Toux de l’enfant : sèche ou grasse, elle doit être respectée
Normalement destinée à éliminer des sécrétions qui encombrent les voies respiratoires, la toux est un signe très fréquent chez l’enfant. Aucun antitussif vendu en pharmacie n’a démontré une efficacité, mais ils peuvent être dangereux et sont donc contre-indiqués avant 30 mois.
Des mots pour les maux
Une « toux aiguë » dure de quelques jours à trois semaines.
Une « toux chronique » survient tous les jours et dure plus de quatre semaines.
Une « toux sèche » ne s’accompagne pas de production de glaires et une toux grasse s’accompagne d’une production de glaires ou « expectorations ».
Qu'est-ce qu’une toux ?
La toux est une expiration brusque et bruyante, réflexe ou volontaire, assurant l’expulsion brutale de l'air contenu dans les poumons en réponse à une irritation.
C’est une réaction normale des voies respiratoires pour les libérer des sécrétions bronchiques. C'est aussi une réponse réflexe déclenchée par diverses irritations inflammatoires, le plus souvent en lien avec une infection ou une allergie, mais aussi chimiques ou mécaniques. La toux n’est pas dangereuse et rarement douloureuse, le principal ennui est l’insomnie qu’elle entraîne parfois.
La toux est sous le contrôle d’un « centre nerveux de la toux », situé à la jonction du cerveau et de la moelle épinière (dans le « bulbe »). Ce centre est relié à des récepteurs présents dans toutes les zones sensibles des voies aériennes. Si ces récepteurs sont stimulés par une accumulation de sécrétions bronchiques ou un corps étranger qui gênent la respiration, un message est transmis par les « nerfs afférents » (trijumeau, glosso-pharyngien, laryngé supérieur, nerf vague) au centre de la toux et celui-ci réagit en envoyant par l'intermédiaire d’autres « nerfs efférents » (nerfs récurrents laryngés et spinaux), un message aux muscles impliqués dans les mouvements respiratoires et notamment aux muscles de glotte et de la cage thoracique.
Après une inspiration forcée, une petite valve à la base de la gorge, « l’épiglotte » se referme pour faire monter la pression de l’air dans les voies respiratoires, tandis que le muscle diaphragme remonte, les côtes et le sternum descendent et les poumons se contractent. Lorsque la pression devient trop forte, l’épiglotte s’ouvre brutalement. L’air est alors éjecté et produit un son très caractéristique au contact des cordes vocales.
Deux types de mécanismes sont évoqués dans le déclenchement de « l’arc réflexe » de la toux : stimulation directe des récepteurs des voies respiratoires par des sécrétions, une tumeur ou un corps étranger, et augmentation de la sensibilité des récepteurs des voies aériennes à l’origine d’un état « d’hypersensibilité » et d’un abaissement du seuil de la toux (tabac, irritants naturels ou chimiques, variations de température).
Il existe de nombreuses formes de toux qui peuvent être regroupées en deux familles : les « toux sèches » (sans production de glaires) et les « toux grasses » (avec production de glaires ou « expectorations »). Les toux grasses sont des toux utiles car elles dégagent les voies respiratoires et contribuent à la guérison.
Une toux peut être « aiguë » (courte durée, par exemple en cas de rhinopharyngite) ou « chronique » (elle se prolonge plus de 3 semaines, par exemple en cas d’allergie). Mais il faut savoir que tousser pendant trois semaines après une infection est normal même si celle-ci est complètement guérie (20 % des enfants guéris toussent encore au bout de 3 semaines).
A quoi sont dues les toux chez l’enfant ?
La toux n’est pas une maladie mais un « symptôme », c’est-à-dire un signe apparaissant en réaction à une irritation de la gorge, de la trachée, des bronches, ou parfois en réaction à un problème touchant d’autres organes comme les oreilles ou l’estomac.
De nombreuses maladies s’accompagnent donc de toux (rhinopharyngite, laryngite, bronchiolite, pneumonie, asthme, coqueluche, rougeole, grippe… reflux gastro-œsophagien).
