Elections et débat national

Santé et Présidentielle : les propositions de Yannick Jadot candidat EELV

La campagne présidentielle a commencé et, après la crise de l’hôpital et la pandémie Covid-19, nous avons interrogé les candidats et des représentants de la société civile sur leurs propositions de réforme de la Santé. Aujourd’hui, la synthèse du programme santé du candidat Yannick Jadot.

  • Niyazz/istock
  • 26 Mar 2022
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    Claire Magone est rédactrice projet Santé/Travail & Protection sociale/Éducation au sein de l’équipe projet du candidat Yannick Jadot et elle nous a adressé cette synthèse du programme santé du candidat EELV à la Présidentielle.

     

    L’ambition du projet santé de Yannick Jadot est de protéger ce bien commun qu’est la santé dans sa dimension la plus transversale (physique, mentale, sociale, écologique) et son universalité, en faisant le lien entre santé de la planète et santé humaine, entre conditions de vie et de travail et santé, entre inégalités sociales et santé.

    Nous attaquerons les maux à leurs racines (les pollutions, les mauvaises conditions de vie, les addictions, …). Notre priorité sera de réparer notre hôpital public paupérisé par des années de pilotage par la rigueur ; de revitaliser notre système de soins de santé mentale, au bord de l’implosion ; de repeupler les déserts médicaux.

    Nous ferons de la santé environnementale le pilier de notre politique de santé, et mettrons en place des politiques volontaristes de prévention pour mieux préserver la santé de tous, prévenir la perte d’autonomie et la maladie et garantir un accompagnement bien-traité et adapté à nos aînés. Concrètement:

    Nous réparerons l’hôpital public

    Notre système de santé est asphyxié par une gestion centralisée et cloisonnée, imposant à tous les niveaux des indicateurs de rigueur budgétaire. Nous réformerons son financement, en le fondant d’une part sur les besoins populationnels exprimés au niveau du territoire et d’autre part sur une tarification à l’acte réservée aux seuls actes techniques, programmables et standardisés, avec une nomenclature commune au privé et au public. Les dépenses prévisionnelles de financement prendront en compte la prévention, la coordination des soins, le temps de travail pour assurer un parcours de soin efficace autant que le temps d’information et d’organisation des services et la permanence des soins.

    Nous décrèterons une reprise de la dette des hôpitaux. Nous augmenterons le nombre de lits hospitaliers en fonction des besoins réels de la population. Nous veillerons à l’application de ratios normés du nombre de patients par catégorie de soignants et par secteur d’activités hospitalières, avec l’objectif de garantir la sécurité et la qualité des soins et d’améliorer les conditions de travail. Nous demanderons aux réservataires (Etat, collectivités et bailleurs) de réserver des logements sociaux pour les personnels hospitaliers, notamment en Ile de France, limitant ainsi les trajets trop longs qui épuisent les personnels avant même l’arrivée sur leur lieu de travail. Nous embaucherons 100 000 infirmières et infirmiers en 3 ans. L’ensemble des rémunérations des personnels soignants devra être au moins égal à la moyenne de l’OCDE.

    Nous repeuplerons les déserts médicaux et reconnecterons notre système de santé à la réalité des besoins

    Une commune sur trois se situe dans un désert médical. La mauvaise allocation des soins sur le territoire national se traduit en renoncement aux soins, délais de prise en charge et engorgement des services d’urgence hospitaliers et elle engendre un surcoût de 1 à 5 Mrds pour le système de santé.

    Nous proposons le conventionnement sélectif pour limiter les nouvelles installations dans les zones déjà bien pourvues en médecins : un médecin ne pourra s’y installer en étant conventionné que lorsqu’un médecin libéral du territoire cessera son activité. En complément, nous mettrons en place une obligation d’effectuer la dernière année d’internat et les deux premières années d’exercice dans les territoires sous-denses. Cette mesure est temporaire, puisqu’en supprimant réellement le numérus clausus et en doublant les capacités d’accueil des universités de médecine sur le quinquennat, nous revitaliserons le vivier de médecins dont la France a besoin. C’est aussi une mesure que nous accompagnerons : beaucoup de jeunes médecins aspirent à un rythme qui leur permette de concilier exercice du métier et vie privée. En renforçant les systèmes de vacation, nous garantirons l’accès à des congés et, comme sur tous les territoires, à des services publics - écoles, crèches, sport et culture.

    Ces mesures vont de pair avec une nouvelle articulation du rôle du médecin avec les autres acteurs de santé, pour une meilleure coordination de parcours de soin, sans rupture et sans doublon. Nous proposons, dans cette perspective, une nouvelle gouvernance territoriale associant les régions, les ARS (dont nous modifions les missions pour les recentrer sur le contrôle et l’évaluation, la déclinaison d’initiatives nationales et la coordination de réponses à des urgences sanitaires) et une nouvelle collectivité de santé à l’échelle d’un territoire de 50 000 à 150 000 personnes.

