter les pratiques de défibrillation en fonction des caractéristiques individuelles des patients.

    Take-home message

    Le placement des électrodes de défibrillation en position antéro-postérieure semble améliorer significativement le retour à la circulation spontanée chez les patients en arrêt cardiaque avec un rythme choquable.

    Ces résultats invitent à reconsidérer les recommandations actuelles sur le positionnement des électrodes et soulignent l’importance de poursuivre les recherches dans ce domaine crucial pour optimiser les chances de survie après arrêt cardiaque.

     

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