Une « toux aiguë » accompagne un grand nombre de maladies et notamment des épisodes infectieux viraux courants chez les enfants, en particulier l’hiver. Les antibiotiques sont donc inutiles (tousser pendant trois semaines est normal après une infection même si celle-ci est complètement guérie).
• Il faut toujours éliminer en premier un syndrome de pénétration d’un corps étranger. Lorsqu’un corps étranger est inhalé, il provoque également des accès répétés de toux aiguë, rauque, voire asphyxique, mais il se manifestera ensuite surtout par des infections à répétition.
• La rhinopharyngite : inflammation de la cavité nasale et du pharynx d’origine virale, elle sévit principalement en automne et hiver. Elle associe des douleurs de gorge (« angine ») à un rhume, éventuellement un peu de fièvre et de la toux qui peut persister une dizaine de jours.
• La bronchite : elle correspond à une inflammation des bronches, la plupart du temps provoquée par un virus, mais parfois une bactérie. Les poumons sécrètent alors un mucus épais qui sera évacué par la toux. Chez les nourrissons, il s’agit d’une « bronchiolite » qui touche les petites bronches. Cette toux peut être aggravée par un tabagisme passif si les parents fument dans l’appartement ou la maison.
• La trachéite : inflammation de la muqueuse de la trachée, elle se traduit par des quintes de toux sèches douloureuses.
• La laryngite : inflammation du larynx, elle se traduit par une toux « aboyante » caractéristique, souvent nocturne.
• Des substances irritantes (gaz, poussière, par exemple) sont de même à l’origine de toux.
• Très fréquent chez le nourrisson, le reflux gastro-œsophagien peut entraîner ensuite une toux chronique et des épisodes d’infections broncho-pulmonaires.
On parle de « toux chronique », lorsque la toux dure plus de trois semaines chez l’enfant et le nourrisson. Elle peut être due à :
• Un asthme (60 % des cas), qui ne se manifeste parfois que sous la forme d'une toux, principalement nocturne. Dans ce cas, la toux peut être le premier signe d’une crise qui se traduit alors par des difficultés respiratoires potentiellement graves.
• Des allergies (15 % des cas), qui entraînent des écoulements de mucosités dans la gorge à l’origine de la toux (« rhinorrhée postérieure »), souvent nocturne.
• Un reflux gastro-œsophagien (10 % des cas) : la toux se manifeste alors principalement en position allongée.
• Un tabagisme passif ou l’exposition à des gaz nocifs, des aérosols ou des moisissures (4 %).
• Une infection pulmonaire atypique (8 %) : infection à VRS, adénovirus, chlamydia, pneumocystis, mycoplasme, coqueluche, tuberculose.
• Les causes plus rares de la toux chronique sont la mucoviscidose et les anomalies congénitales exceptionnelles des bronches.
• Une toux psychogène (3 %) : la toux disparaît pendant la nuit, mais c’est un diagnostic d’élimination.
Quels sont les risques des toux ?
La toux en elle-même n’est pas dangereuse et le principal inconvénient est l’insomnie qu’elle peut provoquer. Il ne faut pas s’inquiéter de la toux elle-même, mais il faut apprendre à reconnaître les « signes de gravité » qui peuvent l’accompagner :
• Fièvre persistante ou récidivante (il n’y a pas de pneumonie sans fièvre).
• Respiration trop rapide (« tachypnée ») : on considère que la respiration est trop rapide si elle est supérieure à 50 cycles par minute avant 1 an, supérieure à 40 cycles par minute entre 1 an et 5 ans, et supérieure à 30 cycles par minute entre 5 et 15 ans.
• « Cyanose » : lèvres et doigts violets.
• Signes thoraciques (difficulté respiratoire visible, mouvements anormaux).
• Quintes asphyxiantes (surtout avant un an).
• Modification ou disparition de la voix (surtout avant un an).
Quand faut-il consulter un médecin ?
Devant des signes de gravité de la toux, il faut appeler immédiatement le SAMU en composant le 15 ou le 112 :
• Si, en plus de la toux, l’enfant éprouve des difficultés pour respirer ou pour avaler.
• Si sa voix se modifie (voix éteinte).
• Si son état général se détériore.
• Si la toux est rauque (comme un aboiement).
