Journée Mondiale de la santé et de la sécurité au travail

Santé au travail : l'exposition aux produits chimiques sous-estimée

Selon une enquête, en France, près de 1 salarié sur 3 déclare avoir été exposé à au moins un produit chimique. Il existe plus de 84 millions de substances chimiques recensées aujourd'hui.

  • Par Julien Prioux
  • JOBARD/SIPA
  • 28 Avr 2014
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    Quelles politiques de prévention pour l’utilisation des produits chimiques au travail ? C'est le thème de la Journée mondiale de la santé et de la sécurité au travail organisée ce lundi 28 avril par le Bureau International du Travail (BIT) en collaboration avec l’Institut National de Recherche et de Sécurité (INRS). Et le constat fait par les experts de la santé au travail est loin d'être rassurant.

    Selon la dernière enquête Sumer (1) publiée en 2010, en France près de 1 salarié sur 3 déclare avoir été exposé à au moins un produit chimique. Il existe plus de 84 millions de substances chimiques recensées aujourd’hui. Pour ses activités, l’homme en utilise plusieurs dizaines de milliers et les combinaisons entre ces différentes substances sont pratiquement infinies. « La journée mondiale de la santé et de la sécurité au travail est l’occasion de donner un coup de projecteur sur cette problématique des risques liés à l’utilisation des produits chimiques », confient les différents acteurs de cette quatrième édition.


    Tous les milieux professionnels sont touchés
    D'après le rapport 2014 du BIT paru à cette occasion, il n’existe aucun moyen fiable de déterminer précisément la quantité de produits chimiques utilisés ni le nombre de travailleurs exposés à ces produits dans le monde. Par ailleurs, cette agence spécialisée de l'ONU souligne que même si on associe d’emblée les produits chimiques aux complexes industriels (raffineries pétrochimiques, chantiers de construction...), « tous les secteurs, et quasiment tous les lieux de travail ont recours aux produits chimiques, et de fait, de nombreuses catégories de travailleurs sont potentiellement exposées. » Par conséquent, les produits chimiques posent un problème potentiel dans tous les types d’emploi. Et bien que chaque cas particulier nécessite une réponse variable selon le degré d’exposition et les quantités de produits manipulés, « aucun secteur ne peut se passer d’adopter une approche de prévention et de contrôle des substances dangereuses », précise le BIT.

    Ces dernières années, le Bureau rapporte qu'une inquiétude croissante s’est exprimée au sujet des produits chimiques utilisés dans les salons de coiffure et de manucure (méthacrylate de méthyle...). Beaucoup de ces produits sont dangereux, notamment parce qu’ils sont utilisés en dehors de toute mesure de protection ou de prévention adéquate comme la ventilation, les équipements de protection ou la formation du personnel. Dans ces lieux, les consommateurs sont aussi exposés mais ces expositions sont ponctuelles et de courte durée, à la différence des travailleurs qui y sont exposés quotidiennement et toute la journée.
    En outre, même dans les bureaux, le personnel est exposé aux particules de toner et autres produits similaires, ou peut être affecté à des tâches d’impression ou à d’autres opérations qui les exposent davantage aux produits chimiques. Enfin, le personnel de nettoyage et d’entretien dans les immeubles de bureaux est lui aussi exposé à des substances chimiques. 

    Les conséquences de l’exposition à des produits chimiques pour la santé des travailleurs 
    Et les conséquences de ces expositions sont loin d'être anodines pour la santé de l'homme. Les effets aigus de l’exposition à des produits chimiques, tels que l’empoisonnement ou le décès après une seule exposition, sont parfaitement documentés comparativement à ceux causés par des expositions mineures et répétées sur la durée, en raison des symptômes immédiats associés. Résultat, le manque d’information sur les conséquences d’une exposition à des produits chimiques (à long terme et petites doses) a longtemps empêché de faire le lien entre ce type d’exposition et un cancer qui se déclare 20 ans plus tard.

    Enfin, le coût des maladies professionnelles dues à des expositions aux produits chimiques est considérable. L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a diffusé une note sur la charge de morbidité imputable aux produits chimiques à l’échelle mondiale en septembre 2012. Les résultats de ces travaux montrent qu’au niveau mondial, 4,9 millions de morts sont chaque année directement imputables à l’exposition environnementale et à la gestion des produits chimiques. 



    (1) Comme les précédentes (1987, 1994 et 2003), l’enquête Sumer 2010 a été réalisée par la Dares et la Direction générale du travail (DGT)-Inspection médicale du travail. Conçue selon la même méthodologie que les enquêtes de 1994 et de 2003, elle permet de mesurer l’évolution des expositions professionnelles des salariés.

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