    Ces collectivités prendront en compte les spécificités du territoire (démographie, enjeux d’accès, conditions sanitaires particulières) et regrouperont l’ensemble des institutions et professionnels de santé (professionnels de santé, hospitaliers et des cliniques privées/publiques, médecins de  ville, paramédicaux salariés publics/privés et libéraux, professionnels du secteur médico-social et membres actuels des Communautés Professionnelles Territoriales de Santé, et d’une représentation renforcée des usagers des services et établissements de santé) tous impliqués dans la définition des besoins et du plan d’action global de la collectivité.

    Nous reconstruirons un système de soins psychiques préventif et curatif

    Ce projet sera réalisé en alliant une véritable psychiatrie de secteur bien-traitante, qui “prend le temps qu’il faut pour soigner”, autorisant une prise en charge pluridisciplinaire, décloisonnée, proche des patient·e·s et de leur entourage, et la construction d'une relation thérapeutique sur le long terme. Nous augmenterons le nombre de lits psychiatriques (10 000 lits sur le quinquennat).

    Nous faciliterons les parcours de soin dans une logique de prévention et de prise en charge rapide en élargissant le remboursement de la psychologie de ville par la sécurité sociale sans limitation de temps et sans obligation de référencement par un médecin.

    Nous renforcerons la santé environnementale 

    • Lutte contre les pollutions agricoles qui nous empoisonnent ; contre les pollutions de transports ; contre les pollutions de l’air, les plastiques et les micro plastiques.
    • Protection maximale de la petite enfance pendant les 1000 premiers jours (de la conception à 2 ans) : avec des consultations pré-conceptionnelles et pré-natales ; protection de la santé du fœtus sur le lieu de travail de la mère, détection des troubles et pathologies d’origine environnementale dans les PMI, et politique d’accueil et de protection de l’enfant (200 000 places crèches ; allocation dès le premier enfant, protection des mineurs placés).
    • Informer et sensibiliser : pictogrammes sur les objets du quotidien susceptibles de contenir des CMR ou Perturbateurs endocriniens.
    • Plan de lutte contre l’obésité, qui doit être reconnue comme une ALD à part entière et faire accéder à parcours de soin pris en charge.

    Nous renforcerons la prévention

    • Prévenir et protéger par l’assiette : en garantissant l’accès à une alimentation bio, locale et de qualité avec, notamment, un objectif de 100% bio dans la restauration collective publique en 2027,
    • Prévenir et protéger par le sport : nous consacrerons 1% du budget de l’État, soit 3 milliards d’euros à l’horizon 2025, à un grand plan de développement des activités physiques et sportives, incluant la prise en charge financière des premières consultations médico-sportives dans le cadre de la prescription d’activité physique adaptée ; renforcement de la pratique physique et sportive dès la maternelle
    • Renforcer la santé au travail : restaurer le compte personnel de prévention de la pénibilité ; améliorer la réparation des maladies professionnelles et reconnaître le Burn out et la dépression professionnelle.
    • Renforcer l’encadrement, le maillage et la formation des personnels contribuant à la prévention, la détection, et la prise en charge des problèmes de santé et notamment de santé mentale (recrutement à l’école de 2000 médecins scolaires ; 1000 assistants sociaux et 3000 infirmiers).

    Nous garantirons le bien vieillir à nos aînés

    Nous mettrons fin à cette dérive en gelant l’ouverture et le développement des EHPAD à but lucratif - la vie de nos aînés n’est pas un produit financier. Nous renforcerons le financement public pour assurer soins et prise en charge de qualité (garantir un ratio 0,8 ETP soignants / résident.e, établissements à taille humaine (pas plus de 80 résidents), accès à des médecins coordinateurs, ergothérapeutes, kiné en nombre suffisant, pour prévenir la perte d’autonomie).

    Nous nous donnerons les moyens virage domiciliaire tant attendu), et développerons des lieux de vie intermédiaires entre Ehpads et domicile en favorisant l'émergence de projets coopératifs participatifs d'habitants, de projets d'habitat partagé ou de projets d'habitat participatif intergénérationnels.

    Pour éviter toute dérive de marchandisation, ces projets seront portés par des structures de l'économie sociale et solidaire pouvant prendre la forme de coopérative d'habitants avec une aide à l'accès pour les personnes à faible revenu ; pour être accessibles au plus grand nombre, ces structures bénéficieront de prêts réglementés, de prêts locatifs à usage social et de subventions.

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