• Si l’on pense que la toux est due à un corps étranger dans les voies respiratoires (jouet, cacahuète...).
• Si l’enfant fait des efforts pour respirer (visibles au niveau du cou et des ailes du nez).
Il faut consulter un médecin dans la journée :
• Si la toux s’accompagne d’une forte fièvre ou d’un mal de gorge.
• Si des sifflements sont associés à la toux.
• Si la toux ne diminue pas après quelques jours de traitement prescrit par un médecin.
Il faut consulter un médecin dans la semaine si la toux persiste et occasionne une gêne pour l’enfant et son entourage (insomnie).
Comment faire le diagnostic d’une toux chez l’enfant ?
Le diagnostic de toux dépend du type de toux (aigu/chronique, sèche/grasse) et du contexte (infections hivernales ou sans cause évidente).
L’interrogatoire sur les caractères de la toux est donc essentiel pour l’orientation du diagnostic : une toux rauque et métallique évoque une origine trachéale ou bronchique, une toux sifflante et en faveur d’un bronchospasme et une toux « aboyante » est en faveur d’une origine glottique.
Certaines circonstances de survenue sont aussi évocatrices : une toux nocturne ou de décubitus évoque une origine cardiaque ou un reflux gastro-œsophagien, une toux exagérée par les changements de position est en faveur d’une bronchectasie, une toux accompagnée de signes d’atopie (rhinite et conjonctivite allergique) est en faveur d’un asthme, une toux lors des repas fera penser à des troubles digestifs.
Enfin les caractères de l’expectoration peuvent être évocateurs : une expectoration abondante et muqueuse oriente vers une surinfection bronchique, purulente, elle évoque un abcès pulmonaire, mousseuse et rosée, elle évoque une œdème pulmonaire, si elle est sanglante (« hémoptoïque »), elle doit faire éliminer une embolie pulmonaire ou un cancer, mais elle peut être présente au cours d’une bronchectasie, d’une tuberculose, d’une bronchite chronique ou d’une hémoptysie. Il faut faire la distinction entre une toux isolée et une toux avec des signes généraux. Chez l’enfant, une toux chronique de plus de huit semaines nécessite des investigations.
Le médecin examine le nourrisson ou l’enfant, recherche des signes tels que la fièvre et un amaigrissement, inspecte sa gorge à la recherche d’une rhinorrhée postérieure et ausculte ses poumons et son cœur.
Le cas échéant, il demande une analyse de sang et une radiographie des poumons.
Le diagnostic d’asthme est difficile chez l’enfant avant 6 ans, même en cas de bronchiolite : seulement 1/3 des enfants qui ont des signes évocateurs d’asthme de l’enfance resteront asthmatiques toute leur vie. Il ne faut donc pas traiter un « asthme » pendant de plus de 6 semaines si la toux a disparu. Les antitussifs sont tous contre-indiqués dans l’asthme.
Que faire en cas de toux chez l’enfant ?
Un certains nombre d’attitudes permettent de soulager en partie la toux banale :
• Il faut veiller à bien humidifier l’air ambiant (récipients remplis d’eau ou humidificateur).
• Il faut éviter de fumer dans la maison.
• Il faut faire inhaler de la vapeur d’eau à l’enfant à partir de 3 ans en plaçant son visage au-dessus d’un bol d’eau chaude et en couvrant sa tête avec un torchon. En cas de toux rauque, il est possible de tenter de s’enfermer avec le bébé dans la salle de bains, boucher l’évacuation d’air, puis projeter avec le pommeau de douche de l’eau chaude sur les parois de la baignoire, jusqu’à ce que l’atmosphère de la salle de bains soit bien humide.
• Il faut maintenir son bébé en position assise ou semi-assise.
• En cas de rhino-pharyngite, il faut nettoyer le nez et l’arrière-gorge du bébé ou de l’enfant avec du liquide physiologique en aérosol ou en dosettes.
• Il faut lui donner à boire fréquemment.
Des mesures sont importantes en prévention de la toux de l’enfant :
• Ne pas fumer dans l’appartement où vit un enfant.
• Faire le vaccin contre la coqueluche, ainsi que les rappels.
