Gériatrie
Personnes âgées : quelles précautions pour un voyage à cet âge ?
Les voyages ont de multiples bénéfices pour la population âgée, bien être, stimulation intellectuelle, majoration des interactions sociales etc... Ils sont donc à encourager, mais pas sans précautions particulières. Quels conseils pratiques donner aux patients ? Une excellente cession des printanières de la SFGG, Société Française de Gériatrie et Gérontologie, a répondu à la question.
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« Les personnes âgées voyagent et c'est une excellente nouvelle ! », voici l'introduction positive de la passionnante et très pratique présentation du professeur Claire Roubaud au CHU de Bordeaux. Elle était dédiée aux précautions à prendre pour les voyageurs âgés lors des dernières Printanières de la Société Française de Gériatrie et Gérontologie (SFGG).
Car certes c'est une excellente nouvelle mais voyager lorsque l'on est âgé comporte aussi des risques spécifiques. Il est donc important de connaître ces risques et les précautions à prendre pour les éviter.
Des précautions simples et pratiques à transmettre au patient avant le départ
La présentation commence avec du pratico-pratique, versant administratif. Le professeur Roubaud conseille ainsi de s'assurer avant le départ du patient qu'il a une assurance rapatriement et prenant en charge les frais d'hospitalisation. Ceci étant posé, «il faut que le patient âgé parte avec un document très clair sur la liste de ses pathologies chroniques et des traitements qu'il a en lien avec ses pathologies et au mieux en anglais » poursuit-elle.
Au-delà de la liste de ses traitements, il est nécessaire de préciser au patient qu'il doit partir avec la quantité de traitement nécessaire pour toute la durée du séjour, voire plus. Il faut aussi lui remettre un document précisant, en cas de voyage en avion, qu'il doit aller en cabine avec ses médicaments, et non dans la soute à baggages comme cela peut être habituellement recommandé : « en effet on a tous perdu un bagage et quand on a plus d'insuline c'est embêtant pour la suite du voyage... » souligne la gériatre.
Focus pathologies chroniques : « certaines nécessitent plus d'attention »
Certaines pathologies chroniques, fréquentes dans la population âgée, doivent être l'objet d'une attention particulière en cas de voyage.
Chez les patients BPCO ou asthmatiques sévères qui projettent de prendre l'avion, il est nécessaire de les adresser à un pneumologue pour la réalisation d'un test d'hypoxie car il existe risque d'exacerbation et d'hypoxie avec l'altitude.
Pour les patients diabétiques, Pr Roubaud rappelle qu'en cas de décalage horaire de plus de 5 fuseaux horaires, l'insuline est à adapter, précisant que « les sites de diabétologie sont extrêmement bien faits pour cela ». Il faut aussi avertir le patient qu'il va devoir faire des glycémies plus fréquentes les premiers jours en raison des changements alimentaires et possiblement des problèmes de santé qui vont influencer la glycémie comme des vomissements ou de la diarrhée.
Enfin sont évoqués les troubles neurocognitifs. L'interrogation sur la pertinence des voyages pour les patients atteints de troubles neurocognitifs est souvent émise en consultation, ce à quoi la gériatre répond que « là il faut se poser les bonnes questions […] et il n'y a pas de réponse oui ou non ». Elle conseille le recours aux sites francealzheimer.org et alzheimers.org.uk références sur ce sujet. Ils proposent des listes de questions à poser au patient ou à l'aidant pour évaluer la pertinence d'un voyage, telles que le support de l'aidant sur place, l le lieu de destination (connu ou non), l’origine de l'envie de ce voyage ou encore la tolérance à la contrainte du patient.
Les vaccinations bien sûr !
«Je ne pouvais pas ne pas parler vaccinations ! » conclut le professeur Roubaud, qui précise que «un départ en voyage est aussi l'occasion de revoir le calendrier vaccinal des patients », rappelant au passage les multiples nouveautés de cette année : nouveau vaccin pneumocoque avec un schéma simplifié à une dose, vaccin Shingrix contre le zona pour les plus de 65 ans et possiblement à l'automne prochain la vaccination contre le VRS... Il est à noter aussi que les patients BPCO sont des patients particulièrement à risque de faire des infections respiratoires.