Urologie
Cancer de la prostate : la micro-ultrasonographie en alternative à l’IRM dans le diagnostic
La biopsie prostatique guidée par micro-ultrasonographie (microUS) serait équivalente à celle guidée par association IRM/échographie conventionnelle, offrant une alternative prometteuse, notamment en cas d’accès limité à l’IRM.

- Shidlovski/istock
Le diagnostic initial du cancer de la prostate repose sur la biopsie, au mieux guidée par IRM multiparamétrique. Toutefois, celle-ci présente des limites d’accessibilité et de précision dues à des erreurs de repérage. La micro-échographie est une technologie d’imagerie médicale de haute résolution, récemment introduite dans la détection du cancer de la prostate. Elle utilise une sonde à ultra-haute fréquence (29 MHz), contre 7–12 MHz pour l’échographie transrectale standard. Cette fréquence plus élevée permet une résolution spatiale jusqu’à 70 microns, offrant une imagerie en temps réel des détails fins de la structure prostatique.
Une étude internationale randomisée a été mise en place pour déterminer si la biopsie guidée par microUS, serait non inférieure à la biopsie par association IRM/échographie conventionnelle dans la détection du cancer prostatique cliniquement significatif (Gleason ≥2).
Selon les résultats publiés dans le JAMA, sur 678 hommes biopsiés, la détection des cancers de grade ≥2 par microUS avec des radiologues entraînés serait de 47,1% contre 42,6% pour l’IRM classique (différence : 3,52% ; IC à 95% : -3,95 à 10,92 ; p<0,001 pour non-infériorité), confirmant ainsi la non-infériorité de la microUS.
Meilleure précision de l’association microUS/IRM
Concernant les critères secondaires, l’association microUS/IRM se montre également non-inférieure à l’IRM classique (46,9% contre 42,6%, différence 4,29% ; IC à 95% : -4,06 à 12,63% ; p<0,001). Les biopsies ciblées seules ont détecté 38,0% des cancers significatifs par microUS seul, 34,1% par IRM classique, et 40,3% avec l’association microUS/IRM, sans différence significative. La détection des cancers non significatifs (Gleason 1) ou bénins est similaire entre les techniques.
Concernant la tolérance, l’approche par microUS limite les risques liés à l’utilisation du gadolinium requis pour l’IRM et simplifie la procédure à un seul acte, réduisant potentiellement anxiété et coûts.
Un essai multicentrique international randomisé
Cette étude est issue d’un essai multicentrique international randomisé incluant 802 hommes naïfs de biopsie, âgés en médiane de 65 ans (PSA médian : 6,9 ng/mL). Les patients ont été répartis aléatoirement entre trois groupes : biopsie guidée par microUS (n=121), biopsie guidée par association IRM/échographie conventionnelle (n=331), et biopsie combinée microUS/IRM (n=226). Tous ont également bénéficié d’une biopsie systématique complémentaire. Les résultats sont représentatifs, compte tenu des précautions prises pour la formation des investigateurs à la microUS (certification avancée ou expert), limitant les biais liés à la courbe d’apprentissage.
Selon les auteurs, ces résultats suggèrent que la microUS pourrait remplacer avantageusement l’IRM en première intention dans certains contextes, notamment lorsque l’accès à l’IRM est limité ou contre-indiqué. Ils ouvrent également la voie à une évolution potentielle des stratégies diagnostiques et suggèrent que de futures études pourraient clarifier le nombre optimal de prélèvements ciblés nécessaires pour maximiser la détection de cancers cliniquement significatifs, ainsi que l’intérêt d’éventuelles signatures radiogénomiques spécifiques aux lésions visibles uniquement en microUS ou en IRM.