Prélèvement d'organes

Don d’organes post-mortem en France : démêlons le vrai du faux !

En France, la loi indique que tous les citoyens sont donneurs d’organes et de tissus, sauf en cas de l’expression d’un refus d’une personne pendant son vivant.

  • Par Alexandra Wargny Drieghe
  • Akarawut Lohacharoenvanich/Istock
  • 27 Avr 2024
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    Au 1er janvier 2024, 21.866 patients étaient inscrits sur la liste nationale d’attente pour une greffe d’organes, dont 11.422 patients en liste d’attente active, c’est-à-dire immédiatement éligibles à une greffe d'organe, selon les données de l’Agence de la biomédecine. Certains ne recevront jamais l’organe attendu : en 2023, 823 patients sur liste d’attente sont décédés, un chiffre 22,6 % inférieur à celui de 2022.

    L’Agence de la biomédecine remercie, comme chaque année, les équipes hospitalières pour leur forte mobilisation et leur capacité d’adaptation pour permettre la croissance de cette activité qui relève à la fois d’une prouesse médicale et logistique, salue dans un communiqué Marine Jeantet, directrice générale de l’Agence de la biomédecine. Pour qu’un malade puisse recevoir une greffe et continuer à vivre, cela nécessite une coordination extraordinaire, qui réussit 15 fois par jour : cela débute par l’abord des proches du défunt, l’identification des patients receveurs compatibles, le prélèvement et le transport de chaque greffon vers sa destination puis enfin, la greffe des patients receveurs. Au milieu de la vie de tous les jours, des convois pas comme les autres transportent un organe destiné à sauver une vie, parfois un jeune enfant, parfois une personne plus âgée. Il n’y a pas d’âge pour recevoir un organe comme il n’y a pas d’âge pour les donner, nous sommes tous concernés, tous donneurs, tous receveurs.

    Comment se déroule la phase précédant le prélèvement ?

    En France, chaque citoyen est présumé avoir consenti au don de ses organes et tissus, sauf en cas d’inscription au registre national des refus. Ce prélèvement ne peut être effectué qu’à des fins thérapeutiques ou scientifiques.

    Dans un premier temps, l’équipe médicale (autre que celle en charge des greffes), constate la mort clinique du patient. Le décès est annoncé aux proches, et si le patient ne fait pas partie du registre national des refus au don, l’équipe informe également les proches d’un éventuel prélèvement d’organes et de tissus. Lors de cet entretien, les proches peuvent signaler l’expression, lors du vivant de la personne, d’une opposition au prélèvement de tout ou d’une partie de ses organes et tissus. À la suite de cette discussion, les proches peuvent voir une dernière fois le corps maintenu artificiellement en état de fonctionner avant le prélèvement.

    Comment se fait le prélèvement d’organes sur le défunt ?

    Le prélèvement s’effectue ensuite au bloc opératoire par des médecins chirurgiens spécialisés et dans les mêmes conditions que pour une personne vivante. Les organes et tissus prélevés sont placés dans des glacières hermétiques où la température ne dépasse pas les 4°C. Chaque greffon prend ensuite la route vers l’hôpital où le receveur attend : il faut aller vite car les organes ne peuvent pas être préservés très longtemps. Selon leur état, “il ne faut pas dépasser 3 à 4 heures pour un cœur, 6 heures en moyenne pour un foie, 6 à 8 heures pour un poumon, 24 à 36 heures pour un rein”.

    Dans quel état se retrouve le corps après le prélèvement ?

    Chaque médecin effectuant un prélèvement d’organe doit assurer la meilleure restauration possible du corps. “Les incisions sont refermées par des points et recouvertes par des pansements, comme dans toute opération chirurgicale, indique l’Agence de biomédecine. Les cornées prélevées sont remplacées par des lentilles transparentes.” Après l’opération, le corps est habillé avec ses vêtements et est rendu à la famille pour les obsèques.

    Les mineurs décédés sont-ils aussi donneurs ?

    Pour le don d’organe pédiatrique, il faut le consentement explicite des deux titulaires de l’autorité parentale. Il y a quelques mois, l’Agence de biomédecine alertait sur la forte baisse de ces dons dernièrement : “Le taux d’opposition pédiatrique atteint 47 % en 2023, contre 30 % en 2011. Ce taux reste supérieur au taux d’opposition moyen observé chez l’adulte (36 % en 2023).” Faute de greffon compatible en 2023, 18 enfants sont décédés.

    Don d’organes et religions : quelles sont les positions ?

    Le don d’organes n’est pas incompatible avec de nombreuses religions. “Les représentants des grandes religions monothéistes - christianisme, judaïsme et islam - se sont prononcés en faveur du don d’organes et de tissus après la mort, précise l’Agence de biomédecine. Selon eux, la vie humaine est primordiale.” La religion bouddhiste est également en accord avec le don, qui est en lui-même, l’un des fondements de la pratique, tout comme le sikhisme. Concernant l'hindouisme, il semblerait qu’il n’y ait pas de règle spécifique.

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