Infectiologie
Infections avec bactériémie : 7 jours d’antibiotiques seraient suffisants
Une étude multicentrique, randomisée, démontre que 7 jours d'antibiothérapie seraient non inférieurs à 14 jours pour le traitement dans la plupart des cas d’infections avec bactériémie associée, avec des taux de mortalité similaires à 90 jours.
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Les bactériémies sont fréquemment associées à de nombreuses infections focales et potentiellement mortelles. Si l'initiation précoce d'une antibiothérapie adaptée est cruciale, la durée optimale du traitement reste débattue.
Les traitements antibiotiques de courte durée suscitent des inquiétudes car ils pourraient entraîner un échec clinique, une rechute de l'infection et la sélection d'une résistance chez l'agent pathogène coupable. Les inconvénients d'une durée de traitement excessive comprennent des effets indésirables évitables, l'infection à Clostridioides difficile, le développement d'une résistance chez les bactéries non ciblées et des coûts excessifs.
L'étude BALANCE, publiée dans le New England Journal of Medicine, a comparé l'efficacité de 7 jours versus 14 jours d'antibiotiques chez des patients hospitalisés avec de bactériémie. Les résultats montrent que 14,5 % des patients traités pendant 7 jours sont décédés dans les 90 jours, contre 16,1 % pour ceux traités pendant 14 jours, confirmant la non-infériorité du traitement plus court.
Une nouvelle étude de l’intérêt de réduire la durée de l’antibiothérapie
Les chercheurs ont exclu les patients souffrant d'immunosuppression sévère, les foyers nécessitant un traitement prolongé, les cultures uniques avec des contaminants possibles, ou les cultures positives à Staphylococcus aureus.
Le second groupe de résultats indique que ces conclusions sont cohérentes à travers différents sous-groupes de patients, pathogènes et syndromes infectieux. Plus de 3600 patients ont été inclus, avec des origines de bactériémie variées telles que le tractus urinaire (42,2 %), l'abdomen (18,8 %) et les poumons (13 %).
Les effets indésirables, y compris les infections à Clostridioides difficile et la colonisation par des organismes résistants, étaient similaires entre les deux groupes. La tolérance au traitement de 7 jours était donc comparable à celle du traitement de 14 jours.
Une étude multicentrique excluant les infections les plus sévères
Cette étude randomisée contrôlée, réalisée dans 74 hôpitaux de sept pays, offre une solide base méthodologique grâce à sa large cohorte et à son faible seuil de non-infériorité (4 %). Les patients avec immunosuppression sévère ou infectés par Staphylococcus aureus ont été exclus, ce qui doit être pris en compte lors de l'interprétation des résultats. Néanmoins, la diversité des pathogènes et des syndromes étudiés renforce la représentativité des conclusions.
Des essais cliniques randomisés antérieurs ont démontré la non-infériorité de durées de d’antibiotiques plus courtes (7 jours ou moins) pour les infections bactériennes, y compris les pneumonies communautaires et hospitalières, les infections intra-abdominales non compliquées, les pyélonéphrites et les cellulites. Toutefois, la généralisation des résultats de ces essais avaient des limites, car nombre d'entre eux excluaient les patients souffrant d'une bactériémie, se concentraient sur les bactériémies non compliquées ou étaient de taille modeste et incapables de détecter ou d'exclure des effets cliniquement importants.
Ces données suggèrent une possible révision des pratiques cliniques actuelles, en privilégiant des durées de traitement antibiotique plus courtes pour réduire les coûts et limiter le développement de résistances.