Onco-dermato

Mélanome : les fumeurs plus à risque de complications chirurgicales et médicales

Paradoxalement, le risque de développer un mélanome chez les fumeurs est moins important que chez les non-fumeurs. Toutefois, une méta-analyse a mis en avant les effets négatifs du tabac sur l’évolution du mélanome.

  • Amparo Garcia/iStock
  • 27 Fév 2025
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    De nombreuses études ont montré que, paradoxalement, l’incidence du mélanome est inférieure à celle des non-fumeurs. En revanche, les risque de complications, de récidive et de décès semblent être plus élevés chez les fumeurs.

    Pour confirmer cela, une revue systématique a analysé les résultats de survie en comparant les données de plusieurs études et en tenant compte du fait d’être fumeur ou non-fumeur.

    Une méta-analyse à partir de bases de données internationales

    Cette revue systématique et méta-analyse a été effectuée à partie des bases de données issues de Medline, Embase et Cochrane jusque fin novembre 2024, en utilisant les termes « mélanome » et « fumeur ». Les résultats retenus de ces études comprenaient la gravité de la maladie au moment du diagnostic, le risque de décès ou les effets indésirables du traitement chez les fumeurs et les non-fumeurs atteints de mélanome. Aucune restriction concernant la conception de l'étude ou la langue n'a été imposée. Le risque de biais a été évalué à l'aide de l'outil de Newcastle-Ottawa.

    Quarante-six études portant sur 164 166 patients atteints de mélanome ont été répertoriées, dont 70 766 fumeurs. Les rapports de risque (HR) individuels regroupés à partir d'analyses multivariables ont montré que la mortalité due au mélanome était 33 % plus élevée chez les fumeurs actuels que chez les non-fumeurs (HR 1,33, IC à 95 % 1,14-1,55, p = 0,0002, 13 971+ patients), avec une hétérogénéité limitée (I2 11 %). Mais, les anciens fumeurs et les personnes n'ayant jamais fumé présentaient des taux de décès par mélanome très similaires (HR 1,04, 95 % CI 0,94-1,14, p = 0,52, 16 307+ patients) avec une hétérogénéité modérée (I2 63 %).

    Les fumeurs actuels présentaient un risque plus élevé de positivité du ganglion sentinelle que les non-fumeurs (HR 1,35 IC à 95 % 1,13, 1,62, p = 0,001, 5163 patients). Les fumeurs de longue date présentaient un risque plus élevé de complications liées à la biopsie du ganglion sentinelle (rapport de cotes (OR) 2,0, IC à 95 % 1,41-2,85, p = 0,0001, 3 745 patients) et à la dissection des ganglions lymphatiques (OR 1,7, IC à 95 % 1,23-2,20, p = 0,0007, 4 596 patients) que les non-fumeurs.

    Des fumeurs plus à risque dans l’évolution du mélanome

    Cette analyse montre que les fumeurs actuels ont plus de risques de décéder de leur mélanome que ceux n’ayant jamais fumé. Tandis que les anciens fumeurs ont un risque similaire à ceux n’ayant jamais fumé. Les fumeurs ont un risque de positivité du ganglion sentinelle supérieur et de complications post-chirurgie.

    Les limites des études comprennent surtout la dépendance à l'égard de l'auto-déclaration du statut tabagique. Dans 7 études seulement, les patients ont reçu des traitements systémiques récents limitant la possibilité d'évaluer leur efficacité relative chez les fumeurs et les non-fumeurs. 

    Les chercheurs confirment que ces résultats soulignent l'importance de recueillir des données sur le statut tabagique (y compris l'utilisation de l'e-cigarette et de la marijuana) à plusieurs moments, ainsi que sur la quantité fumée et les dates de début et d'arrêt, à la fois dans les soins cliniques de routine et dans les essais cliniques. L’arrêt du tabac est nécessaire pour une traitement optimal du mélanome.

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    JDF

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