• Eviter les aérosols, parfums, insecticides, purificateurs d’air.
• Contrôler l’excès d’humidité et les moisissures.
• Evitez les boissons gazeuses en cas de reflux gastro-œsophagien.
Comment traiter une toux chez l’enfant ?
La toux étant le signe d’une autre maladie (« symptôme »), son traitement varie en fonction de son origine :
• En cas d'infection bactérienne, un traitement antibiotique est prescrit à l'enfant.
• Si la toux est d'origine allergique, les médicaments antihistaminiques peuvent être utilisés.
• En cas de laryngite, des corticoïdes peuvent être employés, lorsque l'enfant à des difficultés à respirer.
• Les médicaments antitussifs sont destinés à atténuer la toux et ne doivent ainsi pas être utilisés en cas de toux grasse, pour ne pas entraver l'évacuation des sécrétions. Ils sont donc réservés à la toux sèche, mais uniquement lorsque celle-ci altère la qualité de vie de l'enfant, en l'empêchant de dormir par exemple.
Aucun antitussif vendu en pharmacie n’a démontré une efficacité supérieure à l’eau sucrée. Les antitussifs peuvent être dangereux et sont contre-indiqués avant 30 mois en raison notamment de la présence de dérivés terpéniques (risque de convulsions).
• Les expectorants, mucolytiques et mucofluidifiants ne servent pas à grand chose et sont contre-indiqués avant deux ans.
• Lorsque l’encombrement des bronches est important ou que le médecin suspecte une bronchiolite, ce dernier peut prescrire des séances de kinésithérapie respiratoire pour faciliter la remontée des glaires.
En pratique :
• Il faut toujours dégager le nez de l’enfant avec du sérum physiologique et incliner le lit pour réduire les écoulements rhinopharyngés et les reflux gastro-œsophagiens.
• Chez l’enfant de moins de 30 mois, tous les antitussifs sont contre-indiqués, que la toux soit productive (grasse) ou sèche.
• En cas de toux sèche, les médicaments utilisés sont des antitussifs qui diminuent le réflexe de toux en agissant sur le système nerveux.
Chez l'enfant de moins de deux ans, ces médicaments ne doivent en aucun cas être utilisés en automédication. Leur usage doit se limiter au cas où l’enfant a du mal à supporter la toux, et la durée du traitement ne doit pas dépasser trois à cinq jours.
Entre 30 mois et 6 ans, dans les toux sèches, les parents et les médecins utilisent souvent des antitussifs malgré une efficacité comparable au placebo. Il faut alors éviter de les utiliser longtemps. On peut utiliser dextrométorphane, noscapine, pholcodine, diméthoxanate. Il ne faut jamais utiliser de codéine ni clobutinol ni pentoxyvérine. Il faut donc lire attentivement la composition du sirop conseillé par le pharmacien ou prescrit par le médecin.
Une toux sèche persistante justifie une consultation médicale.
• En cas de toux grasse, les fluidifiants bronchiques sont destinés à diminuer la viscosité des sécrétions et à faciliter leur remontée et leur élimination, mais ils sont rarement utiles. L'usage des médicaments contenant de la carbocistéine ou de l'acétylcystéine est contre-indiqué chez les enfants de moins de deux ans.
• En cas de vomissements (qui peuvent parfois accompagner les toux très productives), il ne faut pas donner de métoclopramide (Primpéran®).
• Les dérivés terpéniques (Camphre, Menthol, Eucalyptus) sont contre-indiqués, même en pommade, de même que les antitussifs antihistaminiques (Calmixène®, Dimétane®, Fluisédal®, Rectoplexil®, Rhinatiol®, Théralène®, Paxéladine®, Pneumorel®) .
• En cas de douleur à la toux, le paracétamol peut suffire.
• Il faut éviter de donner plusieurs médicaments.
La toux de l’enfant en France
La toux de l’enfant est un problème fréquent qui concerne 18 % des consultations avant 4 ans et 10 % des consultations avant 5 ans.
Les liens de la toux chez l’enfant
Le site allergienet.com
https://www.allergienet.com/toux-chronique-de-lenfant-que-fait-lallergologue/
Les liens Pourquoi Docteur
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