Pédiatrie
Médulloblastome de l’enfant : un biomarqueur pronostique majeur pour choisir la stratégie
L’expression immunohistochimique (IHC) de la protéine MYC permettrait d’identifier les formes agressives de médulloblastome et d’orienter efficacement la prise en charge thérapeutique.

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Le médulloblastome, tumeur cérébrale pédiatrique fréquente, reste une cause majeure de décès par cancer chez l’enfant. Malgré les avancées thérapeutiques récentes, l’identification précise des cas à haut risque et inaccessibles au traitement demeure complexe. Elle repose actuellement sur des techniques génétiques coûteuses et peu accessibles.
Dans ce contexte, une étude canadienne récente, publiée dans Neuro-Oncology, a évalué l’intérêt clinique d’un marqueur protéique facilement détectable, la protéine MYC, par immunohistochimie (IHC). À partir de l’analyse protéomique approfondie de 56 échantillons de médulloblastomes, les auteurs ont découvert une signature protéique associée à l’expression élevée de de la protéine MYC, corrélée à une résistance thérapeutique accrue et à un pronostic défavorable. En analyse multivariée, une expression positive de MYC en immunohistochimie se révèle prédictive d’une résistance thérapeutique (HR : 23,6 ; IC à 95 % [1,04-536,18], p=0,047) et d’une mortalité accrue (HR : 3,23 ; IC à 95 % [1,84-5,66], p<0,001), indépendamment des autres critères pronostiques connus.
Importance d’une détection protéique indépendante des méthodes moléculaires
L’analyse complémentaire sur un échantillon élargi (27 contrôles non touchés comparés à 25 cas confirmés de médulloblastome) confirme la pertinence de MYC-IHC pour prédire l’évolution clinique des patients, montrant une capacité robuste à identifier précocement les formes agressives. En particulier, les résultats révèlent que la présence de MYC détectée par IHC serait corrélée à une résistance accrue au traitement conventionnel, avec un reclassement pronostique important pour ces patients à haut risque.
En outre, environ 10 à 15 % des cas positifs pour MYC par IHC n’ont pas de caractéristiques génétiques MYC amplifiées évidentes, soulignant ainsi l’importance d’une détection protéique indépendante des méthodes moléculaires complexes.
Modifier rapidement la prise en charge du médulloblastome pédiatrique
Cette étude, menée sur des échantillons de médulloblastome fixés au formol et inclus en paraffine provenant de plusieurs centres, repose sur une méthodologie rigoureuse associant la protéomique avancée à la validation clinique par immunohistochimie. Malgré un nombre limité d’échantillons (n=56 pour l’analyse protéomique), la robustesse des résultats est confirmée par l’analyse indépendante d’une cohorte élargie pour les données cliniques. Cette méthodologie garantit une bonne reproductibilité et une représentativité adéquate en pratique clinique, favorisant une intégration rapide du test dans les laboratoires hospitaliers.
Selon les auteurs, les implications médicales de ces résultats sont immédiates et significatives : l’utilisation du marqueur MYC en immunohistochimie pourrait modifier rapidement la prise en charge du médulloblastome pédiatrique en permettant une identification plus précoce et plus précise des patients nécessitant un traitement intensifié, tout en épargnant aux formes moins agressives les effets secondaires potentiellement graves d’un traitement inutile. L'intégration systématique de MYC-IHC dans les essais cliniques futurs pourrait renforcer la stratification pronostique et individualiser les stratégies thérapeutiques. Enfin, ces résultats ouvrent la voie à de futures recherches pour explorer d'autres biomarqueurs protéomiques potentiels afin d'affiner davantage le diagnostic et le suivi des patients atteints de médulloblastome.